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Rumeurs
D’après ces rumeurs, le ministre des Affaires étrangères algérien Ramtane Lamamra aurait violé l’article 7 du statut interne de la Ligue arabe. Certains évoquent un conflit concernant la condamnation de l’Iran dans le communiqué final. Tandis que d’autres vont plus loin avançant que c’est la délégation marocaine qui aurait cherché à perturber les travaux de cette réunion et que ses membres auraient enregistré et diffusé les discussions de ce congrès préparatoire alors que ces dernières sont censées se dérouler dans des séances à huis clos et rester secrètes. Une assertion qui a été démentie par certains diplomates marocains qui ont indiqué dans une déclaration à la MAP que « la délégation marocaine est restée dans la salle et a protesté contre le non-respect par une chaîne algérienne de la carte du Royaume, telle qu’elle est reconnue, ce qui a contraint la Ligue arabe à publier une mise au point et la présidence de la séance à présenter des excuses». Tout en précisant qu’«il n'est ni dans les us ni dans les coutumes de l’action de la diplomatie marocaine, conformément aux Hautes Instructions de S.M le Roi Mohammed VI, de quitter la salle de réunion, mais de défendre au sein de ces réunions les droits légitimes du Maroc et ses intérêts vitaux».
Présence
En effet, le Maroc a mis fin à sa stratégie de la «chaise vide» depuis plusieurs années. D’autant que la Ligue arabe fait partie de ses zones d’influence dont il ne peut s’en passer. Le Royaume considère le monde arabo-musulman comme un cercle d’appartenance collective au sein duquel il souhaite jouer un rôle de médiateur dans les conflits et de porte-parole à l’international, précise Yousra Abourabi, chercheuse en relations internationales, dans son article : «Les relations internationales du Maroc : le Maroc à la recherche d’une identité stratégique». Et d’expliquer : «Depuis les années 70, il s’est approprié de façon singulière le dossier épineux du conflit palestinien en maintenant des relations proches mais discrètes avec Israël. Il a parallèlement mené une diplomatie active auprès de la Communauté islamique en étant à l’origine de la création, en 1969, de l’Organisation de la conférence islamique (OCI), qui compte 57 Etatsmembres. Hassan II a ensuite pris l’initiative de la création du Comité Al- Qods, en 1975, qui rassemble les soutiens à la cause palestinienne à travers le monde arabe, ainsi que de l’Agence Bayt Al Mal Al-Qods en 1979. Le dernier sommet de ce comité s’est déroulé en janvier 2014 à Marrakech sous la présidence de Mohammed VI. A travers cette présidence, le Maroc espère être l’interlocuteur privilégié des grandes puissances impliquées dans le dossier palestinien, notamment les EtatsUnis, et devenir un porte-parole d’une communauté d’Etats arabo-musulmans».
La chercheuse ajoute, par ailleurs, que «le monde arabo-musulman est un cercle d’appartenance collective au sein duquel le Maroc puise les éléments de son identité stratégique : l’image qu’il entend diffuser est celle d’une monarchie stable mais démocratique, avec une forte identité islamique fondée sur une vision modérée de l’islam et un alignement avec la diplomatie de la Ligue arabe nuancé par une politique pragmatique vis-à-vis d’Israël et de l’Occident ». Et de noter que «ces éléments sont considérés par les hauts dirigeants marocains comme les marqueurs de sa singularité étatique, qu’ils entendent diffuser auprès des instances internationales, en espérant devenir les interlocuteurs privilégiés des puissances étrangères au sein du monde arabe, en cas de conflit ».
Jeu géopolitique
De son côté, le chercheur Rachid El Houdaigui, explique dans son article : «La politique étrangère du Maroc : vers quel positionnement?» qu’il faut distinguer, dans la politique étrangère du Maroc vis-à-vis du monde arabe, entre, d’une part, le jeu géopolitique mené au niveau du Maghreb inscrivant le Maroc et l’Algérie dans une logique de rivalité marquée par une compétition tous azimuts et où la méfiance et la défiance façonnent les relations bilatérales et provoquent une rivalité de puissances autour de trois éléments majeurs : «Des postures historiques différentes; des enjeux géopolitiques et géoéconomiques constants, un potentiel économique sous-exploité». Cette course au leadership, selon Rachid El Houdaigui, structure les relations bilatérales et met sous tension toute la région, au détriment de l’intégration maghrébine. En conséquence, cette région paraît comme «l’espace de positionnement par excellence» où la recherche d’équilibre demeure le seul garant de la stabilité durable et de toute éventuelle intégration économique. D’autre part, il y a les pays du Golfe arabo-persique considérés comme un espace «ressources stratégiques» classique où le Maroc entretient des relations fortement institutionnalisées et progressivement interdépendantes. Ces pays constituent des partenaires politiques, diplomatiques et stratégiques qui continuent à lui fournir les éléments nécessaires pour le renforcement des attributs de puissance. En effet, le CCG, qui regroupe six Etats membres (l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, le Koweït, le Qatar, le Bahreïn et le Sultanat d’Oman) est considéré comme l'un des pôles les plus riches du monde qui cherche à diversifier ses assises économiques et à réinvestir une quantité importante de ses recettes d’hydrocarbures. Le CCG est également une source importante d’investissements étrangers.
Du déjà-vu
«Vu ces enjeux politiques, économiques et géostratégiques, il n’est pas question pour le Maroc de laisser le terrain vide à ses adversaires et de quitter ledit congrès. Le sommet d’Alger n’est qu’un épisode de plus dans la série du conflit ouvert entre Rabat et Alger. Et le Maroc a acquis l’expérience et le savoir-faire pour gérer ce genre de provocations», nous a indiqué une source sollicitant l’anonymat. Et de conclure : «Le Maroc est conscient que la diplomatie algérienne tente actuellement de renaître de ses cendres. Mais soyons sûrs que ce ne sera pas sur le dos de notre pays».