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Le Premier secrétaire adjoint de l’USFP, Fathallah Oualalou invité du «Matin Forum» : “Le challenge des prochaines élections c’est de mettre en place les conditions nécessaires pour une bonne application de la Constitution”


KAMAL MOUNTASSIR
Samedi 19 Novembre 2011

Le Premier secrétaire adjoint de l’USFP, Fathallah Oualalou invité du «Matin Forum» : “Le challenge des prochaines élections c’est de mettre en place les conditions nécessaires pour une bonne application de la Constitution”
Les élections, les alliances politiques, l’USFP, la Koutla, la Gauche, la moralisation de l’action politique, la réhabilitation de l’acte politique, les programmes des partis politiques, ont été, entre autres, les thèmes débattus par  Fathallah Oualalou lors des «90 minutes pour convaincre» dans le cadre du Forum de notre confrère le Matin. 90 minutes qui se sont déroulées dans les locaux de ce quotidien auront été d’une grande richesse, ce qui, bien entendu, ne peut surpendre de la part d’un militant rompu à l’exercice. Avec sa sérénité habituelle, sa pédagogie de l’homme politique ouvert et responsable, le Premier secrétaire adjoint du Parti des forces populaires a décortiqué le paysage politique national et a convaincu par sa franchise et son analyse objective de la conjoncture politique, sociale et économique. Et ce n’est pas un hasard si nos confrères du Matin ne manquent pas de préciser dans l’introduction à cet entretien avec le leader socialiste que « le deuxième homme de l'Union socialiste ne se laisse pas emporter. Il pèse ses mots, développe ses idées et avance avec l'assurance de celui qui remonte le temps pour planter le décor d'aujourd'hui et prospecter pour l'avenir».
A une question sur le paysage politique à la veille des élections  du 25 novembre prochain, le deuxième homme du parti de la Rose précise que l’année 2011 est une année particulièrement politique et cruciale, ce qui fait l’importance de cette échéance. « Cette année 2011 est une année très politique, elle est cruciale, d'où l'importance des prochaines élections. Elle est aussi caractérisée en Europe par une crise qui touche nos partenaires. Ce qui nous interpelle autant que l'émergence au Sud de la Méditerranée d'une demande pour plus de démocratie, plus de dignité et plus de gouvernance crédible. Depuis les années 1950, il n'y a jamais eu dans le monde arabe et la région sud-méditerranéenne une mouvance de ce genre», explique le maire de la capitale. Et d’ajouter avec son analyse objective et cartésienne que depuis l'avènement de S.M. le Roi Mohammed VI et le gouvernement d'alternance,  l’USFP a adhéré à une dynamique de réformes qui a fait que le  Maroc s'est réconcilié avec ses femmes, son amazighité, son passé et ses pauvres. Grâce à ces réformes, il a réussi à améliorer son cadre macroéconomique et son endettement. Il a amélioré sa croissance à raison de deux points gagnés par rapport aux années 1990. Grâce à cela, on a pu financer des projets structurants, des autoroutes, des zones industrielles et touristiques, le port de Tanger Med, Bouregreg. Ces avancées sont dues au gouvernement d'alternance et avant cela à la révision de la Constitution en 1996 qui a consacré l'ouverture de notre système politique. Mais à partir de 2002, on a constaté un recul du politique. Au nom de l'efficacité, la méthode politique n'a pas été respectée. On a commencé à dire que le pays n'a pas besoin de politique, mais d'efficience. Or, normalement, le politique est un élément de l'efficience. La conséquence de tout cela a été l'absentéisme qui a caractérisé les élections de 2007. «Il y a eu un hiatus dans notre pays où l'économique a continué et le politique a stagné», a conclu le secrétaire adjoint du parti de Ben Barka.
