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Le fléau de la corruption endémique persiste malgré un léger mieux

Comment le Maroc peut en guérir 


Mourad Tabet
Vendredi 23 Février 2018

«Le Maroc a légèrement amélioré son score et son classement ». Tel est le constat dressé mercredi par Azeddine Akesbi, membre de Transparency Maroc, lors de la présentation des résultats de l’Indice de perception de la corruption en 2017.
Selon lui, le Maroc « se situe toujours dans une zone de corruption endémique avec un score moyen de 37,6 sur les 6 dernières années ». En 2017, le Maroc est classé à la 81ème place avec 40 points dans un classement comprenant 180 pays.
Il convient de rappeler que l’IPC se base sur différentes sources d’enquêtes pour établir un score et un classement des pays sur une échelle de corruption et de manque de transparence allant de 1 à 100. Ce qui veut dire que « 1 signifie que le pays perçu comme extrêmement corrompu et 100 signifie que le pays est perçu comme extrêmement intègre », indique le document qui a été distribué au début de cette conférence de presse au cours de laquelle il a été procédé à la présentation de la direction de Transparency Maroc récemment élue.
Le score que le Maroc a obtenu en 2017 est le fruit de 7 enquêtes menées par différentes institutions. Selon Azeddine Akesbi, chaque institution a donné une note différente de celle donnée par les autres organismes. A titre d’exemple, PRS International Country Risk Guide a donné une note de 48, alors que la note la plus faible a été attribuée par Bertelsmann Fundation Transformation Index. 
Concernant les pays arabes, ils ont, en majorité, des scores très faibles avec une corruption systémique, à l’exception de quelques-uns d’entre eux comme les Emirats arabes unis (score 71), le Qatar (63) et l’Arabie Saoudite (49).   
Pourtant une remarque s’impose, selon Azeddine Akesbi qui a insiste sur l’analyse et l’interprétation des résultats de l’IPC. A titre d’exemple, l’Arabie Saoudite est mieux classée que le Maroc, mais l’on sait que ce pays a obtenu un score nul en ce qui concerne l’indice du budget ouvert, c’est-à-dire qu’il  baigne dans la plus totale des opacités. Comment expliquer donc la position de ce pays sur l’IPC ? D’après ce membre de Transparency Maroc, cela réside notamment dans le fait que l’IPC se base sur la perception que les citoyens ont de la corruption qui gangrène le secteur public notamment, «la petite corruption».
Concernant les pays du Grand Maghreb, la Tunisie est la mieux classée puisqu’elle arrive à la 74ème  position avec un score de 42 points sur 100. Elle est suivie du Maroc, de l’Algérie à la 112ème place (33 points), de la Mauritanie à la 143ème position (28 points) et enfin de la Libye à la 171ème place avec 17 points.
Au niveau africain et arabe, le Maroc se trouve ainsi devancé par 14 pays, à savoir le Qatar (29ème place), le Cap-Vert et le Rwanda (48ème place), la Namibie (53ème place), l’Ile Maurice (54ème place), l’Arabie Saoudite (57ème place),  la Jordanie ( 59ème place), Sao Tomé-et-Principe (64ème place), le Sénégal (66ème place), Oman (68ème place),  l’Afrique du Sud (71ème place), le Burkina Faso et le Lesotho (74ème place) et la Tunisie (74ème place). Il occupe ainsi la même place que le Ghana, à savoir la 81ème.
Au niveau international, plusieurs pays nordiques figurent dans le haut du classement dont le Danemark (2ème place), la Finlande, la Norvège (3ème place ex-aequo avec la Suisse) et la Suède (6ème position). A l’instar de l’année dernière, c’est la Nouvelle-Zélande qui occupe la 1ère place.
En bas de classement se retrouvent la Somalie (180ème et dernière), le Soudan du Sud, la Syrie, l'Afghanistan et le Yémen.
Que faire pour sortir du cercle vicieux de la corruption endémique dont souffre le Maroc depuis des années ? «La solution se trouve entre nos mains», a tranché Azeddine Akesbi ajoutant que Transparency Maroc estime que la lutte contre ce fléau passe nécessairement par la promotion de la transparence et de la redevabilité via la mise en œuvre de la loi d’accès à l’information, la réactivation de l’Instance de probité et de lutte contre la corruption, l’adoption d’une loi sur le conflit d’intérêts, «la décongélation» du Conseil de la concurrence, la protection effective des témoins dans les affaires de corruption et la réforme ainsi que la mise en œuvre effective des lois relatives à la déclaration du patrimoine.
 

Peu de Marocains portent plainte

Les Marocains ont été moins nombreux à porter plainte contre la corruption en 2017. Les trois Centres d’assistance juridique anti-corruption (Cajac) à Rabat, Fès et Nador n’ont reçu que 301 plaintes en 2017. Ce chiffre a nettement baissé par comparaison à l’année 2016 où les trois centres avaient reçu 478 plaintes en 2016.  
Le rapport du Cajac fait ressortir une majorité de plaignants plutôt de sexe masculin, à l’heure où les plaignantes se font rares. Ainsi, le document fait état de dénonciations de corruption à hauteur de 75% par des hommes et 19% par des femmes.
 Cette régression du nombre de plaintes en 2017 s’explique par le sentiment d’insécurité chez les dénonciateurs comme le fait remarquer le dernier rapport du Cajac de Transparency Maroc.  
33% des réclamations enregistrées concernent les autorités locales. Viennent ensuite les secteurs de la justice (10%), de la santé (8%), de la police (8%), des transports (8%), les communes rurales et urbaines (5%) et la gendarmerie (5%). Le reste est réparti entre les établissements pénitentiaires (3%), le sport (3%) et le foncier (2%).  
Les pratiques d’abus de pouvoir et de trafic d’influence totalisent 18% des doléances et 8% des plaintes portent sur le manque de transparence. 
Les affaires liées au détournement de fonds publics représentent quant à elles 5% des plaintes et les conflits d’intérêts (2%). 
S’agissant de la répartition des plaintes par région, le rapport signale que Fès-Meknès arrive en tête avec 36% suivie de Rabat-Salé-Kénitra (18%), Casablanca-Settat (15%), l’Oriental (13%), Béni Mellal-Khénifra (8%), Marrakech-Safi (5%) et Tanger-Tétouan-Al Hoceima (5%). 
Dans son rapport, le Cajac précise avoir adressé en 2017 42 correspondances aux autorités publiques et qu’il n’a reçu que 12 réponses.


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