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Les gardes indigènes d'Equateur, protecteurs de la forêt amazonienne


Libé
Lundi 19 Septembre 2022

Au coeur de l'Amazonie équatorienne, les cris des gardes indigènes résonnent au son de "Garde, garde!" et "Force, force!". Visages peints et lances à la main, ils se rassemblent pour défendre leurs territoires face à l'exploitation pétrolière et minière, ainsi qu'au braconnage.

Le soleil n'est pas encore levé sur les bords de la rivière Aguarico, dans la communauté de Sinangoe, au nord-est de l'Equateur. Ils sont environ 300 hommes et femmes à se réunir ce dimanche pour la première assemblée de la garde indigène.

Depuis l'aube, ces groupes de volontaires patrouillent dans la forêt. Ils s'assurent qu'aucun chasseur, mineur ou autre chercheur de pétrole ne pénètre dans la jungle.

"La Garde n'est pas un groupe subversif, ce n'est pas un groupe paramilitaire comme ils (les autorités gouvernementales) le disent, nous sommes des protecteurs de notre territoire, des défenseurs de la vie et de la terre", explique à l'AFP Alexandra Narváez.

Les yeux bridés, la peau brune et les cheveux tressés, Alexandra Narváez est membre de la tribu Cofán. Avec Alex Lucitante, autre leader de la communauté, ils ont remporté le prix Goldman pour l'environnement pour leur lutte contre l'exploitation minière dans la région de Sinangoe.

Mais la réunion du jour ne rassemble pas que les Cofán. Ce sont 12 communautés indigènes qui sont venues pour l'occasion. Au programme de la rencontre: affiner leurs tactiques de protection de la forêt.

Les Cofán se reconnaissent à leurs chemises vertes et à la peinture noire dont ils s'enduisent le visage pour représenter des animaux tels que le boa. Les Siekopai, quant à eux, portent des coiffes à plumes et se colorent le nez. Les femmes Waorani se maquillent de peinture rouge autour des yeux.

Leurs lances à la ceinture, les gardes sont en réalité plus modernes qu'ils n'y paraissent. Ils repèrent les intrus dans la forêt à l'aide de GPS et de caméras qu'ils ont eux-mêmes installées, explique Alexandra Narváez. Ils surveillent aussi l'intrusion d'étrangers à l'aide de drones.

"Nous n'avons pas d'armes. Le seul symbole que nous avons de force, de pouvoir, de lutte et de mémoire de nos ancêtres, c'est notre lance en bois", ajoute-t-elle.

Les indigènes ont des raisons de s'inquiéter. L'exploitation minière et le projet du gouvernement conservateur de Guillermo Lasso de doubler la production de pétrole menace l'intégrité de leurs territoires, estiment les communautés concernées.

Les autochtones d'Amazonie luttent également depuis des années contre les marées noires, récurrentes dans la région. La dernière catastrophe date de janvier, lorsque l'équivalent de 6.300 barils de pétrole se sont déversés dans la nature après la rupture d'un pipeline. Une réserve naturelle et la rivière Coca ont été polluées.

"Les menaces sont plus nombreuses chaque jour", raconte Alex Lucitante. Cela "nous amène à nous demander (...) ce qui va advenir de notre culture et de nos vies". Parmi les 18 millions d'habitants que compte l'Equateur, un peu plus d'un million se considère comme indigène.

La mobilisation des peuples indigènes dépasse les limites de la forêt. La garde indigène a ainsi participé aux manifestations de juin à Quito contre l'augmentation du coût de la vie. Des manifestations dont le bilan s'élève à six morts et plus de 600 blessés.

Munis de boucliers fabriqués par la tribu et le nez couvert de feuilles d'eucalyptus pour se protéger de la fumée des grenades lacrymogènes, les Cofán étaient en première ligne des manifestations.

Dans la forêt, ils sont rassemblés en cercle pour pouvoir se dévisager et accueillir les nouveaux venus. Ceux-là iront bientôt rejoindre les patrouilles existantes et former de nouveaux groupes pour protéger d'autres parties de la jungle.



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