Le Maroc membre associé de la SEAMEO

Un nouveau pas dans le renforcement du positionnement du Royaume dans la région d’Asie du Sud-Est


Libé
Dimanche 27 Juin 2021

Une autre bataille d’influence de gagnée

La cérémonie de signature avec la participation de l’ambassadeur du Royaume à Bangkok, Abdelilah El Housni.
La cérémonie de signature avec la participation de l’ambassadeur du Royaume à Bangkok, Abdelilah El Housni.
Un nouveau pas dans le renforcement du positionnement du Maroc dans la région d’Asie du Sud-Est.  En effet, notre pays vient d’obtenir à l’unanimité le statut de «Membre associé» auprès de l’Organisation des ministres de l’Education d’Asie du Sud-Est (SEAMEO), lors de la 51ème Conférence du Conseil de cette organisation tenue dernièrement. Le Maroc devient ainsi le premier pays arabe et africain à obtenir ce statut, confortant sa position en tant qu’interlocuteur privilégié dans la région pour les pays d’Asie du Sud-Est, selon les déclarations de l’ambassadeur du Royaume à Bangkok, Abdelilah El Housni. Que signifie cette adhésion du Maroc à la SEAMEO ? Que recèle-t-elle comme enjeux politiques et stratégiques ? Et quel impact aura-t-elle sur notre pays ? Décryptage.

D’abord, qu'est-ce que la SEAMEO ? Il s’agit d’une organisation intergouvernementale créée en 1965 par les gouvernements des pays d'Asie du Sud-Est pour promouvoir la coopération en matière d'éducation, de science et de culture dans la région. Sa mission consiste à améliorer la coopération et l'unité d'objectif entre les pays membres pour une meilleure qualité de vie grâce à l'établissement de réseaux et de partenariats, l’organisation de forums de débat entre les décideurs et les experts, et la promotion du développement durable des ressources humaines. L'organe décisionnel suprême de l'organisation reste le Conseil SEAMEO, qui comprend les 11 ministres de l'Education d'Asie du Sud-Est. Le Secrétariat SEAMEO est situé à Bangkok, en Thaïlande.

S’agit-il d’une première présence du Maroc dans cette région ? Absolument pas. Ladite adhésion s’inscrit plutôt dans le cadre de la politique d’ouverture prônée par S.M. le Roi Mohammed VI envers cette partie du globe. En effet, le Maroc est signataire du Traité d’amitié et de coopération de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) en 2016. Il jouit également  du statut de «Partenaire de développement» auprès de la Commission du Mékong depuis 2017 et du statut d’Observateur auprès de l’Assemblée interparlementaire de l’ASEAN depuis septembre 2020.

Pourquoi le Maroc mise-t-il sur cette organisation ? Notre pays compte beaucoup sur les organisations régionales et sous-régionales en Asie et ailleurs et la présence diplomatique marocaine dans ces instances est palpable. Le Maroc considère ces  instances comme des instruments majeurs de la politique étrangère. Un message Royal adressé aux participants au Sommet de l’Elysée sur la paix et la sécurité en Afrique, datant de décembre 2013, a souligné que «ces organisations sous-régionales devraient être le pivot de tout plan d'action émanant de nos débats, la clé de voûte de toute stratégie de stabilité et de développement dans le continent, le cadre de toute entreprise d'intégration économique et la plateforme de coordination pour relever les défis liés au changement climatique et au développement durable. Dès lors, le rôle des organisations régionales africaines mérite d'être davantage valorisé et soutenu. Piliers fondamentaux de l'intégration africaine souhaitée, ces organisations constituent les cadres pertinents d'une réponse efficace aux crises spécifiques dans chacune de nos sous-régions. A cet égard, nous nous félicitons de l'action déterminante de la CEDEAO au Mali et encourageons, aujourd'hui, celle de la CEEAC en République de Centrafrique, en relation avec la France et les Nations unies. C'est dans ce cadre que le Maroc œuvre à dynamiser l'UMA, à donner une nouvelle orientation à la CEN-SAD et à développer une coopération interrégionale, notamment avec la CEDEAO et la CEMAC». Cette  présence au sein de ces organisations est constatée aussi en Amérique où le Maroc est membre observateur du Parlantino, Parlement latino-américain qui regroupe 22 pays, de l’Association des Etats des Caraïbes (AEC), qui regroupe 25 pays, et de la SEGIB, Conférence ibéro-américaine, qui réunit des Etats souverains d’Amérique et d’Europe de langues espagnole et portugaise. Il est le seul pays arabe et africain à bénéficier de ce statut et à participer aux trois derniers sommets.

Qu’en est-il des enjeux liés à cette nouvelle adhésion ? Elle s’inscrit également dans le cadre de la bataille d’influence engagée entre le Maroc et certains pays du continent comme l’Egypte qui se pose en carrefour entre l’Afrique, l’Asie et l’Europe ou le Nigeria qui se positionne comme plateforme vers l’Afrique de l’Ouest.

En effet, l’Egypte et le  Maroc sont devenus depuis septembre 2016, les deux premiers pays africains et arabes à adhérer au TAC, portant à 24 le nombre de pays signataires hors ASEAN de ce traité. Parmi ces derniers, il y a les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (France, Grande-Bretagne, Russie, USA, Chine), le Japon, l’Inde, le Canada, la Corée du Sud, l’Australie et le Brésil. Cette diplomatie a pour mission, indique S.M le Roi, de propager une nouvelle  image auprès de l'opinion publique internationale présentant le Maroc comme un pays «démocratique, moderniste, mobilisé autour de son Souverain, un exemple de modération et de tolérance».

A rappeler également que le Maroc a, depuis le début des années 2000, mis en place une nouvelle diplomatie qui a pour vocation de prospecter de nouveaux espaces de coopération économique, de rechercher des partenariats volontaristes et solidaires, de consolider la position du Maroc en tant que pôle régional avant-gardiste et stable dans son environnement (régional, continental et international) et, enfin, d’aider le Maroc à profiter de la mondialisation tout en atténuant son impact néfaste sur le développement du pays. En fait, S.M le Roi pense que l’importance de la diplomatie réside dans sa capacité «à exploiter les opportunités d'extension et d'échanges fructueux offertes sur le plan extérieur»  et les mettre au service des stratégies de développement interne tout en soulignant qu’une forte présence au niveau international dépend du dynamisme insufflé par l'activité intérieure. S.M le Roi soutient que la diplomatie n'est pas qu’un simple outil au service de la politique extérieure mais l'un des moyens de réaliser les objectifs de la politique générale de l'Etat à l’extérieur comme à l’intérieur.

Hassan Bentaleb


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