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Le Souverain à Brazzaville en qualité d’“Invité spécial”


Alain Bouithy
Samedi 28 Avril 2018

S.M le Roi  et le président Sassou Nguesso à Brazaville le 23 février 2006.
S.M le Roi et le président Sassou Nguesso à Brazaville le 23 février 2006.
La République du Congo accueille ce week-end le 1er  Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Commission climat du Bassin du Congo et du Fonds bleu pour le Bassin du Congo (F2BC).
S.M le Roi Mohammed VI est l’«Invité spécial » de cette rencontre de haut niveau dont les travaux se dérouleront au Centre international de conférences de Kintélé situé dans la banlieue nord de la capitale congolaise, Brazzaville.
D’après le programme présenté par les autorités congolaises,  le Souverain, dont la dernière visite au Congo remonte à février 2006, devrait prononcer une allocution à l’ouverture de ces Assises programmées le 29 avril et qui verront la participation de plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement dont ceux des pays de la Commission.
Signalons que le Souverain, qui apporte son soutien au Fonds bleu au niveau international, s’exprimera en premier en sa qualité d’«Invité spécial ». Il sera suivi par ses homologues Paul Kagame du Rwanda et Ali Bongo Ondimba du Gabon, respectivement président en exercice de l'Union africaine (UA) et coordonnateur du Comité des chefs d'Etat et de gouvernement africains sur les changements climatiques (CAHOSCC).
Président de la Commission climat du Bassin du Congo et initiateur du Fonds bleu, le président congolais, Denis Sassou-Nguesso, prononcera par la suite le discours  d'ouverture.
S’ensuivra un huis clos des chefs d’Etat autour des points inscrits à l’ordre du jour de ces Assises. Lequel comprend l’examen du projet de la Déclaration des chefs d’Etat, l’examen du budget de démarrage du Fonds bleu de la Commission climat du Bassin du Congo et l’examen des autres points.
Soulignons que l’allocution de Sa Majesté le Roi est très attendue au Sommet de Brazzaville qui doit s’approprier la Commission climat du Bassin du Congo et le Fonds bleu pour le Bassin du Congo pour une croissance inclusive en Afrique centrale et de l’Est; susciter un ensemble d’engagements pour mobiliser les ressources nécessaires au financement de l’Unité de démarrage du Fonds bleu pour le Bassin du Congo ainsi qu’adopter la Déclaration des chefs d’Etat sur l’opérationnalisation de la Commission  ad hoc.
Et pour cause. Comme cela a été judicieusement rappelé dans une note du ministère du Tourisme et de l’Environnement du Congo, S.M le Roi Mohammed VI est l'« initiateur du Sommet de l’action de Marrakech ayant débouché sur la création de trois commissions dédiées à la région du Sahel, la région du Bassin du Congo et la région des Etats insulaires ». Ce fut en marge de la COP22 tenue en novembre 2016 à Marrakech.
Ensuite, l’expérience du Maroc sur les questions écologiques et environnementales et son savoir-faire dans la préservation de la nature  et la gestion des ressources naturelles n’est pas échappé aux autorités congolaises.
Autant dire que le Souverain est au fait des enjeux et des attentes de  ce Sommet, particulièrement sur la « Commission climat du Bassin du Congo » dont le Fonds bleu est le principal instrument financier.
Sur ce point précis, rappelons que le Congo et le Maroc ont signé le 12 mars dernier un protocole confiant au Royaume une étude de faisabilité portant sur la préservation du Bassin du Congo, considéré comme l’une des plus importantes réserves biologiques de la planète.
Pour rappel, l’accord avait été signé par la secrétaire d’Etat chargée du Développement durable, Nezha Ouafi, et la ministre du Tourisme et de l’Environnement du Congo, Arlette Soudan-Nonault.
