«Général, évasif et confus », c’est ainsi qu’on peut décrire le dernier discours du chef du gouvernement à la Chambre des conseillers à l’occasion de la séance mensuelle des questions orales sur les politiques publiques. En fait, Saâd Eddine El Othmani n’a rien évoqué de nouveau et n’a rien annoncé d’important. Mieux, le discours du chef de l’Exécutif maintient l’opinion publique dans le flou alors que les allégations et les fake news relayées par les réseaux sociaux font rage. Ainsi, El Othmani n’a pas jugé utile de clarifier la position du gouvernement concernant un nouveau reconfinement. Selon lui, tout est possible et rien n’est moins sûr. Le chef du gouvernement a déclaré qu’aucun de nos concitoyens ne souhaite le retour à un confinement en raison de ses répercussions économiques, sociales et psychologiques. Mais cela reste une option possible, ajoute-t-il, si la situation devient incontrôlable et si les Marocains faillent à leur engagement, en tant qu'individus et groupes, à l'application des mesures de précaution dictées. Autrement dit, il est fort probable qu’il y ait un reconfinement et il est possible de l’éviter ! Un discours que les autorités ressassent depuis l’été. En fait,tout le monde sait que le confinement reste une probabilité,mais de quel reconfinement parle-t-on ? D’un reconfinement total à l’instar de celui du printemps dernier ou d’un reconfinement partiel ? D’un reconfinement national ou plutôt régional ? Mieux, pourquoi les autoritésmarocaines doiventellesinstaurer un nouveau confinement puisqu’El Othmani him self a déclaré dansson discours de mardi dernier que la situation épidémiologique est encore contrôlable même si elle demeure préoccupante ? Autres questions et non des moindres, qu’en est-il du coût économique et social d’un nouveau reconfinement ? Comment le gouvernement compte-t-il conserver l’équilibre entre le maintien des activités économiques et la protection de la santé des Marocains? L’Exécutif est-il prêt à soutenir financièrement comme c’était le cas du confinement du printemps 5,1millions de familles qui ont bénéficié des aides financières du Fonds spécial pourla lutte contre le nouveau coronavirus ?A-t-il les moyens pour aider de nouveau 800.000 personnes affiliées à la CNSS, en arrêt de travail, et 2,3 millions de familles détentrices de la carte Ramed, impactées par la Covid-19, en plus de deux millions de ménages non-Ramédistes sans parler de ceux qui n’appartiennent pas à ces deux catégoires ?A toutes ces questions, le chef du gouvernement s’est contenté de répéter que « économiquement et socialement, les choses se sont bousculées à cause de l’impact du Covid-19 » et que « l’impact sera également ressenti en 2021 » tout en soulignant qu’au niveau national, la situation économique reste compliquée et « qu’on a évité le pire grâce aux équilibres économiques trouvés avant l’arrivée de la pandémie ». Bref, aucun scénario clair et précis pour gérer un nouveau confinement n’est prêt. Le chef du gouvernement a brillé également par son silence concernant les mesures prises jusqu’à présent. En effet, aucune évaluation n’a été faite concernant les dernières mesures prises pour stopper la propagation du Covid-19. Qu’en est-il des couvre-feux instaurés dans les villes les plus touchées et des restrictions dans certaines régions?Quid du prolongement de l’état d’urgence six fois ? Qu’en est-il de l’adoption de mesures d’urgence ponctuelles, comme le récent verrouillage de la capitale économique avec couvre-feu nocturne, contrôle strict des déplacements et fermeture dernièrement de toutes les écoles à la veille de la rentrée scolaire ? Des mesures qui tardent encore à donner leurs résultats puisque la courbe de l’épidémie ne s’inverse pas et qu’à l’inverse, le taux de positivité atteint des pics inquiétants et les décès dus au coronavirus n’ont jamais été aussi nombreux. « Du 20 au 31 octobre, on a recensé 43.335 nouvelles contaminations et 719 décès. Ces chiffres, enregistrés en 11 jours, correspondent à 20% de la totalité des infections et des morts dues au coronavirus depuis le premier cas de Covid-19 enregistré au Maroc, le 2 mars 2020 », rapporte le site Le360. Pour ElOthmani, ces chiffres n’ont rien d’extraordinaire puisque la situation au Maroc est identique à celle dans d’autres pays du monde qui enregistrent une propagation continue de la pandémie de Covid-19 tout en indiquant que toutes les mesures prises par le pays sont considérées comme des décisions nationales et souveraines, fondées sur des données précises, prises par des comités scientifiques qui suivent, évaluent,suggèrent et prennent les décisions nécessaires. Un petit clin d'œil à ceux et celles qui accusent le gouvernement de copier à la lettre ce quise passe ailleurs notamment en France. Bref, le chef du gouvernement semble moins bien gagné parle souci de bien communiquer.En effet, et en paraphrasant Anne Leyval-Granger, « le message gouvernemental est rarement positif, agréable et gratifiant, dansle contenu,sinon dans la forme : c’est un message de responsabilité, de contrainte, qui veut faire passer ce que le public n’a pas envie d’entendre ».