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Le ”concours qualité” 2010 : Des hôpitaux primés pour des malades déprimés…


R.A
Mercredi 5 Janvier 2011

Yasmina Badou aura tout tenté pour redorer l'image de ses hôpitaux. Hélas, paraît-il, tous ses efforts tombent à vau-l'eau. Seuls quelques centres hospitaliers dérogent, en quelque sorte, à la règle générale. Sur le tas, la réalité est loin d'être satisfaisante. Elle ne reflète nullement tous ces efforts et moyens déployés pour améliorer la qualité des services dans les centres hospitaliers, toutes catégories confondues. Les saletés et la corruption, ces deux phénomènes que la ministre et son département s'efforcent de combattre, persiste et s'ajoutent à d'autres plus graves. Entre autres, le manque d'humanisme et de respect des malades ne fait pas le bonheur des usagers des hôpitaux de Badou. Le reportage réalisé par Libé dans le Centre hospitalier Ibn Rochd à Casablanca montre une image différente que celle véhiculée par le ministère, sa délégation régionale et l'administration de l'hôpital. En un mot : rien n'a changé sauf les décors et les couleurs des murs. La corruption demeure monnaie courante depuis la porte d'accès. Les saletés et la négligence aggravent la situation des malades.  Cela dit, certains observateurs commencent sérieusement à douter de l'efficacité du Concours Qualité 2010 et de la crédibilité de ses résultats. Pour eux, «le ministère tente uniquement de cacher certains aspects négatifs de la santé au Maroc en organisant des concours bidon». Le cas du légendaire Centre hospitalier Ibn Rochd n'est pas unique. Selon des témoignages concordants, les usagers des hôpitaux de Badou seraient forcés de verser des sommes de 30 DH, parfois plus, à chaque porte d'accès à partir de la grande porte de l'hôpital. C'est, dit-on, l'unique moyen d'y accéder et de convaincre la plupart des agents de sécurité privés installés devant le portail de l'hôpital.
Pour ce qui est de ce Concours Qualité 2010, organisé en partenariat avec GTZ, le ministère de la Santé a bien communiqué sur cet événement. Plusieurs personnalités ont été invitées à la cérémonie de remises des prix qui a eu lieu le 13 décembre 2010 dans un grand hôtel à Rabat. Entre autres : «L'Ambassadeur de la République fédérale d'Allemagne, les représentations partenaires des organismes des Nations unies et des organismes de coopération bilatérale et multilatérale établis au Maroc, ainsi que les chefferies des délégations du ministère aux provinces et préfectures du Royaume, des centres hospitaliers, des services de maternité et des centres de santé», fait savoir le site du ministère. D'après cette source, «l'édition 2010 du Concours Qualité s'est caractérisée par la participation de 100% des délégations, 100% des hôpitaux généraux  et de 392 centres de santé à travers toutes les régions du Royaume… Au total, la 3e édition a connu la participation de 661 structures de santé contre 212 en 2008.» Et d'ajouter : «La 3e édition s'est distinguée également par le lancement pour la première fois d'un concours qualité pour les maternités hospitalières (au nombre de 101) pour consolider l'effort engagé dans le cadre du plan d'accélération de la réduction de la mortalité maternelle». «Cet événement est en fait un coup de pub qui demeure loin de la réalité. Les hôpitaux et les centres de santé mériteraient plutôt une restructuration avec un renforcement important des ressources humaines et techniques au lieu de gaspiller le temps et l'argent dans de débiles et stériles manœuvres qui ne servent à rien», crient des syndicalistes de la Santé. Pour eux, «la majorité de ces centres primés (voir tableau des résultats) souffrent d'une insuffisance chronique de moyens techniques et humains. Pire, les stocks de certains médicaments importants sont en cours de rupture».  A quoi bon un concours pour des hôpitaux qui ne servent pratiquement à rien ? Les malades sont privés des services et même d'accès à certains services. Parfois, ils sont prêts à payer cher les soins qu'on leur refuse sous différents prétextes. Ces mêmes prétextes sont le mobile quotidien du personnel qui les invite à faire des analyses et des radiographies dans des centres privés, installés, miraculeusement juste en face des centres publics. Le comble : ces mêmes centres privés appartiennent en majorité à des chefs de services de ces mêmes hôpitaux ou à leurs proches. 


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