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Les travées étaient pleines, mais les cœurs absents. Car les véritables poumons de cette enceinte — les ultras du Raja et du WAC — avaient choisi le boycott. Un message clair, dur, radical : on ne fait pas de nous des figurants de circonstance, des marionnettes qu’on brandit pour la photo de famille, puis qu’on remettrait dans l’ombre dès que la fête est finie. Ainsi, au lieu des chants frénétiques, des tifos majestueux et des tambours qui vibrent jusque dans les entrailles de la ville, c’est une ambiance feutrée qui a accompagné les vingt-deux acteurs sur la pelouse. Une atmosphère presque étrange, étrangère à ce que Casablanca a toujours su offrir au football.
Un match vivant, un contexte pesant
Pourtant, sur le rectangle vert, l’intensité était bien là. Dès les premières minutes, le Wydad — comme piqué au vif par l’enjeu — s’est montré pressant, étouffant la relance rajaouie. A la 16ème minute, Oussama Zemraoui s’écroule dans la surface, accroché par Hilal Firdousi. L’arbitre n’hésite pas : penalty. Mohamed Rayhi le transforme avec sang-froid. Les Rouges prennent l’avantage et croient avoir fait le plus dur.
Mais comme souvent dans un derby, rien n’est jamais écrit à l’avance. A peine dix minutes plus tard, le Raja réagit avec panache. Ayoub Maamouri déclenche une action éclair, relayée par Bougrine, qui décale intelligemment El Houcine Rahimi. D’un tir précis, ce dernier remet les deux équipes à égalité. C’est la 27ème minute, et le match est relancé.
Avant la pause, Rahimi, en pleine forme, manque de doubler la mise. Seul face à Mehdi Benabid, il arme une frappe lourde que le portier wydadi repousse d’un superbe réflexe. Un arrêt qui sauve les siens d’un renversement total.
Une seconde mi-temps déséquilibrée, un score figé
Au retour des vestiaires, le rythme baisse. Le WAC, plus entreprenant, domine territorialement. Thembinkosi Lorch trouve les montants, Mokwena hurle sur son banc, sentant que le match peut basculer à tout moment. Mais la défense du Raja, bien en place, résiste. Elle plie, mais ne rompt pas.
Les minutes s’égrènent, et avec elles l’espoir du Wydad de recoller au sommet du classement. Le Raja, quant à lui, semble se satisfaire de ce point pris dans un contexte délicat. Les derniers assauts wydadis n’y feront rien : l’arbitre siffle la fin sur ce match nul, mi-consensuel, mi-frustrant.
Un nul aux allures de sentence
Sportivement, ce partage des points n’arrange vraiment personne. Le Wydad, toujours troisième avec 44 points, voit la course pour la deuxième place qualificative à la Ligue des champions s’éloigner, tandis que le Raja stagne en milieu de tableau, neuvième avec 38 unités. Mais l’enjeu dépasse le classement.
Le silence orchestré par les groupes ultras a pesé sur chaque geste, chaque occasion, chaque décision arbitrale. Il a rappelé à tous, avec une puissance symbolique rare, que le football, même dans sa version la plus technique, la plus stratégique, reste un spectacle d’âme. Et sans les tribunes, il perd de sa magie.
A Casablanca, on ne joue pas un derby. On le vit, on le chante, on le crie. Ce samedi soir, ce souffle manquait. Et malgré les buts, malgré l’intensité, ce derby restera comme un écho inachevé. Un avertissement, peut-être, à ceux qui croient que le football peut continuer sans ceux qui l’habitent de leur passion.
Mehdi Ouassat