Un front social contre le gouvernement Benkirane est, semble-t-il, en train de prendre forme. Exacerbées par la politique antisociale et antipopulaire que l’Exécutif ne cesse de mener depuis deux ans, trois grandes centrales syndicales, en l’occurrence la Fédération démocratique du travail (FDT), la Confédération démocratique du travail (CDT) et l’Union marocaine du travail (UMT) se sont montrées déterminées à s’y opposer énergiquement en fédérant leurs efforts et leurs actions.
Jeudi, ces trois grandes centrales syndicales se sont réunies à Dar Al Mouhami (Maison de l’avocat) à Casablanca pour passer en revue les politiques publiques dans le domaine social mises en œuvre par le gouvernement Benkirane et les réformes qu’il compte engager concernant les caisses de retraite et de compensation.
C’est la deuxième réunion que tient cette commission de coordination composée des membres dirigeants de ces centrales syndicales depuis sa constitution dans l’objectif d’analyser la situation politique et sociale et de proposer un programme de contestation pour faire face à la politique antisociale de l’Exécutif.
Selon le communiqué de presse publié à l’issue de la réunion de jeudi, les trois centrales syndicales ont exprimé leur rejet catégorique « des décisions unilatérales prises par le gouvernement concernant les systèmes de retraite et visant à imposer aux salariés de travailler plus longtemps et de cotiser davantage pour une maigre pension ». Ils ont rappelé que la réforme des systèmes de retraite a été l’une de leurs revendications depuis les années 80. Selon eux, toute réforme de ces systèmes doit être globale pour « préserver la cohésion sociale, et garantir les équilibres sociétaux et une retraite digne pour tous les fonctionnaires et les salariés, tout en sachant que la responsabilité des dysfonctionnements structurels profonds des systèmes de retraite incombe, en grande partie, à la mauvaise gestion de l’Etat », a précisé la même source.
Les centrales syndicales ont, par ailleurs, mis en garde le gouvernement contre l’« aggravation de la tension et contre les atteintes à la paix sociale ».
Selon Abderrahmane Azouzi, secrétaire général de la FDT, les bureaux exécutifs des trois centrales syndicales tiendront, prochainement, une réunion pour discuter des formes de protestation et des actions à entreprendre pour contrer la politique antisociale et antipopulaire du gouvernement surtout que celui-ci a gelé le dialogue social avec les syndicats et refuse d’appliquer des dispositions de l’accord signé en 2011 sous le gouvernement d’Abass El Fassi même si certaines dispositions dudit accord n’avaient aucune incidence sur le budget de l’Etat.
A rappeler que le Premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachguar, avait appelé, lors d’une visite historique au siège central de l’UMT il y a presque un an, les centrales syndicales les plus représentatives à former un front social pour contrer la politique de paupérisation du gouvernement. Laquelle politique, selon Driss Lachguar, ne pénalise pas seulement les couches sociales défavorisées, mais également les classes moyennes, ce qui risque d’engendrer des tensions sociales.