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Les principaux coupables démasqués

Pollution de l’air en Afrique


Hassan Bentaleb
Vendredi 5 Avril 2024

Les centrales électriques à combustibles fossiles, les fonderies et les infrastructures de production de pétrole et de gaz désignées par Greenpeace

Les principaux coupables démasqués
Quels sont les plus grands émetteurs de polluants atmosphériques et les principales sources de pollution atmosphérique en Afrique ?  « Ce sont les centrales électriques à combustibles fossiles, les fonderies et les infrastructures de production de pétrole et de gaz », révèle Greenpeace dans son dernier rapport intitulé : « Pollution de l’air en Afrique : les principaux coupables démasqués ».
 
Pollution par particules fines
 
Selon ce document, « la pollution de l’air, en particulier la pollution par particules fines (PM), est le deuxième facteur de risque de décès après la malnutrition en Afrique subsaharienne, et le premier facteur de risque environnemental de décès en Afrique du Nord, représentant un risque plus important que l’eau insalubre, le manque d’assainissement et d’hygiène ».

Les concentrations moyennes de PM2,5 dans l’air ambiant en Afrique, explique le rapport dépassent souvent les directives de l’OMS.  « Le rapport 2023, qui utilise les données les plus récentes de la période 2010-2019, révèle que seuls 3% des établissements, villes et agglomérations évalués dans la région africaine ont une qualité de l’air suffisamment bonne pour respecter la recommandation moyenne annuelle pour les particules », précise Greenpeace. Et d’ajouter : « Aucune localité, ville ou village n’était en dessous de cette ligne directrice dans la région de la Méditerranée orientale.  Dans les régions de l’Afrique et de la Méditerranée orientale, 0 % et 2 % des localités, villes ou agglomérations étaient en dessous de la recommandation annuelle pour le dioxyde d'azote (NO2) ».
 
Pollution par dioxyde de soufre
 
Qu’en est-il des principaux points de ces émissions ? Le document indique que « sur les 10 principaux points chauds d’émission de dioxyde de soufre (SO2) en Afrique, quatre se trouvent en Afrique du Sud. Ces points chauds sont alignés sur les centrales électriques au charbon appartenant à Eskom Holdings SOC Ltd, un service public dont le gouvernement sud-africain est l’unique actionnaire. Deux se trouvent en Egypte, deux au Maroc, et le Mali et le Zimbabwe ont chacun un hotspot. En Afrique du Nord, le catalogue comprend des points chauds alignés sur des sources en Égypte, en Libye, au Maroc et en Tunisie », révèle-t-il. Et de préciser : « En Egypte, ils sont associés à la centrale électrique de Shoubra El Kheima, à la centrale thermique de Suez, à l’industrie, notamment aux centrales électriques et sidérurgiques d’El-Tebeen et à la centrale électrique d’Asyut El Waleedeya. En Libye et au Maroc, les points chauds sont associés aux centrales électriques de Tripoli, Mohammedia, Jorf Lasfar et Safi ».

En outre, le rapport souligne qu’en Afrique du Nord, les émissions identifiées par Fioletove et al (2023) ne montrent pas de tendances claires à long terme. « Sur les quatre sources répertoriées en Egypte, trois d’entre elles - à savoir la centrale électrique de Shoubrah El-Kheima, l’usine sidérurgique d’El-Tebeen et la centrale électrique de Suez - ont connu une augmentation considérable des émissions de SO2 de 63%, 4% et 20%, respectivement, en 2022 par rapport aux données de 2021. Une centrale électrique à Tripoli, en Libye, a également augmenté ses émissions de 24%. En revanche, la centrale électrique d’Asyut El Waleedeya a vu ses émissions de SO2 diminuer de 28%. L’année dernière, au Maroc, deux points chauds de SO2 ont connu une baisse. La centrale électrique de Safi a enregistré une baisse substantielle de 67%, et la centrale thermique de Jorf Lasfar (JLEC) a vu ses émissions de SO2 diminuer de 19% par rapport aux données de 2021. Toutefois, la centrale électrique au charbon de Mohammedia a enregistré une augmentation de 54% des émissions de SO2 au cours de la même période ».

Greenpeace note que le Maroc abrite également la centrale électrique au charbon de Safi. « Greenpeace Asie du Sud-Est a précédemment estimé que la pollution atmosphérique de la centrale pourrait contribuer à 30 à 88 décès prématurés par an », révèle ledit document.
 
Perspectives alarmantes
 
Les travaux sur les sources des émissions ont mis en évidence de grandes différences dans la région, souligne le document, la poussière contribuant le plus aux PM2,5 en Egypte, tandis qu’au Maroc, près de 53% des PM2,5 ambiantes ont été attribuées aux industries, 35% à la poussière et 13% à la circulation.

Toutefois, en Afrique du Nord, le secteur qui contribue le plus aux émissions de NOx, de composé organique volatil non méthanique (COVNM) et de SO2 dans la base de données CEDS, reste celui de l’énergie.
La combustion résidentielle (à l’exclusion des déchets) émet le plus de BC. La Banque mondiale signale que l’Algérie et la Libye figurent parmi les 10 premiers pays au monde pour le torchage du pétrole et du gaz; ces torchères sont susceptibles de contribuer aux émissions du secteur de l’énergie dans cette région.

L’inventaire du ministère marocain de l’Environnement, des Mines et de l’Energie durable attribue la plupart des émissions de PM2,5 aux sources résidentielles, suivies par les sources routières. Comme dans la base de données CEDS_GBD-MAPS, il identifie le transport routier comme une source importante d’émissions de COVNM.

En conclusion, Greenpeace estime que « la pollution de l’air extérieur en Afrique devrait s’aggraver si des interventions rapides ne sont pas mises en place. Selon les projections du Programme des Nations unies pour l’environnement, le nombre annuel de décès prématurés liés à la pollution de l’air extérieur passera de 930.000 en 2030 à 1,6 million en 2063. La croissance économique, la croissance démographique, l’urbanisation sauvage et l’absence de réglementations environnementales pourraient exacerber les effets sur l’environnement et la santé humaine. Les réglementations environnementales, notamment en matière de qualité de l’air et d’émissions, ainsi qu’un meilleur accès à des énergies propres et renouvelables, pourraient contribuer à réduire les inégalités et à améliorer le bien-être des populations vivant en Afrique ».

Hassan Bentaleb


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