Tout en occultant le variant indien, détecté le 3 mai à Casablanca, le ministère de la Santé, par la voix d’Abdelkrim Meziane Bellefquih, chef de la division des maladies transmissibles à la direction de l'épidémiologie et de lutte contre les maladies, s’est félicité des effets positifs des mesures sanitaires mises en place par l’Exécutif à l’aube du mois sacré de Ramadan. Avec une baisse de l’ordre de 19,5% des cas d'infection au nouveau coronavirus enregistrés lors des quatres dernières semaines, la tendance est effectivement à l’optimisme. D’autant qu’elle concerne neuf des douzes régions du Royaume : Guelmim-Oued Noun (-50%), l’Oriental (-43,3%), Rabat-Salé-Kénitra (-33,7%), DakhlaOued Eddahab (-29%), Marrakech-Safi (-23,1%), Casablanca-Settat (-21.1%), Béni Mellal-Khénifra (-18,2%), Draa-Tafilalet (-8,7%) et enfin Tanger-TétouanAl Hoceima (-6,7%). Le cas de Casablanca-Settat, région la plus peuplée du pays, est révélateur d’une propagation du virus au ralenti comme en témoigne le taux de reproduction qui “a connu une baisse significative en se stabilisant en fin de semaine dernière à 0.90” d’après Abdelkrim Meziane Bellefquih. Résultat, le nombre de cas actifs a dégringolé (-31,7%), passant de 5.109 cas il y a deux semaines, à 3.878, lundi. Plus important encore, les cas critiques ou sévères admis aux unités de soins intensifs ont baissé de 20% (279 cas). Si le taux de létalité (1,8%) est un peu moins élevé que la moyenne mondiale (2,1%), 9.077 citoyennes et citoyens ont tout de même succombé au Sars-Cov2 depuis le début de l’épidémie au Maroc, le 3 mars 2020. Apprendre de nos erreurs passées pour sauver des vies doit être une priorité commune. La responsabilité de tous est engagée en temps de pandémie. Mais tout le monde ne tire pas dans le même sens. Les situations de trois régions du pays sont pour le moins préoccupantes. Il s’agit de Souss-Massa (+23%), LaâyouneSakia El Hamra (+28.8%) et Fès-Meknès (+40%). D’où les rumeurs concernant un renforcement des mesures préventives. Rumeurs démenties par les autorités. Au vrai, un serrage de vis ne serait pas superflu. Certes, tous les indicateurs sont au vert, mais il est tout de même étonnant que le variant indien n’inquiète pas plus que ça les autorités sanitaires. Une attitude qui tranche avec celle de l’Organisation mondiale de la santé. Le B.1.617, variant du nouveau coronavirus, doublement mutant, a été classé comme «préoccupant» par l’organisation onusienne. Si l’on en croit la docteur Maria Van Kerkhove, responsable technique de la lutte contre la Covid-19 au sein de l'OMS, «il y a des informations selon lesquelles le B.1.617 est plus contagieux mais aussi des éléments qui permettent de penser qu'il présente un degré de résistance aux vaccins”. Ainsi, le variant indien semble être une véritable bombe à retardement. Alors que la campagne de vaccination nationale avance à grands pas, comptant 5.903.593 Marocains vaccinés partiellement et 4.414.056 ayant reçu deux doses, la menace que fait planer le variant indien sur les efforts considérables déployés par le Royaume dans cette campagne suffit à elle seule pour nous inciter à redoubler de vigilance. Pour le moment “ rien ne suggère que nos diagnostics, nos médicaments et nos vaccins ne marchent pas. Et ça c'est important», rassure la responsable de l'OMS. Poursuivant son numéro d’équilibriste hors pair, la docteur Maria Van Kerkhove prévient : “Nous allons continuer à voir des variants préoccupants et il faut faire tout ce qui est possible pour limiter la transmission, les infections, prévenir la contagion et réduire la gravité de la maladie” Un coup, le variant indien résiste au vaccin, un coup, il n’en est rien. A l’évidence, l’Organisation mondiale de la santé n’est sûre de rien. Sa communication prudente est symétrique à ce qu’elle doit être. A la différence du Maroc qui a clairement choisi de surfer sur le vent d’optimisme nourri par les récents indicateurs épidémiologiques.