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La même ONG a précisé, par ailleurs, que le nombre d’enfants qui se sont rendus en Irak ou en Syrieseuls ou en compagnie de leurs familles parties rejoindre Daech a atteint 4.640.
Ces enfants ont été emmenés malgré eux ou recrutéspour porter des armes, garder des lieux stratégiques voire arrêter des civils. Ils ont également été exploités dans des attentats suicide,ont été témoins d'une violence et ont subi un endoctrinement extrême. Depuis la chute del’EI, beaucoup d'entre eux vivent dans des camps de déplacés.
Pour Terres des Hommes, quel que soit le rôle qu’ils aient joué, qu'ils aient été recrutés ou que leurs parents aient été impliqués dans le groupe EI, ces enfants ont des droits énoncés dans la Convention relative aux droits de l'enfant. Notamment dans le Protocole facultatif à la Convention sur l'implication des enfants dans les conflits armés qui prohibe formellement le recrutement d’enfants dans des forces armées et oblige les Etats à interdire l’enrôlement d’une personne de moins de 18 ans pour faire la guerre.Ce protocole rappelle que les enfants n’ont ni la maturité, ni le développement physique et mentalnécessaires pour comprendre la gravité et les conséquences de leur enrôlement dans des forces armées.
Le protocole condamne aussi le phénomène des enfants-soldats et donne à ce terme une définition très large afin de pouvoir protéger le plus grand nombre d’enfants impliqués dans des conflits armés.
Selon ledit protocole, un enfant-soldat peut être esclave sexuel, domestique, cuisinier, sentinelle, mineur ou démineur…, recruté par la force ou volontairement.
« Le dossier de ces enfants est explosif puisqu’ils sont considérés comme des terroristes en devenir. Il faut souligner que Daech a créé tout un secteur dédié aux enfants afin de leur inculquer la pensée et l’idéologie de l’Etat islamique. Ces enfants posent donc problème à cause de leur éducation et de leur socialisation. Ils ont grandi dans un environnement violent marqué par le décès de leurs pères par des coups de feu et par des mères qui croient fort en l’idéologie islamiste et refusent de rompre avec la pensée intégriste », nous a indiqué Abdellah Rami, spécialiste des groupes djihadistes. Et de poursuivre : « Il y a une certaine peur et du doute concernant le retour de ces enfants. Même dans les pays européens, les responsables de ce dossier ne savent pas où donner de la tête puisqu’il n’y a pas de recette miracle pour solutionner ce problème. En effet, nombreux sont ceux qui se demandent s’il fautcarrément séparer ces enfants de leurs familles ou s’il faut les rapatrier avec leurs mères uniquement et laisser leurs pères où ils sont. Des interrogations des plus compliquées puisqu’elles suscitent plusieurs contraintes juridiques et pratiques ».
Le Maroc fait partie des pays qui ont accueilli certains de ces enfants de djihadistes. Mais, rien n’a filtré concernant le traitement de ce dossier par les officiels marocains. « Il y a eu lancement d’une étude sur l’intégration des familles de retour des camps de Daech à laquelle j’ai participé avec d’autres chercheurs, mais nous ne savons rien concernant le sort qui a été réservé aux recommandations de cette étude », nous a précisé notre source. Et d’ajouter : « Nous avons pris connaissance de l’existence de certains programmes élaborés en coordination entre les services sécuritaires et la Rabita Mohammadia des oulémas. Ces programmessont destinés à écouter et à aider les djihadistesde retour. Mais, en règle générale, on note l’absence de programmes ou de mesures spéciales destinés à ces personnes. Laplupart du temps, notre pays bénéficie des programmes internationaux en coordination avec les sécuritaires marocains et ladite Rabita ».
Pourtant, notre expert tient à noter qu’il faut faire la distinction entre les djihadistes de Daech et ceux d’Al Qaïda. « Les premiers ne sont pas concernés par ces programmes puisqu’ils refusent tout retour au Maroc et qu’ils ne sont pas prêts à faire des concessions au niveau idéologique. A l’inverse, ceux d’Al Qaïda ou les pro-Al Qaïda ont accepté de retournerau pays et de remettre sur le métier leur bagage idéologique djihadiste », nous a-t-il expliqué. Et de préciser : « Pour les combattants marocains de Daech, il n’est pas question d’opérerune quelconque rupture avec la pensée et l’idéologie de cette nébuleuse terroriste. Ils ne sont pas non plus prêts à fournir des informations aux services sécuritaires marocains ni à purger des peines de prison. Rares sont ceux qui sont retournés au Maroc. Il s’agit la plupart du temps de cas individuels et isolés ».