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Vers une nouvelle politique de l’eau
Selon le ministre de l’Equipement et de l’Eau, «la nouvelle politique de l'eau repose sur deux piliers, à savoir «le développement des ressources traditionnelles en eau et celles non conventionnelles ».
Le ministre a attiré l'attention sur le fait que «le recours à des ressources hydriques inhabituelles repose sur la réutilisation des eaux usées traitées pour l'irrigation des espaces verts et l’approvisionnement des nappes d'eau», soulignant un effort vigoureux «pour doubler le volume actuel à l'horizon 2027, ce qui contribuera de manière significative à l'amélioration de la sécurité hydrique dans le Royaume».
Il a ajouté, en outre, que l'un des piliers de la nouvelle politique de l'eau du Maroc est « la gestion de la demande en eau par l'amélioration de l'efficacité du rendement des réseaux de distribution d'eau potable et des canaux multiservices, à travers le programme d'efficience de l'eau pour tous les usages, ainsi que les contrats participatifs pour la gestion et l'utilisation durable des eaux souterraines.
Le ministre chargé du secteur de l'eau et de l'approvisionnement a affirmé que «la politique de l'eau adoptée accorde une importance particulière à tous les aspects de sensibilisation et de communication. Par ailleurs, il a indiqué que « l'adaptation de nos systèmes agricoles aux défis liés au changement climatique, nécessite de réfléchir à la création de filières agricoles à haute valeur ajoutée qui valorisent au mieux les ressources en eau disponibles, en choisissant les bonnes cultures et en utilisant des techniques économes en eau».
La mise en œuvre de projets agricoles résilients nécessite « des techniques et des méthodes innovantes, ainsi que des financements importants», selon le ministre, qui précise que «ces financements ne doivent pas reposer principalement sur le budget de l'Etat, mais sur des solutions financières variées et complémentaires les unes des autres », citant un certain nombre de projets qui se réalisent territorialement avec des financements collectifs entre les partenaires impliqués.
Prise de conscience stratégique
Pour Mohammed Chaoui, expert en politiques publiques, « le discours du ministre chargé du secteur de l’eau et de l’approvisionnement traduit une prise de conscience stratégique indéniable. Le fait de mettre l’accent sur des notions telles que l’efficacité, la durabilité, l’innovation, mais aussi la responsabilisation des usagers et la coordination multisectorielle, montre une volonté politique claire de réorienter la gestion de l’eau vers un modèle plus résilient et participatif ». « Cette orientation s’aligne avec les enjeux climatiques actuels, marqués par des sécheresses à répétition, une raréfaction alarmante des ressources hydriques, une surexploitation des nappes phréatiques, et une pression croissante liée à l’urbanisation, à l’agriculture intensive et au tourisme », explique notre interlocuteur en précisant, cependant, que « les défis de terrain demeurent considérables et risquent de compromettre la mise en œuvre effective des ambitions annoncées ».
Coordination institutionnelle : un maillon faible
A ce propos, Mohammed Chaoui évoque celui de la coordination institutionnelle altéré par la multiplicité des intervenants – ministères, agences de bassin, collectivités territoriales, opérateurs privés, coopératives agricoles, ONG – ce qui génère trop souvent des chevauchements de compétences, des lenteurs administratives et une perte d'efficacité dans les projets hydriques. « Une réforme structurelle de la gouvernance de l’eau s’impose pour clarifier les rôles, instaurer une transparence dans la gestion des ressources et renforcer le pouvoir d’intervention des acteurs régionaux », note-t-il.
Adaptation agricole : une réforme encore timide
Concernant l’adaptation de l’agriculture aux nouvelles conditions climatiques, notre source a rappelé que «les cultures adoptées aujourd’hui sont fortement consommatrices d’eau et elles se maintiennent, malgré leur impact négatif sur le long terme ». Et d’estimer que « le passage à une agriculture climato-intelligente nécessite non seulement des incitations financières, mais aussi un accompagnement technique, un accès facilité au matériel moderne, et surtout une revalorisation des savoir-faire locaux ». « A ce jour, ces leviers restent partiellement déployés », précise-t-elle.
Mobilisation des financements : des besoins colossaux
S’agissant du financement des projets d’adaptation et d’infrastructures, notre interlocuteur explique que « le recours à des solutions mixtes – partenariats public-privé, coopération internationale, crédits climat – est pertinent, mais il nécessite une ingénierie financière robuste, des mécanismes de suivi clairs et une gestion transparente ». « Sans cela, le risque est grand que les fonds soient mal répartis ou accaparés par les grands opérateurs, au détriment des petits exploitants ou des zones rurales vulnérables », souligne-t-il.
Gouvernance locale : un levier sous-exploité
Enfin, Mohamed Chaoui soutient que « la gouvernance locale reste un angle mort dans la stratégie nationale ». Selon lui, « trop souvent, les collectivités locales manquent de moyens pour mettre en œuvre des plans d’économie d’eau ou des campagnes de sensibilisation ».
« Pourtant, ce sont elles qui sont au plus près des réalités sociales et environnementales. Renforcer leurs capacités, leur donner des marges de manœuvre budgétaires et techniques, et instaurer des mécanismes de reddition des comptes pourraient fortement accélérer l’impact des politiques hydriques », constate-t-il. Et de conclure : « Le discours ministériel pose les bons diagnostics et ouvre des pistes prometteuses. Mais sa réussite dépendra de la capacité de l’Etat à traduire cette vision en actions concrètes, coordonnées, équitables et inclusives, à l’échelle nationale comme territoriale. Dans un pays où chaque goutte d’eau devient un enjeu stratégique, il ne s’agit plus seulement d’innover, mais aussi de transformer profondément le système de gouvernance de l’eau ».
Hassan Bentaleb