Sans complexe, ni mensonges, ni ambages et non sans fierté, le membre du Bureau politique analyse et expose la situation et  du parti de la Rose. Il jette un œil objectif sur le chemin parcouru par l’USFP et qui a été semé d’embuches et dont l’objectif a été toujours le changement. « L'USFP, plus que les autres partis, a payé le coût de ce recul du politique. Parce que les partis au Maroc ne sont pas tous politiques au même degré. En 2008, nous avons tenu notre congrès en vivant cette crise du politique au Maroc. C'est pour cela qu'on a sorti un document en disant qu'il faut des réformes constitutionnelles et politiques.  Nous avions adressé alors un mémorandum dans ce sens à S.M. le Roi. Vient 2011 qui a connu un élan de la jeunesse qui est générationnel et régional. Il y a eu deux réponses à cet élan. La rupture en Tunisie, en Egypte et en Libye et la rupture de la réforme qui est celle du Maroc. Car il y a eu le discours du 9 mars qui est un discours d'initiative. Puis, il y a au Maroc cette culture pluraliste et cette accumulation des luttes démocratiques. C'est pour cela aussi qu'à l'USFP on s'est senti à l'aise vis-à-vis de la réforme constitutionnelle que nous revendiquions depuis 1978, à savoir une monarchie constitutionnelle et parlementaire. Le challenge maintenant pour les prochaines élections, c'est de mettre en place les conditions nécessaires pour une bonne application de la Constitution. En 2007, la méthode démocratique a été appliquée en ce qui concerne le Premier ministre, mais elle n'a pas été respectée pour le reste des ministères. Cette situation doit changer en 2011 pour répondre à cette attente de changement. » Ensuite, le leader de l’USFP explique les spécificités du parti de Abderrahim Bouabid et pourquoi il reste un parti collé à la société et aux forces populaires mais avec des relations internationales connues et reconnues avec les socialistes du monde «L'USFP est parmi les partis politiques qui sont sécrétés par la société marocaine. Nous considérons que nous avons une identité reconnue à l'intérieur du pays et à l'international puisque nous sommes membre de l'Internationale socialiste. Nous sommes un parti patriote issu du Mouvement national et de la résistance et la question de la nation est aujourd'hui encore présente. Elle est liée au Sahara, demain à Sebta et Mellilia, mais elle est toujours liée à la citoyenneté. La femme et l'homme marocains, à travers la nouvelle Constitution, doivent être considérés en tant que citoyens. Nous sommes un parti qui a payé le tribut de la démocratie, c'est reconnu par tout le monde. Nous sommes un parti socialiste dans un pays en voie de développement. Nous sommes pour une croissance économique bien partagée. Nous sommes aussi un parti moderniste qui est pour la modernisation notamment en ce qui concerne la gestion des contradictions qui traversent notre société ou par rapport à la globalisation. Nous avons un Bureau politique et un Premier secrétaire élus par tout le monde. Nous avons des militants, la notion de militantisme est toujours présente à l'Ittihad. Nous sommes parmi les partis qui se considèrent, à juste titre, autonomes. Nous avons notre autonomie de décision par rapport à l'administration aussi bien centrale que locale. Notre challenge c'est convaincre les Marocains de participer, d'adhérer à une logique d'espoir. Principalement, les jeunes, les cadres et la classe moyenne qui se sont abstenus en 2007 et en 2009», précise le Premier secrétaire adjoint du parti de la Rose.
Répondant à une question sur les nouvelles coalitions, Fathallah Oualalou se dit pour une  polarisation sur la scène politique marocaine. Pour lui, il s’agit d’un facteur positif qui pourrait diminuer le nombre excessif de partis politiques et réhabiliter le paysage politique national par la lutte contre cette balkanisation du champ politique qui a sévi ces dernières années. « Toutefois, un parti politique n'est pas une personne, mais avant tout un projet sociétal. C'est un contrat entre ce projet et le peuple marocain. Pour être crédibles, les coalitions doivent être assises sur le rapprochement des identités des partis. Lorsque le G4 a été constitué, j'ai pensé que c'était normal quoique j'aie eu des réserves sur le fait que deux partis de l'opposition s'allient à deux partis de la majorité. Encore est-il qu'il s'agit d'un groupement de partis qui ont des points communs dans leur rapport avec l'Etat et la société. L'élargissement à d'autres partis ne nous a pas gênés mais je pense qu'il a gêné le politique dans notre pays. Or, nous cherchons à crédibiliser le politique dans notre pays. Je ne comprends pas pourquoi cette coalition est allée chercher la gauche», nuance le membre du Bureau politique de l’USFP.
