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Tant que les Marocains ne sont pas d’accord sur le siècle dans lequel ils veulent vivre, il faut avancer à pas mesurés vers la séparation des pouvoirs. Lorsque la société évolue vers une organisation civile, la tolérance religieuse renforce l’Etat. Dans un contexte d’extrême fragmentation, elle peut activer sa désorganisation. Il faut avant tout expliquer ce qu’on entend par séparation des pouvoirs. Il est hors de question de demander à la monarchie de s’engager vers une telle réforme avant que le sacré n’assume une dimension pleinement humaniste, sinon le risque est grand de voir les littéralistes se plaindre que l’on tourne le dos au califat et à l’islam et ameuter les masses. La convergence des droits de l’Homme et de la conscience religieuse ne peut s’effectuer que sur le terrain de l’humanisme. Et ici, il faudrait penser à Mohamed Aziz Lahbabi dont l’oeuvre essentielle : Le Personalisme musulman, publiée en 1964, est certainement d’actualité. Son approche humaniste de l’islam apparaît comme un élément stratégique dans la démocratisation. S’il devient dominant, cet islam humaniste est susceptible de contrecarrer un usage tactique de la démocratie pour établir une théocratie. On ne peut plus considérer la synthèse malékite, ashaârite et soufie suffisante; même les Almohades pensèrent qu’il était nécessaire d’étoffer leur politique culturelle et religieuse par une inclusion de la philosophie aristotélicienne. Le Maroc a besoin d’un renouveau philosophique et d’une culture politique libérale. Les musulmans adoptèrent l’islam selon toutes les interprétations possibles ; il leur reste l’interprétation humaniste appuyant la séparation des pouvoirs. Comme aurait pu le dire Spinoza, dans la théocratie la substance n’est plus par soi mais par les institutions religieuses qui considèrent que Dieu ne se soutiendrait que d’une hégémonie dogmatique et coercitive sur toutes les consciences. Faut-il faire passer la religion par une misanthropie qu’on imagine au service de Dieu? Si on barre la route à une évolution libérale, si encore on la fausse, en en faisant un jeu et un spectacle, loin de promouvoir les droits individuels, l’option islamiste recueillera de plus en plus de sympathisants. On observe déjà une telle tendance : la sécularisation superficielle de la dernière décennie (2001-2010) et les progrès de l’islamisme. L’élite marocaine éclairée n’est pas en selle. Il est clair qu’on ne veut pas encourager ou promouvoir la constitution d’une élite qui demandera une réelle séparation des pouvoirs, mais on ne peut pas tailler sur mesure l’élite que l’on désire. Il y a des effets sociaux non maîtrisables. A défaut d’une postulation libérale réelle, la généralisation de la sensibilité islamiste serait inévitable; restera à résoudre le problème du leadership. Qui aura cette stature nationale ? La société y pourvoira. Khomeiny n’avait rien d’un leader, il devint incontournable à cause des fautes monumentales du Shah. Entre le coup d’Etat qui renversa Mossadeq et 1979, il ne sut nouer aucune alliance significative sur le plan national. Il était trop sûr de lui pour faire de la politique (comme les Ben Ali, Moubarak, Kadhafi, etc.). Il n’y a pas de véritable nationalisme sans un niveau minimum de séparation des pouvoirs. Sans citoyenneté basée sur le droit, il n’y a que des opportunistes, des filous et des traîtres. L’existence de juges, d’officiers de police, de fonctionnaires et d’avocats intègres ne peut en aucune façon protéger le citoyen de ceux qui ne le sont pas. La séparation des pouvoirs rendra à la justice sa crédibilité, à l’administration son accessibilité, intégrité et impartialité, au Parlement son rôle moteur, et réduira de façon significative la corruption ambiante. Ce n’est pas la séparation des pouvoirs qui pourrait nuire à l’unité nationale. C’est le défaut de garantie des droits qui