Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager

Les migrants irréguliers marocains au Top 4 des nationalités les plus représentées aux Balkans

Une route migratoire parsemée de dangers, d’exploitation et de violence


Libé
Dimanche 16 Mai 2021

Les migrants irréguliers marocains au Top 4 des nationalités les plus représentées aux Balkans
Les migrants irréguliers marocains figurent au Top 4 des nationalités de migrants et demandeurs d’asile les plus représentées en Albanie. Ils arrivent également en première place en Monténégro et en Bosnie-Herzégovine, a révélé un rapport du Global Initiative Against Transnational Organized Crime (GI-TOC) publié le 10 mai courant. Il indique, en rapportant des chiffres du HCR, que l’année 2020 a enregistré 11.971 migrants et demandeurs d'asile en Albanie (Marocains, Syriens, Afghans, Irakiens) et 16.211 en Bosnie-Herzégovine (Marocains, Pakistanais, Afghans et Bangladeshis). Au Monténégro, leur nombre a atteint 2.898 cas (Marocains, Afghans, Iraniens et Algériens).

Ledit rapport précise, cependant, que les ressortissants d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient constituent la majorité des demandeurs d'asile et des migrants qui se déplacent à travers les Balkans occidentaux. Cette majorité est souvent issue de Syrie, d'Afghanistan, du Pakistan, d'Iran, d'Irak et du Maroc. Des demandeurs d'asile et des migrants ont également été signalés en provenance d'Algérie, d’Ethiopie et d’Erythrée.

La plupart de ces personnes sont de jeunes hommes âgés de 15 à 30 ans. Il y a également des femmes et des enfants notamment parmi les demandeurs d'asile. Les formes de trafic humain les plus organisées et les plus lucratives semblent se situer autour des frontières les plus difficiles (Grèce et Macédoine du Nord; Macédoine du Nord et Serbie; Serbie et Hongrie; et Croatie et Bosnie-Herzégovine). Ces frontières clés sont relativement bien protégées et, par conséquent, les plus risquées à traverser, ce qui les rend lucratives pour les passeurs. Les trafiquants actifs dans ces zones sont un mélange d'habitants locaux, certains éléments de la police et des ressortissants des pays d’où les demandeurs d'asile et les migrants sont originaires (comme l'Afghanistan, le Pakistan, le Maroc et la Syrie). Ils correspondent à la description d'un groupe du crime organisé, qui dispose parfois de réseaux criminels transfrontaliers. Certains passeurs sont bien équipés et ont des complices au sein de la police et des gardes frontières. Ces derniers facilitent le passage vers les pays voisins, le long des routes, menant vers les pays de l'UE, comme la Croatie ou la Hongrie. Ils font office de guides au profit de petits groupes d'environ cinq migrants qui se déplacent à pied à travers la forêt jusqu'en Croatie. Il y a des traversées qui s’opèrent via des bateaux et des radeaux à travers les frontières bleues, comme depuis la Serbie et la Bosnie-Herzégovine à travers la Drina et la Sava, ou de Sombor dans le nord de la Serbie à travers le Danube jusqu’en Hongrie.

Pourtant, le coût de ces traversées peut atteindre les 3.000 euros, voire plus selon les services proposés. Par exemple, les migrants paient environ 2500 € pour voyager de Subotica dans le nord de la Serbie jusqu’à une colonie située près de la frontière hongroise où ils sont hébergés dans des fermes et des usines abandonnées avant de s’introduire clandestinement en Hongrie. Pour traverser depuis la Grèce vers l’Albanie, les migrants paient 1000 à 2500 €. Ces prix comprennent les services de transport des régions du sud de Korca et Gjirokastra vers les ports adriatiques de Vlora et Durres ou le nord des villes de Shkodra et Kukes. Même de courts trajets peuvent être relativement chers. Les migrants paieraient environ 700 € par personne pour passer clandestinement de la Grèce ou de la Bulgarie à pied à travers la chaîne de montagnes de Belasica jusqu’à Strumica, dans le sud de la Macédoine du Nord. Les prix varient selon la saison, la taille du groupe et si ses membres ont les moyens de les acquitter.

