Sa Majesté le Roi Mohammed VI a eu dimanche un entretien téléphonique avec le Président de la République fédérale du Nigeria, Muhammadu Buhari, indique un communiqué du cabinet Royal relayé hier par l'agence MAP. Au cours de cet entretien, les deux chefs d'Etat se sont félicités de la dynamique positive que connaissent les relations bilatérales dans tous les domaines, depuis la visite Royale au Nigeria en décembre 2016 et celle du Président Buhari au Royaume en juin 2018. Le Souverain et le Président nigérian ont marqué leur détermination commune à poursuivre et concrétiser, dans les meilleurs délais, les projets stratégiques entre les deux pays, particulièrement le gazoduc Nigeria-Maroc et la création d’une usine de production d’engrais au Nigeria. Le Président Buhari a, en l'occasion, remercié Sa Majesté le Roi pour l’appui solidaire du Royaume dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, notamment à travers la formation des imams nigérians à l’Institut Mohammed VI de formation des imams, mourchidines et mourchidates, conclut le communiqué. Projet à caractère stratégique et structurant qui constitue la pierre angulaire de l'intégration régionale en Afrique de l'Ouest, le gazoduc évoqué par les deux chefs d'Etat sera, selon les experts, un catalyseur du développement socio-économique de tous les pays de la région et confortera la volonté de coopération régionale au bénéfice de l'ensemble du continent africain, Le cadre juridique qui en a permis l'existence résulte des deux accords signés en 2016 à Abuja en présence des deux chefs d’Etat marocain et nigérian, à savoir: -L’accord de partenariat stratégique (Strategic Partnership Agreement SPA) qui va appuyer ce projet d’envergure et qui a été signé entre le Fonds souverain marocain, Ithmar Capital et le Fonds souverain du Nigeria, Nigeria Sovereign Investment Autority NSIA. -Le mémorandum d’entente (Memorandum of Understanding MoU) signé entre les deux partenaires, qui concrétise l’adhésion de NSIA à l’initiative GGIF for Africa initiée lors de la COP22 par la Banque mondiale et le Maroc. On peut en effet penser que l’initiative GGIF for Africa pourrait être mise à contribution dans le cadre du financement d’une partie du gazoduc. L’usage du gaz naturel est en effet moins impactant que le pétrole ou le charbon en matière d’émissions de GES (gaz à effet de serre). En tant que projet majeur destiné à favoriser l’intégration économique régionale, ce pipeline dont la réalisation a été soutenue par la CEDEAO, sera conçu avec la participation de toutes les parties prenantes. Parmi ses retombées figurent, entre autres, l’accélération des projets d’électrification dans toute la région de l’Afrique de l’Ouest. Laquelle deviendra ainsi un marché régional compétitif de l’électricité, susceptible d’être relié au marché européen de l’énergie. Avec la disponibilité du gaz et l’électrification des sous-régions traversées, on pense bien sûr au développement de pôles industriels intégrés dans des secteurs tels que l’industrie, l’agro-business et les engrais, afin d’attirer des capitaux étrangers, d’améliorer la compétitivité des exportations et de stimuler la transformation locale des ressources naturelles, largement disponibles pour les marchés nationaux et internationaux. C’est dire que le projet fait rêver. Les personnes et institutions qui y sont impliquées évoquent d’ailleurs “un plan Marshall pour l’ouest africain“ tant l'intégration des économies de la région, les interdépendances régionales, relations bilatérales et mutlilatérales, font partie des possibilités qu'il ouvrira. Le continent africain a, en effet, besoin d'une intégration économique améliorée (aujourd’hui 17%) et ce projet de coopération intra-africain découle d’une démarche visant à faire du co-investissement la clé du co-développement humain et durable au service des peuples africains. Ce projet structurant permettra aussi à terme à tous les pays traversés d'alimenter leurs centrales respectives en gaz, mais aussi leurs unités industrielles et domestiques en énergie propre et à explorer les opportunités d’investissement dans des secteurs stratégiques, notamment la sécurité alimentaire, les infrastructures et les énergies renouvelables, Le projet de gazoduc Nigeria - Maroc incarnera donc, par sa portée ambitieuse et par son impact socio-économique profond, un modèle novateur et pionnier de coopération A Sud-Sud.