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«La Mauritanie est toujours prête à jouer un rôle majeur dans le rétablissement de la cohésion entre les pays» du Maghreb, a en effet souligné le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani dans un entretien avec la revue libanaise «Iqtissad wal Al Aamal». Et le président mauritanien de lancer, amèrement, cette assertion : « «Il est inconcevable combien les peuples de la région payent l’échec d’une union maghrébine forte, efficace et intégrée», tout en exprimant «sa profonde préoccupation face aux facteurs de tension qui apparaissent de temps à autre au Maghreb».
Les commentateurs politiques interprètent les propos de Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani dans cet entretien à propos du rétablissement de la cohésion entre les pays comme une tentative de médiation entre Rabat et Alger. Cette dernière, faut-il le rappeler, a rompu unilatéralement ses relations avec le Maroc le 24 août dernier, alléguant de raisons pour le moins farfelues telles qu’un supposé soutien du Maroc au MAK (Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie), les déclarations du ministre israélien des Affaires étrangères lors de sa visite au Maroc et l’affaire douteuse d'espionnage Pegasus.
Ce n’est pas la première fois que les autorités mauritaniennes tentent une médiation entre les deux voisins maghrébins. En effet, en août dernier, soit quelques jours après la décision malencontreuse des caciques du régime militaire algérien, le ministre mauritanien des Affaires étrangères, Ismail Ould Cheikh Ahmed, a abordé la situation du Maghreb, et ce lors de deux entretiens téléphoniques séparés le 30 août, avec ses homologues marocain Nasser Bourita et algérien Ramtane Lamamra.
«Nous sommes préoccupés par la situation actuelle et ne voulons pas qu’elle se détériore davantage. Tout ce qui touche les peuples du Maghreb touche la Mauritanie », a affirmé en substance Ismail Ould Cheikh Ahmed, tout en soulignant que « nous sommes sûrs que quelles que soient les crises et peu importe ce qu’elles atteignent, il y aura une solution».

Moussaoui Ajlaoui«Les propos des responsables mauritaniens sont avant tout des déclarations de bonnes intentions», tient à préciser Moussaoui Ajlaoui, expert associé à Ames-Center. Et d’ajouter dans une déclaration à Libé : « Je ne pense pas que la Mauritanie soit capable de jouer le rôle de médiateur dans ce dossier», car «la Mauritanie fait partie intégrante du conflit régional du Sahara».
Je ne pense pas que la Mauritanie soit capable de jouer le rôle de médiateur, car elle fait partie intégrante du conflit régional du Sahara
Par ailleurs, le Maroc ne serait pas enthousiasmé par la médiation mauritanienne entre lui et l'Algérie. «Quand l’ex-ministre algérien des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, avait effectué il y a plus d'un an et demi une visite à Nouakchott, Ismail Ould Cheikh Ahmed était censé visiter le Maroc, mais cette visite a été reportée pour ne pas laisser entendre qu'il y avait une médiation mauritanienne entre Rabat et Alger», avance Moussaoui Ajlaoui.
«Par contre, Madrid a toutes les capacités diplomatiques pour jouer un rôle de médiateur, mais le Maroc a des réserves fondées sur la politique étrangère espagnole», ajoute le chercheur marocain, spécialiste des affaires africaines, citant à ce propos le dernier communiqué du ministère marocain de la Santé critiquant les autorités espagnoles qui « ne surveillent pas l’état de santé des voyageurs de la manière requise, c’est-à-dire strictement, pendant le processus d’embarquement dans les aéroports espagnols». Raison pour laquelle, le ministère de la Santé a fait le choix du Portugal au lieu de l’Espagne comme point de départ en Europe pour effectuer le rapatriement vers le Royaume des Marocains bloqués à l’étranger.
Selon Moussaoui Ajlaoui, «ce communiqué, malgré sa teneur relative à la situation sanitaire, est un message politique au gouvernement espagnol selon lequel le Maroc attend toujours des signaux politiques de la part de ce gouvernement et des positions claires et renouvelées qui soient en phase avec la nouvelle conjoncture géopolitique dans la région».
Il y a lieu de signaler que quelques pays du Golfe ont tenté la médiation entre les deux pays, notamment l’Arabie Saoudite et le Koweït, mais sans succès.
«Les Etats du Golfe sont fermes dans leurs positions en ce qui concerne l'intégrité territoriale du Royaume. Pour cela, les Algériens sont sceptiques à toute médiation proposée par ces pays», met en avant Moussaoui Ajlaoui, tout en soulignant que la France, non plus, ne pourrait pour le moment tenter une médiation entre les deux pays maghrébins, compte tenu du contexte de l’élection présidentielle qui se tiendra prochainement «le dossier algérien étant fortement présent dans la campagne électorale».
Le seul pays qui a tout les atouts et tous les moyens pour mener à bien une telle médiation, c’est les Etats-Unis d’Amérique. «Les responsables algériens s’obstinent à refuser toute médiation pour régler la crise diplomatique entre leur pays et le Maroc. Mais Alger ne pourrait refuser en aucun cas une médiation des Etats-Unis. A preuve, le régime algérien a attaqué le Maroc et la France après l’adoption de la dernière résolution 2602 du Conseil de sécurité, mais il n’a jamais osé critiquer les Etats-Unis qui sont le porte-plume de ladite résolution, parfaite traduction de la déclaration de Trump reconnaissant la souveraineté du Maroc sur son Sahara», conclut Moussaoui Ajlaoui.
Mourad Tabet