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Les civils toujours piégés à Marioupol, Kiev demande des armes offensives


Libé
Mercredi 23 Mars 2022

Les civils toujours piégés à Marioupol, Kiev demande des armes offensives
Environ 100.000 personnes sont toujours bloquées sous les bombes russes dans Marioupol assiégée, et l'Ukraine a exhorté à nouveau l'Occident à lui fournir des armes offensives, à la veille d'un sommet extraordinaire de l'Otan à Bruxelles. Près d'un mois après le début de l'invasion russe, Moscou a accusé mercredi les Etats-Unis d'entraver les "difficiles" pourparlers russo-ukrainiens. La Russie avait ignoré lundi la proposition du président ukrainien Volodymyr Zelensky de rencontrer son homologue russe Vladimir Poutine pour dégager des "compromis", y compris sur les territoires occupés de la Crimée (sud) et du Donbass (est). En attendant une éventuelle percée dans les négociations, "près de 100.000 personnes dans des conditions inhumaines" sont toujours piégées dans les ruines de la grande ville de Marioupol (sud), "en état de siège total, sans nourriture, sans eau, sans médicaments, sous des bombardements constants", a alerté M. Zelensky dans une vidéo publiée mercredi à l'aube. Le président ukrainien enchaîne les appels devant les Parlements du camp occidental, avant une fin de semaine à haute activité diplomatique: jeudi, un mois jour pour jour aprèsle déclenchement de l'invasion russe, les Occidentaux se réuniront à Bruxelles pour des sommets de l'Otan, du G7 et de l'Union européenne. A la clef, "de nouvelles sanctions contre la Russie", selon Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du président américain Joe Biden. Le chef de cabinet de la présidence ukrainienne a appelé mercredi les Occidentaux à livrer "des armes offensives", un "moyen de dissuasion" face à Moscou, à la veille du sommet de l'Otan auquel Volodymyr Zelensky s'adressera par visioconférence. Joe Biden, qui part mercredi pour l'Europe, va aussi "travailler avec les alliés sur des ajustements de long terme" concernant la présence de l'Otan en Europe de l'Est, a précisé M. Sullivan. Après avoir assisté aux trois sommets, il se rendra vendredi en Pologne, pays qui accueille la majorité des 3,5 millions de réfugiés ukrainiens. La Russie sera-t-elle exclue de certaines institutions internationales? "Sur la question du G20, je dirais simplement ceci: nous pensons que la Russie ne peut pas faire comme si de rien n'était dans les institutions internationales et dans la communauté internationale", a dit M. Sullivan. La Chine s'est prononcée mercredi contre une exclusion de la Russie du prochain sommet de ce vaste groupe de pays industrialisés et émergents. Marioupol, ville portuaire majoritairement russophone et stratégiquement située entre la Crimée (sud), occupée par Moscou depuis 2014, et le territoire séparatiste de Donetsk (est), est bombardée depuis des semaines par les Russes. Elle a été visée mardi par deux "bombes superpuissantes", selon la municipalité, qui n'a pas donné de bilan. Des images satellite prises mardi matin par l'entreprise américaine Maxar et distribuées à l'AFP montraient la dévastation de quartiers résidentiels, infrastructures civiles et usines. Des chars russes ont pénétré dans la ville, et un haut responsable du Pentagone a affirmé mardi soir que la stratégie russe s'appuyait désormais sur "des tirs à longue portée en centre ville". Des habitants ayant fui Marioupol ont décrit à l'ONG Human Rights Watch "un enfer glacial, avec des rues jonchées de cadavres et de décombres d'immeubles détruits". Selon le conseil municipal sur Telegram, au total presque 45.000 résidents de cette ville ont pu être évacués. "Ce n'est pas la guerre, c'est un génocide", a déclaré mardi à l'AFP la procureure générale d'Ukraine, Iryna Venediktova, car "les théâtres de guerre ont des règles, des principes. Ce que nous voyons à Marioupol, (c'est) l'absence totale de règles". Le président Zelensky a dénoncé mardi soir la capture par les Russes d'un convoi humanitaire. Pour la fourniture de vivres et de médicaments, "toutes nos tentatives, malheureusement, sont réduites à néant par les occupants russes. Avec des bombardements ou une terreur évidente", a-t-il déploré. Le président du Comité international de la Croix-Rouge, Peter Maurer, est arrivé mercredi à Moscou pour "poursuivre les discussions humanitaires avec les autorités russes", a annoncé la Croix-Rouge dans un communiqué. Au moins 121 enfants ont été tués et 167 autres blessés en Ukraine depuis le début de l'invasion russe, selon le parquet général ukrainien. L'offensive russe "s'enlise malgré toutes les destructions qu'elle provoque jour après jour", a estimé mercredi le chancelier allemand Olaf Scholz. