Une étude de l’Institut El Cano dépendant du ministère de l’Extérieur espagnol a publié ses résultats sur le profil socioprofessionnel des jihadistes morts ou emprisonnés en Espagne entre 1996 et 2012.
Cette étude porte sur 78 personnes détenues pour activités liées au terrorisme jihadiste en Espagne durant cette période, en plus des 6 morts des attentats terroristes survenus à Leganés le 3 avril 2004.
Selon cette étude, ces jihadistes sont généralement des hommes âgés entre 25 et 39 ans et en majorité mariés et pères de famille.
83,4 % des jihadistes sont étrangers, trois quarts d’entre eux résident légalement dans le pays et 16,5 % ont la nationalité espagnole. (A titre de comparaison, il convient de rappeler qu’entre 1999 et 2009, 77,5 % des jihadistes appréhendés au Royaume-Uni avaient la nationalité britannique).
L’étude révèle, par ailleurs, que 68 % des enquêtés résident à la Communauté de Madrid (35,4 %) ou en Catalogne (32,9 %).
Les Algériens et les Marocains viennent en tête de ces jihadistes avec respectivement 29,8% et 27,4%. Mais les deux chercheurs associés à l’Institut El Cano, à savoir Fernando Reinares et Carola García-Calvo, ont constaté que les Algériens sont surreprésentés par rapport à leur nombre en Espagne. Par exemple, le nombre de Marocains qui résidaient dans ce pays entre 1996 et 2012 avoisinait les 470.000 selon les statistiques officielles, ce qui est supérieur de 10 fois au nombre de résidents algériens. L’étude révèle également que 19 % des terroristes jihadistes sont Pakistanais et 14,3 % Syriens.
Comment expliquer cette surreprésentation ? « Il est difficile de l’expliquer sans évoquer la trajectoire du terrorisme jihadiste en Algérie depuis le début des années 90 et son expansion à l’autre rive de la Méditerranée avec le transit des militants et l’installation des cellules dans notre pays », précise l’étude.
7 personnes condamnées pour activités de terrorisme jihadiste ou mortes dans des attentats-suicide sur 10 personnes n’ont pas dépassé le niveau d’enseignement secondaire, 5 sur 10 ont atteint le niveau primaire et 2 sur 10 n’ont suivi aucun cursus scolaire. En outre, 1 personne sur 4 n’exerce aucune profession connue et 27,1 % sont des entrepreneurs ou travaillent pour leur propre compte.
L’autre variable retenue par les deux chercheurs de l’Institut El Cano a trait aux antécédents pénaux. Deux personnes sur 10 (22,2 %) n’ont pas d’antécédents judiciaires en Espagne.