Selon le ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, « cette étude sera réalisée à travers le Fonds bleu pour le Bassin du Congo ».
Signalons aussi que lors de sa dernière visite de travail au Maroc, Arlette  Soudan-Nonault s’était entretenue le lendemain de la signature de cet accord  avec le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Nasser Bourita.
A cette occasion, la responsable congolaise, qui est aussi coordonatrice technique de la Commission climat du Bassin du Congo, avait salué le partenariat solide entre le Maroc et le Congo et souligné l'importance du rôle joué par le Maroc sur le continent africain.
Rappelons également que le Maroc a organisé au cours du même mois un atelier de validation des termes de référence (TDR) de l'étude de préfiguration du Fonds bleu pour le Bassin du Congo.
Organisé par le secrétariat d'Etat chargé du Développement durable, avec l'appui de la coopération allemande, cet atelier avait connu la participation des experts du Fonds bleu du Bassin du Congo désignés par les pays membres de l'Afrique centrale et d'autres éminentes personnalités.
L'objectif de cet atelier est de procéder à la validation technique des TDR de l'étude de préfiguration du Fonds bleu pour le Bassin du Congo par les points focaux dudit fonds et les membres de la société civile de la sous-région de l'Afrique centrale, soulignait un communiqué du secrétariat d’Etat chargé du Développement durable.
Comme l’a relevé le département dirigé par Nasser Bourita, le Fonds bleu est « un fonds international de développement qui vise à permettre aux Etats de la sous-région du Bassin du Congo de passer d’une économie liée à l’exploitation des forêts à une économie s’appuyant davantage sur les ressources issues de la gestion des eaux, notamment celles des fleuves ».
La création de cet outil financier, panafricain et stratégique a été actée à Oyo, une ville du nord du Congo, pour être au service des projets concrets des Etats, des entreprises, des collectivités locales, des ONG et des populations du Bassin du Congo.
Pour bien comprendre son intérêt, la ministre Arlette Soudan-Nonault a jugé bon de préciser lors d’une rencontre tenue récemment à Brazzaville qu’il « a pour objectifs de mobiliser les ressources nécessaires auprès des contributeurs et investisseurs, en vue du financement de la mise en œuvre des programmes et projets concourant au développement durable et à la promotion de l’économie bleue dans son champ d’intervention ».
Au cours de cette rencontre, elle a aussi affirmé que le Sommet de Brazzaville sera l’occasion de « faire le bilan des activités de la Commission climat du Bassin du Congo et du Fonds bleu pour le Bassin du Congo et permettre aux chefs d’Etat d’endosser des outils nécessaires pour accélérer leur opérationnalisation en lien avec les attentes des Etats, du secteur privé, des populations et des partenaires techniques et financiers ».
A noter qu’une centaine de participants dont des dizaines d’experts internationaux des questions écologiques et environnementales représentant diverses organisations et la société civile, prendront part à ce Sommet. Ils viendront de l’Angola, du Burundi, du Cameroun, du Gabon, de la Guinée Equatoriale, de l’Ouganda, de la RCA, de la RDC, de Sao Tomé et Principe, du Rwanda, de la Tanzanie, du Tchad et de la Zambie, entre autres.
Signalons également que ces Assises seront précédées, la veille, d’une rencontre ministérielle sur la Commission climat du Bassin du Congo et le Fonds bleu pour le Bassin du Congo qui se penchera sur les projets à soumettre aux chefs de l’Etat.
Pour le ministère du Tourisme et de l’Environnement du Congo, le but de la tenue du Sommet de Brazzaville est de « passer rapidement à l’action conformément à l’esprit de la Déclaration de Marrakech, après les différentes étapes franchies par le processus depuis Marrakech en novembre 2016 en marge de la COP22 ».

