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Les prix des légumes et des poissons atteignent des sommets inégalés

Caprices de la météo
et laisser-faire des pouvoirs publics se liguent contre
le panier de la ménagère


Hassan Bentaleb
Lundi 7 Janvier 2013

Les prix des légumes et des poissons  atteignent des  sommets inégalés
Les prix des légumes et poissons  poursuivent leur ascension. Il ne se passe pas une semaine sans que de nouveaux records ne soient enregistrés. La semaine dernière, les haricots verts  ont atteint leur prix le plus haut depuis quelques mois. Les sardines ont également progressé vers des niveaux jamais atteints depuis quelques mois.
«Ce phénomène dure depuis plus de trois semaines et concerne non seulement un produit mais la presque totalité des légumes et poissons les plus consommés», nous a indiqué M. Bouchaib, marchand  de légumes en détail,  en ajoutant que la hausse a frôlé, en moyenne, les 50% voire plus pour certains produits qui ont vu leurs prix tripler.
A titre d’exemple, le kilo de fèves  est désormais vendu, sur les marchés de détail casablancais, à 8 DH.  Celui des carottes, des tomates et des pommes de terre est de 4 DH/kg.  Quant aux  petits pois, leur prix s’est hissé à  10 DH le kg.  Idem pour les haricots verts  qui coûtent désormais 16 DH le kilo.
Concernant les piments verts, les aubergines et les courgettes, ils se vendent respectivement à  8 DH/ kg, 6 DH/kg et 8 DH/kg.
C’est le cas également à Safi où le kilo de tomates se vend entre 8 et 10 DH, les oignions à 7 DH/kg, les pommes de terre entre 5 et 6 DH/kg et les carottes et navets 4 DH/kg.
Comment peut-on expliquer cette flambée des prix? «L’absence des précipitations et le froid qui persistent depuis des semaines n’arrangent pas les producteurs de légumes. La terre est dure et même les serres ne suffisent plus à protéger certaines variétés », nous a déclaré Atifi Baydoune, agriculteur à Safi.
Un constat que partage largement Moustafa Sijam, maraîcher à El Jadida qui estime que d’autres facteurs s’ajoutent aux caprices de la météo. Selon lui, la hausse des prix trouve son explication dans l’augmentation des prix des semences. «Ces dernières sont de plus en plus rares sur le marché et leurs prix ont atteint des niveaux exorbitants à cause de certains spéculateurs», nous a-t-il confié.  A ce propos, il nous a indiqué que les semences des pommes de terre coûtent aujourd’hui  7,5 à 10 DH et qu’elles sont appelées à atteindre les 13 DH dans les jours qui viennent.  
Notre source ne s’arrête pas là. Elle pense qu’un autre phénomène pourra expliquer ces hausses des prix.  Elle fait allusion aux mauvaises habitudes de certains producteurs qui ne cultivent que les légumes qui rapportent gros et abandonnent ceux qui sont peu demandés sur le marché. Ce qui crée, selon lui, un déséquilibre entre l’offre et la demande. «De plus en plus de producteurs s’adonnent à la production des tomates ou des pommes de terre estimant qu’elles sont plus rentables; ce qui entraîne la rareté et la flambée des prix »,  nous a-t-il expliqué avant d’ajouter que l’Etat est également responsable de cette situation puisqu’il ne procède pas, via les directions provinciales du ministère de l’Agriculture, à une planification rationnelle des zones de production. « Le laisser-faire de l’Etat participe largement à l’anarchie qui touche les prix puisque chaque agriculteur produit selon son gré et non en fonction des besoins du marché », a-t-il conclu.   
Et comme un malheur n’arrive jamais seul,  les prix des poissons ont également pris l’ascenseur.  Ils sont devenus presque inabordables.  En effet et jusqu’au 5 janvier, au marché de gros de la capitale économique, une caisse de 20 kg de sardines coûtait entre 150 à 200 DH contre 50 et 60 DH auparavant, celle des soles s’écoulait entre 400 à 700 DH, celle du pageot 180 DH et celle des crevettes 700 DH.
Quant au kg de calamars, il a été cédé à 80 DH, la corbine l’a été à 45 DH, le merlan à 50 DH et le poisson-chat à 20 DH.
La cause ? Pour certains, c’est le mauvais temps qui a poussé plusieurs raïs à renoncer à lever l'ancre et, du coup, les sorties en mer durant cette période sont en diminution. Pour d’autres,  c’est la rareté du poisson qui s'impose comme une pénible évidence conjuguée au phénomène de la spéculation et des intermédiaires.  
Pourtant, quelle que soit la pertinence des réponses des uns et des autres,  cette situation suscite certaines interrogations concernant notamment l’action du ministère des Affaires générales et de la Gouvernance. En effet, nombreux sont les observateurs qui se demandent à quoi sert le système de contrôle et de suivi des prix mis en place par ce département et qui est censé aider à la prise de décisions en matière des prix  et à quoi sert également le système de veille stratégique des marchés opéré par le même ministère à travers un suivi quotidien des prix de gros et de détail des produits de grande consommation ainsi que l’indice des prix à la consommation calculé par les services du Haut commissariat au plan. Et last but not least,  les mêmes observateurs se demandent quels sont l’impact et les effets des opérations de contrôle effectuées par une commission relevant des services des ministères de l’Intérieur et de l’Industrie ainsi que de l’ONSSA au niveau national, au titre de la loi 06-99 sur la liberté des prix et de la concurrence. Des questions qui n’auront pas probablement de réponses immédiates puisque Mohamed Najib Boulif, ministre de tutelle, a actuellement d’autres chats à fouetter. 


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