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est lui élevé mardi contre une guerre "absurde" et "ingagnable, et a jugé que "même si Marioupol tombait, l'Ukraine ne pourrait pas être conquise ville par ville, rue par rue, maison par maison". S'adressant mercredi au Parlement japonais, le président ukrainien a cependant dénoncé le fonctionnement de l'ONU qui n'a pas pu empêcher l'invasion, et appelé à de profondes réformes de cette institution. Les forces russes ont continué en ce début de semaine à bombarder d'autres villes ukrainiennes: Kiev, Kharkiv, Mykolaï, Tcherniguiv... A Kiev, où le couvre-feu instauré lundi soir s'est achevé mercredi matin, au moins quatre personnes ont été blessées dans des bombardements russes dans les districts de Chevtchenkivsky et Sviatoshynsky, dans l'ouest de la ville, a indiqué mercredi la mairie de la capitale. Les bombardements ont touché un centre commercial, des maisons et des immeubles résidentiels. La population restée en ville attend, anxieuse mais déterminée, un éventuel assaut des troupes russes. Dans l'ouest, le nord et l'est de la capitale, pas un coin de rue, une contre allée ou un carrefour qui ne soit coupé par une muraille de sacs de sable ou des obstacles antichars. Après la frappe dimanche soir d'un missile russe sur un centre commercial ultramoderne de Kiev, où étaient camouflés munitions et pièces d'artillerie selon Moscou, la crainte porte sur des drones-espions ou kamikazes, comme des photos sur les réseaux sociaux qui pourraient révéler les positions ukrainiennes. Les bombardements ont été particulièrement intenses mardi dans plusieurs localités autour de la capitale, et des combats se déroulaient notamment à Irpin et Gostomel, selon le gouverneur de la région, Oleksandre Pavliouk. Dans le sud de l'Ukraine, où se trouve Kherson, la seule ville ukrainienne d'importance qu'elles contrôlent, les forces russes tentent d'avancer vers l'ouest et la mer Noire mais ne progressent pas autour de Mykolaïv. Kharkiv (nord-est), la deuxième ville du pays, est entourée par les forces russes sur plusieurs côtés et les grands axes, mais n'est pas encerclée. Elle a été bombardée 32 fois mardi, selon le gouverneur régional Oleg Synegoubov. Les Ukrainiens "sont désormais, dans certaines situations, à l'offensive", a déclaré le porte-parole du Pentagone John Kirby sur CNN, affirmant qu'ils repoussent les Russes "en dehors de zones où (ils) étaient par le passé". Ces derniers connaissent des problèmes de logistique, de ravitaillement, de coordination, de commandement et de communication, a-t-il énuméré plus tard lors d'un point-presse, "donc il y a beaucoup de choses qu'ils n'ont pas réussies". Les Américains suggèrent ainsi la survenue d'un point de bascule dans le conflit. Un haut responsable du Pentagone a avancé mardi soir que, "pour la première fois", les Russes étaient passés "un peu en dessous de 90% de leur puissance de combat disponible" massée au Bélarus et à la frontière russo-ukrainienne. Or, le New York Times, s'appuyant sur des sources du Pentagone, explique que la perte de 10% d'effectifs militaires d'une armée (morts ou blessés) entrave fortement sa capacité à combattre. D'après Washington, la Russie a amplifié ces derniers jours ses opérations aériennes et navales dans le pays face à la résistance des forces ukrainiennes. "Ce que nous voyons, c'est une tentative désespérée des Russes de reprendre de l'élan", constatait en début de semaine un haut responsable du Pentagone. Les Américains, qui s'inquiétaient d'un possible soutien militaire et économique de la Chine à la Russie, "n'ont pas constaté" d'approvisionnement militaire de Pékin à Moscou depuis un appel entre Joe Biden et son homologue chinois XiJinping vendredi dernier, a relevé Jake Sullivan mardi soir.


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