fragilisa le Maroc dans le passé et qui ralentit le processus d’intégration définitive des Sahraouis qui furent sensibles à une propagande anti-marocaine, comme de nombreux militants avaient contesté la marocanité du Sahara parce qu’ils étaient très hostiles au régime de Hassan II. Les agissements du Makhzen ternissent l’image du Maroc et rendent difficile la défense de notre cause. Et si on suggère que les islamistes seraient les grands perdants de la séparation des pouvoirs, car la wilayat al faqih ou ce qui lui tient lieu, serait à tout jamais exclue, il ne faut pas oublier qu’ils auraient évité le risque d’une politique d’éradication à l’algérienne. En plus, rien n’empêche des islamistes modérés de gouverner comme le montre l’expérience turque. Ainsi, la séparation des pouvoirs vise à protéger l’individu de l’Etat, de la majorité d’une assemblée quelconque (d’une démocratie de «vermine» comme celle qui condamna Socrate), de la société (fanatisme religieux ou ordre moral coercitif) et d’autrui. Les Marocains ont une telle agressivité les uns vis-à-vis des autres, qu’il leur faut d’urgence cette séparation des pouvoirs. Le mal que peut commettre l’individu excède infiniment ses capacités de réparation (vie, liberté, fortune) et justement la séparation des pouvoirs vient limiter l’ampleur des dégâts que l’on peut occasionner. Qu’est-ce que le crime en fait ? Ce n’est, à bien réfléchir, qu’une confusion des pouvoirs : on légifère, on juge et on exécute en toute souveraineté, sans consulter autrui et à son détriment. L’émergence de la société civile avec ses organisations de droits et son tissu associatif est l’antithèse du Makhzen. Dans cette lutte à peine feutrée entre société civile et Makhzen, celui-ci s’expose, par son attitude orrogante et indifférente à un désaveu grandissant. Ce n’est pas une petite oligarchie avide qui pourrait mener proprement le Maroc. Les intellectuels doivent avoir un rôle plus important que ce qui leur est reconnu et à défaut d’être sollicités, prendre des initiatives. Les démocrates ne doivent pas croire que le Makhzen s’est écroulé ou est près de le faire, n’en déplaise à Mohamed Elyazghi qui annonça que le Makhzen n’existait plus. Ce n’est pas assez que les intellectuels et les classes moyenne et supérieure soient plutôt en faveur de la séparation des pouvoirs, il faut aussi instruire le peuple dans ce sens. Il faut même partir à la conquête de la classe moyenne et le peuple suivra. Quant à la bourgeoisie, elle est d’essence en faveur de la séparation des pouvoirs. Elle souffre d’une tutelle ancienne. La séparation des pouvoirs doit être portée par le front le plus large possible qui doit aboutir à un changement significatif autour de la monarchie. Il est hors de question d’aboutir à une situation où le califat sera déclaré vacant, l’allégeance suspendue et de voir chaque groupe islamiste produire un plan de restauration de l’imāmat. La monarchie alaouite peut et doit accompagner, avec les frictions inévitables, mais tel est le domaine du politique, le processus de séparation des pouvoirs. On a beaucoup parlé de la suppression de l’article 19 (Constitution de 1996), sans se poser la question des conditions préalables : un Parlement et une classe politique crédibles, des élites ayant le sens du devoir national, un esprit positif et surtout une culture du droit. Les démocrates ne sont nullement organisés pour la pression, parce qu’ils n’ont pas de masse critique sur le plan national et que sur le plan international, ils n’ont aucune visibilité pour cause de cécité occidentale. Peu nombreux, isolés, ces démocrates sont laissés à l’abandon et sont tout désignés à la cooptation ou à l’oubli. La supériorité de l’attitude de l’Etat sur les islamistes à cet égard réside dans le fait que ceux-ci anathématisent les démocrates quand l’Etat leur tient un discours ambigu.
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