yens de les acquitter. Ce trafic humain est intrinsèquement dangereux. La menace la plus présente est celle de se faire prendre. Au niveau de certaines frontières, comme celles entre la Bosnie-Herzégovine et la Croatie, la police et les gardes-frontières sont réputés d’être violents vis-à-vis des migrants et n’hésitent pas à les dépouiller de leur argent et de leurs affaires. Le vol est également un risque souvent présent. Selon certains témoignages, «très souvent, les passeurs prennent tout l'argent des réfugiés avant de prendre la fuite sur des routes ou sur des sentiers de montagne pour désorienter les migrants et leur échapper ». Les migrants sont également victimes d'extorsion, d'enlèvement et de chantage. Pis, plusieurs d’entre eux périssent dans des accidents de la route comme ce fut le cas en Macédoine du Nord en 2020 où une voiture transportant 12 migrants s'est écrasée contre un véhicule de police provoquant la mort de deux migrants. Ces derniers peuvent aussi perdre la vie sur les voies ferrées, par contact avec des câbles à haute tension, ou être heurtés par les trains. En 2015, 14 migrants endormis sur les voies ferrées ont été écrasés par un train voyageant de Thessalonique à Belgrade. Des informations font également état de migrants morts noyés en tentant de traverser des rivières. Les femmes, en particulier celles qui voyagent seules, sont vulnérables et sont victimes de viol. « Une enquête sur un cas de migrant de ce trafic humain près de Mostar en Bosnie-Herzégovine, a montré que les passeurs ont utilisé une migrante iranienne accompagnée d’un enfant mineur comme moyen de paiement en nature pour une autre opération de contrebande. Elle a été gardée dans un appartement pendant plusieurs mois et a été forcée de le nettoyer et de préparer de la nourriture pour des dizaines de migrants qui y sont restés temporairement », indique le rapport. En certains lieux, les migrants sont retenus durant leur voyage et exploités dans la mendicité, les petits crimes, le travail forcé et la prostitution.

Souvent, ces crimes ne sont pas signalés par les victimes à la police, aux organisations humanitaires ou à la société civile de peur d'être pris ou séparés de leurs groupes ou par peur de représailles.

Hassan Bentaleb


Lu 1137 fois

Nouveau commentaire :

Votre avis nous intéresse. Cependant, Libé refusera de diffuser toute forme de message haineux, diffamatoire, calomnieux ou attentatoire à l'honneur et à la vie privée.
Seront immédiatement exclus de notre site, tous propos racistes ou xénophobes, menaces, injures ou autres incitations à la violence.
En toutes circonstances, nous vous recommandons respect et courtoisie. Merci.

Dossiers du weekend | Actualité | Spécial élections | Les cancres de la campagne | Libé + Eté | Spécial Eté | Rétrospective 2010 | Monde | Société | Régions | Horizons | Economie | Culture | Sport | Ecume du jour | Entretien | Archives | Vidéo | Expresso | En toute Libé | USFP | People | Editorial | Post Scriptum | Billet | Rebonds | Vu d'ici | Scalpel | Chronique littéraire | Billet | Portrait | Au jour le jour | Edito | Sur le vif | RETROSPECTIVE 2020 | RETROSPECTIVE ECO 2020 | RETROSPECTIVE USFP 2020 | RETROSPECTIVE SPORT 2020 | RETROSPECTIVE CULTURE 2020 | RETROSPECTIVE SOCIETE 2020 | RETROSPECTIVE MONDE 2020 | Videos USFP | Economie_Zoom | Economie_Automobile | TVLibe









L M M J V S D
1 2 3 4 5 6 7
8 9 10 11 12 13 14
15 16 17 18 19 20 21
22 23 24 25 26 27 28
29 30          





Flux RSS
p