Lecture préliminaire sur la portée de la résolution 2797 et sur ses dimensions juridiques, politiques et diplomatiques


Abdelaziz Sidki
Mercredi 5 Novembre 2025

Lecture préliminaire sur la portée de la résolution 2797 et sur ses dimensions juridiques, politiques et diplomatiques
Adoptée le 31 octobre 2025, la résolution 2797 du Conseil de sécurité relative au différend concernant le Sahara marocain marque un tournant décisif dans le processus de règlement onusien de ce dossier régional.

Ce texte intervient dans un contexte international et régional particulièrement sensible, caractérisé par la montée des enjeux liés à la sécurité énergétique, à la migration et à la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel et du Sahara.

Ainsi, la question du Sahara a dépassé sa dimension locale pour devenir un enjeu stratégique majeur pour la stabilité du Nord de l’Afrique et de l’Ouest méditerranéen, soulignant l’importance croissante de cette région dans les équilibres géopolitiques mondiaux.

La résolution a été adoptée avec le soutien de onze pays, tandis que trois Etats se sont abstenus de voter, sans qu’aucun vote contre ne soit enregistré L’Algérie s’est abstenue de participer au vote, ce qui reflète clairement un changement dans les équilibres de soutien au sein du Conseil de sécurité, en faveur de l’approche marocaine fondée sur une large autonomie sous souveraineté nationale.

Cette abstention algérienne constitue un signe symbolique du recul de la capacité de la diplomatie algérienne à mobiliser des positions hostiles à la position du Maroc.
L’initiative d’autonomie présentée par le Maroc en 2007 est reconnue comme la base réaliste, pragmatique et unique applicable pour le règlement du différend.

Sur le fond, la résolution 2797 a réaffirmé clairement que l’initiative marocaine d’autonomie constitue le cadre de référence central pour parvenir à une solution politique durable, appelant toutes les parties à s’engager dans des négociations sérieuses, sans conditions préalables, sous la supervision de l’Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies, Staffan de Mistura.

La résolution a également salué le rôle des Etats-Unis et leur disponibilité à accueillir les prochaines sessions de dialogue, ce qui confère un nouvel élan au processus politique onusien.

La résolution a également prorogé le mandat de la MINURSO (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) jusqu’au 31 octobre 2026, en y associant un mécanisme d’évaluation intermédiaire à travers une revue stratégique à présenter dans un délai de six mois, conférant ainsi un caractère temporel clair au suivi de la mise en œuvre de ses dispositions.

Par ailleurs, le Conseil a exprimé sa préoccupation face à la détérioration de la situation humanitaire dans les camps de Tindouf, ainsi qu’au manque de transparence concernant les fonds destinés aux réfugiés sahraouis, faisant implicitement référence à la responsabilité de l’Etat hôte quant au respect de ses obligations humanitaires et juridiques.

La lecture préliminaire montre que la résolution 2797 ne constitue pas un simple renouvellement technique du mandat de la MINURSO, mais bien un acte politique fondateur d’une nouvelle équation consacrant le réalisme et le compromis.
Elle renforce le rôle du Maroc dans la préservation de la stabilité régionale, tout en mettant en évidence l’isolement diplomatique croissant des positions d’obstruction.

La résolution ouvre ainsi la voie à une phase transitoire vers la mise en œuvre du projet d’autonomie en tant que solution politique finale et durable, conforme aux principes de la Charte des Nations unies et contribuant à la sécurité collective en Afrique du Nord.

Elle devrait par ailleurs redessiner les équilibres de pouvoir dans la région, en affaiblissant la position de l’Algérie et du front polisario au sein du système onusien, et en instaurant une nouvelle ère de médiation directe menée par les États-Unis, fondée sur le réalisme et la recherche du consensus politique.

I- Les répercussions régionales sur l’Afrique du Nord
1- Maroc et Algérie : du conflit de positions au coût de l’isolement diplomatique

La résolution 2797 a permis de réajuster les paramètres de négociation au sein du Conseil de sécurité à travers plusieurs évolutions majeures :

L’exclusion définitive de l’option du référendum, au profit de la consolidation du principe d’une solution politique réaliste et durable.
La reconnaissance par le Conseil des efforts du Maroc pour le maintien du calme et son engagement constructif dans le processus politique.

L’abstention de l’Algérie, perçue comme un signe symbolique de son isolement diplomatique croissant et du recul de son influence dans la défense de la thèse séparatiste.
Cette transformation dépasse le seul champ diplomatique : elle traduit également un changement géostratégique profond, redéfinissant les rôles respectifs du Maroc et de l’Algérie dans l’équation de la sécurité régionale.

Tandis que la résolution renforce la position du Maroc en tant que partenaire fiable dans la lutte contre le terrorisme et la protection des voies commerciales, le régime algérien se trouve confronté au défi de s’adapter à un nouvel équilibre des forces au sein des Nations unies, qui condamne les logiques de blocage et valorise le réalisme politique.

2- La Mauritanie et les pays du Sahel : une neutralité facilitatrice et un nouveau partenariat sécuritaire

La résolution 2797 a confirmé le rôle positif de la Mauritanie, considérée comme un observateur actif et accepté par toutes les parties, renforçant ainsi une approche de neutralité constructive qui contribue à faciliter les consultations régionales.

