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L’information n’a rien de nouveau. Elle circule depuis quelques jours dans certains médias. Selon ces mêmes sources, le Maroc entend renégocier la taxe imposée sur une gamme de produits, pour lesquels des "règlements négatifs" ont été élaborés, notamment les textiles, les barres de fer, les voitures, entre autres.
Dans le cas de l'Egypte, cela concerne 6 produits, à savoir les poudres, les matériaux inflammables, les pneus, les vêtements usagés, les barres d'armature et les voitures. Quant à la Tunisie, le Maroc imposera une taxe de 17,5% sur les tapis et autres articles ménagers et de bureau importés de ce pays.
S’agit-il d’un virage stratégique dans ses accords de libre-échange ? Notre pays compte-t-il revoir de fond en comble ces accords ? L’Egypte et la Tunisie seront-elles les seuls pays concernés ou y aura-t-il d’autres, sachant que le Maroc a signé près d’une soixantaine d’accords de libre-échange depuis 1996 avec 56 pays? Et enfin, le contexte actuel de crise permet-il ce genre de révisions ?
Pour Hicham Attouch, professeur d’économie à l’Université Mohammed V de Rabat, la question d’une révision générale des accords de libre-échange n’est pas d’actualité au vu du contexte général de notre économie, de celui de crise, de l’instauration d’un nouveau gouvernement et de la mise en place d’un nouveau modèle de développement.
« Il y aura certes des retouches pour combler des insuffisances ou apporter des compléments. Mais, il ne s’agit en aucun cas d’une révision en profondeur. Le contexte international et la nature des relations avec ces pays ne permettent pas une telle révision », nous a-t-il indiqué. Et de préciser : « D’autant plus que cette question ne figure pas parmi les priorités du nouveau Exécutif qui accorde aujourd’hui toute son attention à deux dossiers, à savoir celui des entreprises et établissements publics et celui de la couverture sociale. En effet, ni le programme du gouvernement ni la loi de Finances n’évoquent un quelconque changement dans ce sens ».
Hicham Attouch estime que des logiques politiques orientent la position du Maroc concernant ces accords de libre-échange. « Le Maroc a toujours opté pour la logique d’entente et non pas celle de rupture. Notamment dans le contexte actuel où la situation est confuse au niveau du commerce international. D’autant que la Tunisie et l’Egypte sont des pays amis et soutiennent la position du Maroc au niveau du dossier du Sahara », nous a-t-il expliqué. Et d’ajouter : « A noter également que le volume du déficit entre ces pays et le Maroc demeure stable ».
Notre interlocuteur estime que toute révision ne sera pas décisive comme en atteste celle de l’accord de libre-échange avec la Turquie. Concrètement, si les deux parties ont accepté d’intégrer à l’accord initial une liste négative de plus de 1.200 produits locaux subissant l’impact des importations turques et une éventuelle évaluation annuelle de ladite liste, notre source pense qu’Ankara a su développer tout un savoir-faire qui lui permet de détourner les mesures prises à son encontre.
Pour notre source, les résultats de cette révision étaient mitigés. « Le Maroc n’a rien gagné et n’a rien perdu non plus. Si le Maroc est gagnant au niveau de l’emploi, il est perdant au niveau des exportations. En effet, une fermeture de la chaîne de magasins turcs Bim aura des conséquences fâcheuses sur le plan de l’emploi », a-t-elle souligné.
En outre, notre source avance que s’il y a une vraie volonté de remise en cause des accords de libre-échange, ceux signés avec l’UE auront la priorité au vu du volume des échanges et au regard de la dernière crise politique avec certains pays européennes (Espagne et Allemagne) en précisant que le volume des échanges entre l’Egypte et la Tunisie d’une part et le Maroc d’autre part reste moins important que celui entre le Maroc et l’UE.
Selon certains chiffres non officiels datant de 2020, le Maroc importe d'Egypte 446 millions de dollars par an, alors que ses exportations ne dépassent pas 90,3 millions de dollars, et il en va de même pour la Tunisie, où les données de 2019 indiquent que la valeur de ses importations vers le Maroc s'élevait à 236 millions de dollars, alors que la valeur des exportations du Maroc vers ce pays ne dépasse pas 89,26 millions de dollars.
Les mêmes chiffres révèlent que le déficit commercial du Maroc s'est aggravé au cours de l'année dernière, atteignant 164,17 milliards de dirhams au cours des dix premiers mois de 2021, soit une augmentation de 26,6% par rapport à la même période en 2020, selon les chiffres du bureau de change.
« Donc d’un point de vue stratégique, la question d’une révision profonde des accords de libre-échange ne figure pas sur l’agenda gouvernemental. Il s’agit plutôt d’une révision superficielle qui n’aura pas d’impacts significatifs sur la balance commerciale nationale » a conclu Hicham Attouch.
Hassan Bentaleb
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Globalement, ces accords ont certes permis au Maroc de s’équiper et d’exporter davantage, mais ses importations ont crû beaucoup plus vite que ses exportations.
Avec l’Union européenne, principal partenaire du Maroc, les exportations sont passées de 59,4 milliards de DH en 2001 à 182,5 milliards de DH en 2018. Soit une hausse de 123 milliards.
Mais en face, les importations sont passées de 70,6 milliards de DH à 260,7 milliards. Soit une hausse de 190 milliards.
Le déficit commercial avec l’UE a donc été multiplié par sept, passant de 11 milliards de DH à 78 milliards.
Le même constat est valable pour les Etats-Unis (déficit commercial de 25 milliards de DH en 2018), la Turquie (16 milliards de DH) et les pays de l’Accord d’Agadir (plus de 5 milliards de DH).