Au sujet de la Koutla et de la présence d’un parti conservateur dans ce bloc politique censé être de gauche, Oulaalou explique que la question nationale reste toujours à l’ordre du jour et qu’il faut savoir s’adapter à certains changements. Pour lui, la Koutla n’est pas une machine électorale mais un instrument pour renforcer le front de lutte pour les réformes politiques et que sa création a coïncidé avec un moment historique avec l’effondrement du bloc des pays de l’Est. Et pour couper court à toutes les rumeurs sur une éventuelle alliance avec le PJD, Oulaalou précise qu’en réalité jamais le PJD n’a sollicité un tel accord et qu’il en était de même pour le parti d’Omar Benjelloun. Et en fin politicien expérimenté, le maire de la capitale explique  les contraintes qui s’imposent au niveau des alliances après les élections «Ceci va m'amener à parler des alliances réelles qui se font toujours au Maroc après les élections. Pour la simple raison que contrairement à l'Europe, nous n'avons pas de partis prédominants. Le premier parti chez nous aura besoin de trois ou quatre partis, et pour arriver à une majorité de 51% il aura besoin d'autres soutiens. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé en 1998. La Koutla avait une plateforme. C'est autour de cette plateforme que nous nous sommes constitués, mais nous avons constaté après que nous avions besoin d'autres forces pour constituer un gouvernement. Le programme présenté alors par El Youssoufi était bien évidemment le programme de tous le monde, mais il était issu essentiellement de nos idées et de celles de la Koutla». Le leader socialiste s’est évertué à convaincre du bien-fondé du programme du parti, des postes d’emplois possibles vu la conjoncture actuelle tout en insistant sur le devoir d’aimer ce pays et d’adopter une attitude volontariste. «Notre pratique nationale, socialiste, moderniste correspond à notre programme.
Ensuite viennent la crédibilité et le réalisme du programme, car il faut penser au financement des projets. La maîtrise des dépenses doit être intégrée dans la logique de la croissance ainsi que la dimension sociale. Dans ce sens, il est important de réfléchir à l'endettement, à la réforme fiscale, à la mise à niveau des établissements publics et aux liens avec les investissements étrangers. Tous ces éléments sont importants. L’équipe chargée de l'élaboration du programme de l'USFP les a pris en considération.
Le troisième élément lié à la crédibilité est en rapport avec la prise en compte de l'environnement du pays. Aujourd'hui, la gestion d'une économie se fait également par rapport à ce qui se passe dans le monde et dans la région. Il faut préparer notre pays aux difficultés de l'économie de l'Union européenne où les taux de croissance seront très faibles. C'est à nous donc de tendre la main vers le Maghreb, de renforcer les synergies, notamment dans le domaine du phosphate, avec les pays émergents comme le Brésil et l'Inde. Nous devons également travailler pour promouvoir le projet méditerranéen. Ainsi, il faut d'abord le crédibiliser avant de parler du programme.
Le mot clé dans notre programme est la citoyenneté qui devrait devenir le vecteur du progrès et du changement sur les plans politique, économique et social. Nous voulons travailler pour la réhabilitation du politique et le renouvellement des bases de l'action politique dans notre pays. Nous travaillerons également pour la mise en place d'une économie consolidée et diversifiée à travers des politiques sectorielles cohérentes. Le troisième chantier concerne la dimension sociale. Sur ce plan, un parti socialiste comme le nôtre considère qu'il faut lutter contre la pauvreté et l'exclusion. Il faut en outre accorder plus d'intérêt aux retraités et à l'habitat social. Nous allons également travailler pour l'amélioration de l'éducation.  L'école marocaine est en crise. Il faut donc créer une sorte de contrat nouveau entre l'école et la société en liant la formation essentiellement à l'emploi. Le dernier élément se rapporte à la place de la culture, au sens large, sans oublier également le secteur de l'information. C'est autour de ces axes que nous allons développer notre projet. Nous avons en effet 170 propositions. » C’est en ces termes que Fathallah Oualalou résume le programme du parti de la Rose.


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