Le 8 mars, Journée internationale de la femme, pointe du nez. L’occasion de tâter le pouls de l’évolution de la situation de la femme à travers le monde. Un tel exercice s’avère des plus difficiles de par les cultures et les mentalités qui diffèrent d’une région à l’autre. L’exemple du royaume wahhabite, fort édifiant à cet égard, a été analysé par Clarence Rodriguez, première journaliste occidentale à y avoir été accréditée. Dans un ouvrage intitulé « Révolution sous le voile », elle s’arrête sur la réalité d’un pays plein de contradictions qui opère une transition à travers ses femmes. Huit d’entre elles, à qui elle a donné la parole, forcent l’admiration par leur courage et leur farouche détermination.
Rien ne bouge en Arabie Saoudite, s’agissant de la situation des femmes. “Non”, se défend Clarence Rodriguez, qui vit à Riyad depuis 2005. Et pour cause, elle a côtoyé des femmes, issues de tous les milieux sociaux, qui refusent l’ordre établi et se battent, chacune à son niveau, pour leurs droits. Des intiatives qu’elles entreprennent parfois à leurs risques et périls. Parmi ces huit femmes, on retrouve Madeha Al-Asjroush, qui, grâce à un mari bienveillant et plusieurs années passées aux États-Unis, a pu devenir psychologue et photographe. À plusieurs reprises, elle a bravé les mottawas de la police religieuse, et pris le volant. Ces quelques kilomètres lui ont coûté son emploi, mais elle a continué. Quant à Haifaa Al-Mansour, la réalisatrice du film “Wadjda”, elle a voulu, à travers son héroïne à vélo, encourager les Saoudiennes à exercer leur liberté. Bien évidemment la militante Manar Al-Sharif figure en bonne place parmi ces héroïnes puisqu’il s’agit de l’icône du mouvement «Women2drive», incarcérée pour avoir conduit malgré l’interdiction de la police religieuse. Et puis l’exemple de la princesse Adela, fille de l’actuel roi de l’Arabie Saoudite est à évoquer. Une femme discrète mais très active et grâce à qui, les Saoudiennes ont arraché beaucoup de droits. Elles sont devenues avocates, chercheuses, ingénieures et vendeuses. Son discours sur la politique de son pays est sans ambages ni concessions. Des trajectoires, des origines et des âges différents chez ces femmes, mais une même envie de refuser l’obscurantisme sans renier pour autant leurs racines saoudiennes. Des pas de fourmis, certes, mais qui avancent sûrement vers le droit à une vie digne.
Mais peut-on parler, pour autant, d’un mouvement féministe en Arabie Saoudite? « Pas féministe, mais féminin», rétorque Clarence Rodriguez lors d’un entretien qu’elle a accordé au magazine Madame Figaro. Et d’ajouter: «Ces femmes revendiquent le droit d’exister en tant que citoyennes, le droit de s’appartenir, mais sans forcément renier leur culture et leurs traditions… J’ai voulu montrer que sous leurs abayas, elles ne sont pas passives. Elles ont une tête et un cœur; ce sont des femmes comme vous et moi. Le pays est hostile, mais elles, elles sont très attachantes».