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Le vaccin ne serait pas si remède miracle que ça

Dixit l’Organisation mondiale de la santé


Chady Chaabi
Mercredi 7 Avril 2021

Même si la balance “bénéfices-risques” est positive, AstraZeneca est remis sur la sellette

Avec 4.382.917 personnes ayant reçu la première injection, les doses de sécurité du vaccin AstraZeneca dépassent largement les attentes. On ne sait pas si l’exploit des autorités sanitaires tient dans l’absence totale de pertes pendant la campagne de vaccination, ou bien en leur faculté à aller bien au-delà du stock théorique. En effet, ce dernier n’aurait jamais dû aller audelà de 4,25 millions de doses administrées. Mais il a été largement dépassé.

La contagiosité des vaccinés en question
Certes, les 11èmes doses de sécurité glissées par AstraZeneca dans ses flacons multidoses pourraient expliquer cet exploit. Mais en partie seulement. En réalité, le mystère demeure entier, et les chiffres avancés par le ministère sont pour le moins intrigants. Ils laissent deviner la possibilité d’extraire une douzième dose desdits flacons. S’agissant de l’administration des secondes doses, le cumul des personnes totalement immunisées a atteint 3.992.324. Autant de citoyennes et de citoyens qui, a priori, sont à l'abri de tomber malade, même si, jusqu’à présent, la réduction de la contagiosité est incertaine, selon l’Organisation mondiale de la santé. Une incertitude qui laisse les experts de l’OMS pantois quant à l'intérêt d’instaurer un passeport vaccinal pour favoriser la mobilité internationale. Dès lors, le maintien des gestes barrières est impératif. D’autant que la situation épidémiologique actuelle n’augure rien de bon. Mardi en fin d'après-midi, sur les 11.988 tests effectués, 696 nouveaux cas Covid+ ont été recensés, en majorité dans la capitale économique, Casablanca. Résultat, le nombre de cas actifs repart en hausse (4.452) et malheureusement, huit personnes sont décédées entre lundi et mardi.

Une balance risque-bénéfice positive
Certes, le taux d’occupation des lits de réanimation dédiés à la Covid est de 14%, mais cela ne doit pas faire baisser la vigilance de la population. Qui plus est quand la campagne de vaccination patine à cause des défauts d’approvisionnement en vaccin, dont celui développé par les chercheurs de l’Université d’Oxford, produit par les sous-traitants d’AstraZeneca. En temps normal, le groupe pharmaceutique suédo-britannique est spécialiste dans la production de médicaments contre le cancer. D’où les doutes qui l’entourent. Doutes nés notamment de la possibilité d’un lien de cause à effet entre l’apparition de caillots sanguins et l’injection de la première dose du vaccin. Il y a un mois, le vaccin AstraZeneca a été suspendu, puis réautorisé. Mais depuis, de nouvelles personnes sont décédées de caillots sanguins après avoir reçu l’injection. Conséquence, le capital confiance du sérum antiCovid d’AstraZeneca se retrouve ébranlé. Pourtant, la balance risque-bénéfice demeure toujours positive. Au Maroc, au moins quatre cas de thrombose auraient été déclarés. OutreManche, l’Agence britannique du médicament (MHRA) a annoncé, samedi dernier, qu’à la date du 24 mars, 30 personnes ayant reçu le vaccin ont développé une thrombose, c’est-àdire un caillot sanguin obstruant une veine et empêchant la circulation du sang. 30 cas de thrombose pour 18,1 millions de doses administrées, dont 22 ont été victimes de thrombose veineuse cérébrale, décrite comme une forme rare d’AVC. Les 8 autres cas auraient eu des thromboses à un autre endroit, associées à un déficit de plaquettes. Parmi les 30, sept résidents du RoyaumeUni sont décédés. L’Institut allemand PaulEhrlich a, quant à lui, répertorié 31 cas suspects de thrombose veineuse cérébrale avec 9 décès, sur 2,8 millions de doses injectées. Alors qu’en France, 12 cas de thrombose sont survenus dont 4 décès sur 1,9 million d’injections, d’après l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Dans le monde, 62 cas de thrombose veineuse cérébrale ont été décelées chez des personnes ayant été vaccinées avec AstraZeneca. Des effets secondaires qui n’ébrèchent en aucun cas la confiance des autorités sanitaires aux quatre coins du monde. « La maladie thromboembolique veineuse est la troisième maladie cardiovasculaire la plus fréquente dans le monde. Lors de vastes campagnes de vaccination, il est courant que les pays signalent les événements indésirables potentiels après la vaccination. Cela ne signifie pas nécessairement que ces événements sont liés à la vaccination elle-même, mais c’est une bonne pratique de les examiner. Cela montre également que le système de surveillance fonctionne et que des contrôles efficaces sont en place», selon le communiqué du Comité consultatif de l’OMS.

Un seuil d’alerte pas encore franchi
Mais au Danemark, on pense qu’il «faut arrêter de spéculer pour savoir s’il y a un lien ou non. Tous ces cas ont eu ces symptômes trois à dix jours après l'inoculation d’AstraZeneca. Nous n’avons trouvé aucun facteur déclencheur», a témoigné à la télé Pal André Holme, chef d’équipe à l'Hôpital national d’Oslo qui travaille sur ces cas. «L’Agence norvégienne du médicament estime qu’il y a un lien probable avec le vaccin» rapporte l’un de ses responsables, Steinar Madsen. Alors, à quoi est dû l'optimisme ambiant? Tout simplement au seuil d’alerte qui n’est pas encore atteint. En se basant sur les cas recensés au Royaume-Uni, il existe 0,0002%, soit moins d’une chance sur 600.000 de développer un caillot. En France, on est à 0,0006% de risque, soit une chance sur 160.000. En parallèle, dans la classification des effets indésirables, un effet est considéré comme très «fréquent» s’il survient chez plus d’une personne sur 100. «Rare s'il survient chez moins d’une personne sur 1000 et «très rare» s’il arrive moins d’une fois sur 10.000. En somme, les risques de thrombose avec le vaccin AstraZeneca sont donc extrêmement rares et exceptionnels. En fait, on a bien plus de chance d’attraper une forme grave ou mortelle de Covid.

 


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