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Selon la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH), plus de 1.400 migrants ont été ainsi arrêtés sur décision du wali d'Alger dans plusieurs quartiers de la ville. Des enfants, des femmes enceintes, des personnes malades, des demandeurs d’asile et des réfugiés figurent parmi les personnes appréhendées et mises en détention dans «des conditions de vie désastreuses et indignes » dans le centre d’estivage à Zeralda, établissement mis sous surveillance de la gendarmerie et dirigé par les éléments du Croissant-Rouge algérien.
Ces informations ont été confirmées par le Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap) qui a indiqué que les éléments de la gendarmerie et la police nationales ont procédé jeudi soir à l’arrestation de plusieurs personnes noires, toutes nationalités, situations administratives et lieu de résidence confondus. A ce propos, ledit syndicat a rapporté le cas de Valérie, une Camerounaise arrêtée en allant chercher son enfant scolarisé dans une école publique et d’Hélène, appréhendée et maltraitée alors qu’elle était enceinte de plusieurs mois.
Pour le Snapap, ces opérations impromptues ont été menées à la veille de l’ouverture du Forum africain d’investissements et d’affaires où plus de 800 hommes d’affaires africains et une centaine de représentants de gouvernements étaient attendus.
Un communiqué de Snapap a précisé, par ailleurs, qu’une grande partie des migrants incarcérés à Zeralda ont passé la nuit à la belle étoile dans le froid et la faim, et ce du jeudi jusqu’au vendredi soir.
Ces migrants auraient été victimes durant la nuit de vendredi de maltraitance suite à leur refus de monter dans la trentaine d’autocars affrétés pour leur refoulement vers le Sud du pays. Certaines sources ont même évoqué le décès d’une migrante suite à ses blessures.
Les migrants subsahariens installés ou en transit en Tunisie n’ont pas été épargnés non plus. Selon le site Le Courrier de l’Atlas, une dizaine de personnes ont été déposées discrètement par la police tunisienne du côté algérien de la frontière dans la nuit de mercredi à jeudi. Il s’agit de personnes originaires de Côte d’Ivoire, du Cameroun et de Somalie, dont une femme en situation administrative régulière.
Selon la même source, lesdits migrants, dont une Ivoirienne enceinte, ont été conduits à la frontière algérienne le 1er décembre vers 2h00 du matin, séparés en petits groupes et emmenés à travers la forêt jusqu’à un village algérien. « Les déportés sont restés injoignables durant toute la journée du jeudi, suscitant une vive inquiétude en raison du mauvais climat dans cette région. Ils ont cependant pu reprendre contact avec leurs proches en Tunisie vendredi matin », rapporte le site.
Comment peut-on expliquer cette chasse aux migrants ? « Peut-être qu’il y a un nouveau compromis entre l’UE et l’Algérie. Rien n’est sûr mais l’arrestation récente de 16 personnes qui tentaient de rejoindre l’Europe par Zzdiacs laisse penser qu’il y a des pourparlers entre Alger et Bruxelles », nous a déclaré Hassan Ammari, chercheur en migration et asile. Une explication qui reste plausible pour Tunis qui a entamé, en octobre dernier, des négociations en vue de conclure un accord de réadmission avec l’Union européenne prévoyant «l’expulsion vers la Tunisie de ressortissants de pays tiers».
Ces campagnes d’arrestations et de refoulements risquent-elles de provoquer des flux de migrants vers le Maroc ? « Il est encore trop tôt de répondre à cette question vu que la situation n’est pas claire en Algérie et que l’on manque d’informations sur les intentions des responsables de ce pays sur le sort qu’ils comptent réserver à ces migrants. Seront-ils conduits vers la frontière sud algérienne ou vers le Royaume ? Personne ne le sait », a-t-il conclu.