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Débats entre experts dans la perspective de la tenue du 12ème Congrès de l’USFP
"L'Afrique est considérée parmi les continents qui connaissent actuellement un mouvement important vers l'étranger, ce qui la qualifie à devenir un acteur principal dans l'échange autour de la migration", a fait savoir la chercheuse lors de cette rencontre modérée par Imane Lahrich, responsable des programmes au PCNS. La chercheuse a également distingué entre la perception des dirigeants africains de la migration - qui ambitionne plus à réaliser des avantages économiques, soit en termes de développement ou de transferts d'argent des immigrés - et entre la vision européenne, qui "voit désormais le migrant africain comme un fardeau et un problème qu’il faut régler". Cet écart entre les perceptions entraîne une divergence dans les approches pour faire face à la problématique de la migration, a-telle relevé, notant que l'approche européenne se base sur des “préoccupations" sécuritaires exacerbées par les stéréotypes et l'exploitation de certains évènements pour faire croire à "l'impact indésirable du migrant sur les sociétés d'accueil".
La chercheuse a, en outre, estimé que le fait de mettre l’accent sur l’approche sécuritaire “démotive” les pays africains qui veulent faire de la migration un moteur de développement dans le continent.
Dans ce cadre, elle a mis en avant les stratégies mises en place par l'Union africaine en matière migratoire, notamment la politique de migration adoptée en 2006 et puis révisée, ainsi que "l'agenda africain pour la migration" adopté en 2018. L’intervenante a, en outre, salué le rôle que joue le Maroc sur ce plan, lequel a été couronné par l'accueil à Rabat du siège de l'Observatoire africain des migrations qui ambitionne d'opérer une rupture avec les idées reçues au sujet de la question migratoire. Imane Lahrich a, pour sa part, indiqué que la migration en provenance d'Afrique est parmi les priorités des politiques européennes pour le contrôle des frontières extérieures de l'UE, relevant que les dynamiques de la migration africaine sont avant tout régionales, et la migration de l’Afrique subsaharienne est à peine lié aux mouvements transfrontaliers.
Elle a également rappelé que plusieurs projets menés par l'Union africaine visent à réaliser la complémentarité régionale, notant que ces initiatives font face à plusieurs obstacles, notamment la réserve de certains pays (Nigeria, Afrique du Sud) dans la lutte contre cette réalité régionale de la migration africaine et la place qu'occupe cette question dans le processus en cours de complémentarité régionale, outre l’agenda imposé par les politiques européennes qui ne tiennent pas compte de ces spécificités. Lancé en 2014 à Rabat avec plus de 40 chercheurs associés du Sud comme du Nord, le PCNS offre une perspective du Sud sur les enjeux des pays en développement.
Il vise à faciliter les décisions stratégiques et les politiques publiques relevant de ses principaux programmes : Afrique, géopolitique et relations internationales, économie et développement social, agriculture, environnement et sécurité alimentaire et matières premières et finance.
Mort de cinq migrants irréguliers au large des Canaries
Situées à plus de 100 km des côtes africaines, les Canaries ont connu l'an dernier une vague migratoire inédite depuis 2006, malgré le caractère extrêmement dangereux de cette route atlantique, de nouveau empruntée par les migrants depuis que les contrôles se sont renforcés en Méditerranée. En 2020, 23.023 migrants africains sont ainsi arrivés sur l'archipel, contre 2.687 l'année précédente, selon le ministère espagnol de l'Intérieur. Une forte proportion de ces migrants sont des Marocains. Une tendance qui se poursuit cette année, puisque 2.341 personnes ont atteint l'archipel en janvier et février, soit plus du double des 1.103 enregistrés durant la même période en 2020
Ces migrants voyagent à bord d'embarcations surchargées et le plus souvent en très mauvais état qui doivent faire face à des courants très forts, d'où de nombreuses tragédies. En 2020, 1.851 personnes ont ainsi péri en tentant cette traversée, selon un rapport publié par l'ONG Caminando Fronteras, qui surveille les flux migratoires.