Elle est revenue, la semaine dernière au camp d’El Ayoune où vivent sa mère divorcée et sa sœur aînée.
C’est une jeune fille qui est née dans les camps de Tindouf et qui ne les a jamais quittés. Cet été, elle a été sélectionnée pour aller en colonies de vacances ou plutôt pour séjourner chez une famille espagnole.
Avant de partir, elle et les autres membres de sa famille avaient demandé à profiter des visites interfamiliales organisées sous l’égide du HCR pour visiter les leurs dans les provinces marocaines du Sud.
La direction du Polisario, échaudée par le nombre de personnes qui, parties au Maroc, ont préféré y rester pour toujours, a mis fin à ces échanges permettant aux membres de familles de se rencontrer. C’était l’occasion, également pour certains d’entre eux de rester dans la mère-patrie.
La jeune suicidée avait, avant son départ en Espagne, prévu de rejoindre les siens installés à Boujdour. Mais elle était déçue de découvrir que la direction du Polisario avait mis fin à cette opération sur laquelle elle fondait l’espoir de mener une autre vie moins difficile et avec plus de liberté, surtout après avoir découvert un autre monde que celui des camps. Devant cette déception, elle choisit de mettre fin à ses jours plutôt que de continuer à être privée de tous les moyens que lui aurait offerts une vie ailleurs. Avant d’en arriver à cette décision extrême, elle avait tenté, à maintes reprises, de trouver le moyen à même de lui permettre de quitter les camps, cherchant à se rendre en Mauritanie, le seul pays qui, pensait-elle, lui était accessible sans beaucoup de formalités. Mais c’était compter sans la surveillance de sa mère et sa sœur aînée qui, ayant constaté le brusque changement de l’adolescente depuis son retour d’Espagne, la surveillaient en permanence. Se sentant épiée, soumise à un emprisonnement effectif, elle mit fin à ses jours.
Cette décision insolite dans la société sahraouie a embarrassé la direction du Polisario qui, pour dissimuler la réalité, s’est empressée de coller des affiches dans toutes les places fréquentées du camp, expliquant que la jeune fille avait des problèmes avec sa mère et sa sœur aînée et que cette dernière l’avait battue. Des communiqués à la radio ont été, également, diffusés donnant la version des faits conformément aux directives du Polisario.
Ce drame s’est déroulé, le vendredi 22 août, au moment où à l’aéroport Mohammed V, débarquaient des dizaines de séparatistes de l’intérieur revenant de Boumerdès, où ils étaient allés assister à l’université d’été organisée par le Polisario.
Cette prétendue université est en fait un camp de recyclage où la direction du Polisario encadrée par des officiers des renseignements de l’armée algérienne, inculque des théories de déstabilisation aux participants et les envoie mettre en pratique leurs cours.
Arrivés à l’aéroport Mohammed V, les séparatistes en provenance de Boumerdès ont refusé de se soumettre aux formalités douanières en organisant un sit-in qui a pris fin après plus de sept heures. En fouillant leurs bagages, les douaniers ont découvert des fanions du Polisario, des mégaphones et d’autres moyens de propagande.