Plusieurs accords maroco-congolais attendus en marge du Sommet

La présence de S.M le Roi Mohammed VI au Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Commission Climat du Bassin du Congo devrait être marquée, au lendemain de ces Assises, par la signature de plusieurs accords de coopération entre le Royaume du Maroc et la République du Congo.
Selon la presse congolaise, le Souverain devrait mettre à profit sa présence en terre congolaise pour redynamiser la coopération entre les deux pays.
S.M Mohammed VI, qui s’est rendu en visite au Congo il y a une douzaine d’années, et le président Denis Sassou N’Guesso  devraient procéder lundi 30 avril à la pose de la première pierre de l’édification du port de pêche à Yoro à Mpila (est de Brazzaville) qui tire son nom du propriétaire du lieu où il est établi depuis les années 1950, le Sénégalais Yéro Thiam.
D’après “Les Dépêches de Brazzaville”, une réunion bilatérale serait prévue entre les experts du Maroc et du Congo dans différents domaines.
A en croire le quotidien congolais, la signature de plusieurs accords est attendue dans les domaines de l’économie, de l’industrie, des TIC, du commerce, de l’équipement, des transports et des infrastructures.
Ces accords concerneraient également l’agriculture, la pêche maritime, l’énergie, les mines, l’environnement, le développement durable, la santé, l’enseignement, la culture et la formation, la fonction publique et l’administration publique, croit savoir le journal.
Signalons qu’en 2007, les deux pays avaient signé quatre accords en vue de renforcer les relations bilatérales dans divers domaines, notamment ceux de l'éducation et de l'enseignement supérieur, de la formation professionnelle, de la promotion et du développement des petites et moyennes entreprises (PME) ainsi qu’un accord relatif aux services aériens.
Le 23 février 2010, le Maroc et le Congo avaient également signé un accord dans le domaine du transport maritime visant à consolider et renforcer la coopération entre les deux pays au niveau des transports maritimes.
En outre, le 12 mars dernier, les deux pays avaient signé un protocole confiant au Royaume une étude de faisabilité portant sur la préservation du Bassin du Congo.
 

Une solution incontournable pour la lutte contre les changements climatiques

Le Bassin du Congo constitue la deuxième réserve de forêts denses et humides du monde. Il abrite notamment des tourbières, réserves naturelles contenant des quantités très importantes de carbone. Libérées par des activités anthropiques, ces quantités de carbone, en se mélangeant avec l’oxygène de l’air, produisent du CO2, gaz à effet de serre, responsable du réchauffement de la planète.
D’où l’intérêt pour la communauté internationale d’investir massivement dans la protection et la gestion durable de ces tourbières conformément aux dispositions de l’Accord de Paris. Celles-ci exigent que tout soit fait pour que la température de la planète ne dépasse pas 2°C.
Ces tourbières tropicales, les plus importantes au monde d’une superficie de 145.500 km2 avec 30 milliards de tonnes de carbone contenu dans son sous-sol, fait que le Bassin du Congo, deuxième massif forestier tropical au monde et abritant le premier réseau hydrographique en Afrique, se présente plus que jamais comme une solution incontournable à la lutte contre les changements climatiques.
Ce territoire qui, contenant en outre 10% de la biodiversité mondiale, verra se développer un nouveau modèle développement visant à concilier lutte contre les changements climatiques et développement économique, conformément à l’engagement pris par les chefs d’Etat à travers la Déclaration de Marrakech.
Cette vision de l’éco-économie ou économie verte a été rappelée et réaffirmée  par la Déclaration de Brazzaville, adoptée par les ministres présents lors de la troisième réunion de l’initiative mondiale sur les tourbières, que la République du Congo a eu l’honneur d’abriter les 21, 22 et 23 mars derniers.
Pour développer cette nouvelle économie, intégrant l’économie bleue, nous avons besoin de financements adéquats qui prennent en compte la dimension de la lutte contre la pauvreté en faveur des populations riveraines des  forêts,  des étendues d’eau et des rivages, qu’il s’agisse des océans et des mers, des côtes, des lacs, des cours d’eau et des nappes souterraines.
C’est la vocation du Fonds Bleu pour le Bassin du Congo.
Cet outil financier, il faut le rappeler, a pour objectifs de mobiliser les ressources nécessaires auprès des contributeurs et investisseurs, en vue du financement de la mise en œuvre des programmes et projets concourant au développement durable et à la promotion de l’économie bleue dans son champ d’intervention.
Après la COP 23 à Bonn en Allemagne, le One Planet Summit à Paris et le Sommet de l’Alliance Solaire Internationale à New Dehli, le Sommet de Brazzaville contribue à la promotion de la finance climatique, de l’économie verte et de la diplomatie environnementale non seulement dans le Bassin du Congo, mais également dans le monde.
Par Arlette Soudan Nonault,
Ministre du Tourisme
et de l’Environnement du Congo
Coordinatrice de la CCBC
et F2BC Arlette


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