Au niveau du Sahel, la stabilisation des provinces du Sud du Maroc est appelée à produire plusieurs effets bénéfiques :

L’affaiblissement des réseaux de contrebande et des groupes armés opérant entre le Mali et l’Algérie.
La création d’un corridor sécurisé pour l’énergie et le commerce, reliant l’océan Atlantique au cœur de l’Afrique, faisant du Sahara marocain un pôle stratégique de développement régional.

3- Sécurité de la Méditerranée et du Sahel : d’un foyer de conflit à un axe de développement

La résolution transforme le Sahara marocain d’un espace de tension en une plateforme d’investissement régional axée sur les énergies renouvelables, ainsi que sur le raccordement électrique et maritime entre l’Afrique et l’Europe.

L’intégration de la dimension sécuritaire dans le texte de la résolution marque une évolution majeure : la MINURSO passe d’un mécanisme purement technique de surveillance à un instrument de régulation politique, contribuant à préserver le cessez-le-feu, à éviter toute mise en péril des opérations sur le terrain et à consolider la stabilité des frontières.

Ce nouvel équilibre permet également de réduire les risques liés à l’extrémisme, au terrorisme et aux trafics illicites, transformant progressivement la région du Sahel et du Sahara en un espace de coopération sécuritaire et de développement durable.

II. La position américaine de la reconnaissance à la tutelle politique

La résolution 2797 traduit le passage des Etats-Unis d’une position de soutien symbolique à celle d’un acteur politique direct.

Le texte mentionne explicitement l’appréciation du Conseil de sécurité pour la disponibilité des Etats-Unis à accueillir les négociations, accordant ainsi à Washington un mandat politique inédit et un rôle central dans la conduite du processus de règlement.
 
Les motivations de l’administration américaine :

Poursuivre l’héritage de la reconnaissance en 2020 de la souveraineté du Maroc sur son Sahara, initiée par l’administration Trump, et maintenue par l’administration Biden comme un pilier de la politique américaine en faveur de la stabilité régionale.

La volonté du président américain actuel de réaliser un succès diplomatique majeur susceptible de renforcer son prestige international, une initiative qui pourrait même le placer sur la voie d’une nomination au Prix Nobel de la paix.

Les instruments de Washington dans la gestion du dossier :

Les incitations : un soutien économique et un investissement direct dans les projets de développement des provinces du Sud, afin de consolider la stabilité et de renforcer la crédibilité du modèle d’autonomie proposé par le Maroc.

Les pressions politiques : le conditionnement des aides destinées à la région au niveau d’engagement des parties dans le processus politique et au respect du cessez-le-feu, de manière à décourager toute attitude hostile ou provocatrice susceptible de compromettre la paix.

Les garanties : l’assurance que le processus demeurera placé sous la supervision transparente des Nations unies, ce qui limite les tentatives de blocage et préserve la légitimité internationale du règlement.

III. Les scénarios à court terme (2025–2026)

IV. La probabilité de classification du front polisario comme organisation terroriste
1. Le cadre juridique :

La désignation d’une organisation comme terroriste aux Etats-Unis est régie par l’article 219 de la loi sur l’immigration et la nationalité (Immigration and Nationality Act – INA).
Cette décision relève de la compétence du Secrétaire d’Etat, en concertation avec les agences de sécurité nationale.

Le Congrès américain peut demander ou recommander cette classification à travers des résolutions politiques ou des motions d’orientation, mais il ne détient pas le pouvoir d’exécution directe.

Ainsi, toute inscription du polisario sur la liste des organisations terroristes étrangères (FTO) dépend d’une évaluation exécutive fondée sur des critères de menace pour la sécurité nationale, la politique étrangère et les citoyens américains.

Motivations possibles de cette classification :

Multiplication des rapports de renseignement faisant état de l’implication d’éléments du front polisario dans des réseaux de contrebande et de trafic d’armes opérant dans la région du Sahel.

Existence de liens opérationnels entre certains commandants de terrain du polisario et des groupes extrémistes actifs au nord du Mali et au Niger, ce qui renforce les soupçons de coopération logistique et financière.

Convergence de cette dynamique avec la nouvelle stratégie américaine visant à tarir les sources du terrorisme non conventionnel dans la région, notamment à travers une approche globale de sécurité transsaharienne intégrant lutte contre la radicalisation, contrebande et financement illicite.

Les limites du réalisme politique :

Bien que les fondements juridiques d’une telle classification existent, la décision demeure hautement sensible sur le plan politique, en raison de son lien direct avec l’Algérie, pays hébergeant et soutenant le front polisario.

Il est donc probable que Washington utilise la menace de cette désignation comme un levier de pression diplomatique, destiné à encourager l’Algérie à adopter une attitude plus constructive dans le processus politique, sans recourir immédiatement à la mise en œuvre juridique effective de la mesure.

V. Indicateurs de performance durant les six premiers mois suivant la résolution

Conclusion

La résolution 2797 du Conseil de sécurité redéfinit les paramètres du différend autour du Sahara marocain, en introduisant une nouvelle logique géopolitique fondée sur le réalisme, le compromis et la sécurité régionale, rompant ainsi avec les approches idéologiques du passé.

Abdelaziz Sidki
Abdelaziz Sidki
Le processus onusien semble désormais s’orienter vers la consolidation de l’autonomie comme cadre final et durable de règlement, soutenu par un alignement international croissant en faveur du Maroc et par une volonté américaine affirmée de stabiliser l’espace sahélo-maghrébin et d’en faire un pôle de coopération et de prospérité partagée.

Par Abdelaziz Sidki
Président de l’association nationale des experts judiciaires
en opérations et techniques bancaires


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