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La 77ème édition de ce prix devait être organisée à Tanger, en mai prochain en marge du Salon du livre de la ville du Détroit qu’organise l’Institut français. « Le jury du prix Albert Londres avait souhaité remettre ses prix 2015 dans le cadre du Salon du livre de Tanger organisé par l’Institut français. Cette ville qui a inspiré tant d’écrivains devait nous permettre de rencontrer des confrères marocains et de débattre avec eux de différents sujets liés à l’actualité internationale ainsi que de nos pratiques professionnelles», font valoir les membres du jury. De telles rencontres n’auront pas lieu. Et les échanges entre confrères d’ici et de là-bas ne se feront plus. Le prix Albert Londres ne sera pas remis à Tanger, la ville cosmopolite et de tous les possibles qui a inspiré tant de créateurs. Les membres du jury s’en expliquent dans un communiqué diffusé en fin de semaine passée. C’est l’expulsion avec grand bruit de deux journalistes français du Maroc réalisant un reportage pour le compte de France 3 qui a décidé les organisateurs à renoncer à la destination tangéroise pour la remise de ce prix journalistique prestigieux. « Des événements récents touchant des confrères et remettant en cause la liberté d’exercer notre profession nous prouvent que le Maroc n’est décidément pas le lieu pour organiser un tel événement », peut-on lire dans un communiqué de l’association.
En quelques lignes aussi claires que lapidaires, les organisateurs de ce prix pointent les défaillances d’un pays, le Maroc, qui a mal à sa liberté de presse et d’expression. Les cas sont égrenés, témoignant des reculs enregistrés en la matière depuis l’avènement au pouvoir des islamistes.
Des problèmes subis par des journalistes de France24 en janvier à Rabat à l’expulsion manu militari des deux hommes de médias qui préparaient un reportage sur l’économie marocaine, l’obstruction faite au travail journalistique ne pouvait être ignorée par l’Association du prix Albert Londres. Pas question de se taire ou de faire montre de la moindre connivence. « Les conditions - précaires - de la liberté de presse dans le Royaume sont de notoriété publique et le prix Albert Londres ne comptait certes pas les passer sous silence. Mais cette volonté systématique d'obstruction au travail d'enquête de journalistes courageux et intègres fait preuve d'un irrespect total à l'égard d'un métier et de valeurs que nous défendons. Le prix Albert Londres ne peut pas laisser planer le doute d’une quelconque indulgence pour des pratiques contraires à notre éthique, encore moins d'une connivence avec des autorités qui ordonnent ou laissent faire. »
Hasard d’une actualité impitoyable, cette décision intervient au moment même où Mostafa El Khalfi a présenté son rapport annuel sur la promotion de la liberté de presse au Maroc en 2014. Le ministre islamiste de la Communication y parle notamment du « renforcement de la politique d’ouverture sur les médias étrangers » assurant, main sur le cœur, que « le Maroc est un pays ouvert qui n’impose pas de restrictions à la liberté de mouvement des journalistes et correspondants étrangers ».
Prix de l’image pays : une stratégie de communication payante
Et alors que l’Association du prix Albert Londres faisait savoir l’annulation au Maroc de son prix et ce pour des raisons liées aux entraves faites à la liberté de presse, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement –encore lui- s’envolait pour Vienne afin de recevoir le « prix de l’image pays 2014 ». Un prix décerné par Media Tenor, un institut spécialisé et à la stratégie commerciale forte « qui vient récompenser le pays qui a su acquérir une image médiatique diversifiée, informative et crédible aux yeux des observateurs internationaux ».
La page d’accueil de Media Tenor est pleine d’enseignements et autorise à relativiser ce « prix de l’image du pays » puisé dans le marketing d’un institut qui élabore des stratégies de communication à des clients –pays, entreprises, ONG- prêts à y mettre le prix. « Depuis sa fondation en 1993, Media Tenor a soutenu le développement de produits industriels innovants. Portés par l’expérience académique et journalistique de l’institut, ces outils de stratégie médiatiques permettent aux clients d’exploiter leurs profils médiatiques mais aussi d’améliorer la communication externe ou la gestion de crise de leurs entreprises et de détecter infailliblement les risques et opportunités de la réputation.
En complément à ses produits spécialisés, Media Tenor offre un savoir-faire sur mesure basé sur une base de données complète de contenus médiatiques. L’approche scientifique et axée sur les résultats permet à ses clients de choisir une communication appropriée dans un monde de plus en plus stimulé mais de moins en moins informé », lit-on dans l’offre de service de cette boîte spécialisée dans le tiercé gagnant « stratégie-média-intelligence ».