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Le mauvais génie du ministère de l’Education nationale

En huit ans, seuls 30% des établissements scolaires ont été connectés à Internet et 7% d’enseignants formés


Hassan Bentaleb
Jeudi 28 Mars 2013

Le mauvais génie du ministère de l’Education nationale
Qu’en est-il du programme Génie destiné à la généralisation des NTIC dans l’éducation  huit ans après son lancement ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En effet, seuls  30% des établissements scolaires publics ont été connectés à Internet et 7%  des acteurs pédagogiques ont été formés. Un constat d’échec que Mohamed Louafa, ministre de l’Education nationale, a eu du mal à avouer lors d’une conférence de presse qu’il a tenue hier à Rabat. Il préfère jouer la prudence en déclarant qu’il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Car si le programme  a échoué à atteindre ses objectifs, il y a des avancées qu’il ne faut pas nier mais capitaliser, a-t-il précisé.
Pourtant et à demi-mot, Louafa reconnaît que s’il y a échec de  ce dispositif, c’est aux enseignants, aux directeurs des établissements scolaires et aux inspecteurs de l’Education nationale  qu’il faut imputer la responsabilité.  En effet, il a mis à l’index le  peu d’implication et d’enthousiasme affiché par ces derniers à l’égard de ce programme.  
Le ministre donne l’exemple de nombreux établissements scolaires disposant de salles multimédias mais qui sont fermées et interdites  d’accès aux élèves. Mieux, l’intervenant n’a pas hésité à citer l’exemple de ce directeur d’établissement qui garde dans sa maison la mallette multimédia offerte par le ministère et qui coûte au budget de l’Etat 22.000 DH.  « L’Etat a fait son boulot. Il a équipé les écoles et les lycées en injectant des sommes colossales. Aujourd’hui, la balle est dans le camp du corps enseignant », a-t-il lancé avant d’ajouter que le Maroc a aujourd’hui l’opportunité d’améliorer  la qualité de son enseignement via les NTIC et qu’il peut s’approcher du niveau des pays développés. « On a un rendez-vous avec l’histoire qu’il ne faut pas rater », a-t-il affirmé.   
Mais comment le ministre de tutelle compte-t-il franchir le pas ? «En misant sur la formation», répond-il.  En effet, le département de l’Education nationale vient de signer un partenariat global portant sur les deux axes essentiels que sont la formation et la certification du corps pédagogique à travers la mise en place de Microsoft IT Academy et  la généralisation de la plateforme taalim.ma aux directeurs d’établissements, enseignants, étudiants et inspecteurs dans le but  de toucher 7,5 millions  d’élèves et représentants du corps pédagogique.
Ainsi le personnel éducatif bénéficiera-t-il d’une formation diplômante  dans le but de mieux exploiter les opportunités offertes en matière de formations spécialisées et mondialement reconnues dans le secteur des nouvelles technologies.
Louafa va même plus loin. Il compte intégrer la formation en NTIC comme critère dans la promotion des enseignants. Ce qui exige donc de nouveaux  partenaires et des ajustements qui rappellent ceux opérés auparavant et qui peinent encore à donner leurs fruits. Lancé en 2005 et considéré comme l’un des grands chantiers nationaux du système éducatif, le programme Génie est destiné à  l’équipement, à l’horizon 2008, de tous les établissements en salles multimédias connectées à Internet.  Une première évaluation du programme en 2008, menée par l’ANRT à la demande du comité de pilotage, a révélé  une insatisfaction quant à l’impact pédagogique effectif de la première phase du déploiement du programme. Ainsi, jusqu’en 2008, 1.878 établissements ont été équipés de 2.058 salles multimédias dont seulement 1.543 sont fonctionnelles.
La direction du programme Génie a donc été obligée d’élaborer un moratoire afin d’actualiser et de réajuster la stratégie initiale tout en axant son intervention sur la composante pédagogique. Le début de l’année 2009 marquera le lancement de la nouvelle feuille de route du programme sur cinq ans s’étalant de 2009 à 2013. Des changements ont été opérés au niveau de l’équipement des établissements, de l’ingénierie de la formation et des  priorités d’acquisition des ressources numériques. Un nouvel axe portant sur le développement des usages des NTIC y a été intégré. Huit ans après, le programme accuse encore du retard. Loufa va-t-il réussir là où ses prédécesseurs  ont échoué ? Affaire à suivre.


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