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Reste à savoir maintenant quel accueil lui sera réservé par les autorités et les professionnels du secteur. Ceci d’autant plus qu’UBER a fait couler beaucoup d’encre ces derniers jours partout à travers le monde. En France, en Allemagne, en Espagne comme en Belgique et au Canada, les chauffeurs de taxis n’ont pas vu d’un bon œil son arrivée et la concurrence déloyale qu’elle leur livrait. En France surtout, mais aussi à Bruxelles, une opposition farouche et musclée a fait pendant au combat mené sur le terrain légal par les juristes mandatés par les sociétés de taxis qui ont qualifié d’« illégaux » les services d’UBER et forcé la police à saisir les véhicules utilisés à leur insu et leurs conducteurs. Et pas plus tard qu’avant-hier, Bill de Blasio, le maire de New York, a annoncé qu’il comptait, lui aussi, suspendre les services d’UBER dans sa ville. Le conseil municipal de la plus grande ville américaine pourrait au cours de cette semaine adopter une loi limitant le nombre de voitures de tourisme avec chauffeur (VTC), le temps d'étudier leur impact sur la qualité de l'air et les embouteillages.
Au Maroc, si on n’en est pas encore là, la résistance s’organise déjà. «Notre position est identique à celle observée par nos collègues en France », nous a lancé Ahmed Saber, coordinateur national du secteur de professionnels des petits et grands taxis au Maroc avant de poursuivre : «L’arrivée d’UBER dans notre pays signe la mort de ce secteur déjà moribond. Mais nous ne comptons pas rester les bras croisés. La procédure sera la même qu’ailleurs : des plaintes seront déposées et des actions coups de poing seront menées »
Ces actions pourront-elles aller jusqu’à l’utilisation de la force comme à Marseille ou dans d’autres villes de l’Hexagone ? «Tout est possible. C’est de notre survie qu’il s’agit», nous a-t-il déclaré.
Une situation qui est appelée à s’envenimer davantage d’autant plus que les autorités locales casablancaises croient que l’arrivée du nouvel opérateur va moderniser le secteur et améliorer les services de transport. «Le service de voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) offert par UBER est une prestation entre un fournisseur de service et un client via Internet et n’a pas besoin d’autorisation. Il s’agit plutôt d’une solution destinée à fournir un service de qualité. Notre mission à nous consiste uniquement à contrôler que les prix ne doivent pas être excessifs», nous a confié une source de la wilaya du Grand-Casablanca sous le sceau de l’anonymat.
Même son de cloche de la part de la direction d’UBER installée au Maroc qui estime que, légalement, cette start-up est une société de service qui « travaille en partenariat avec les sociétés de transport touristique en offrant une solution technologique aux sociétés qui mettent leurs véhicules à son service ».
Meryem Belkziz, directrice générale d’UBER Maroc, citée par le portail de l’hebdomadaire Telquel, a déclaré: « Nous ne lançons pas UBERPop mais UBERX avec des partenaires agréés qui se conforment parfaitement à la loi. Aussi, nous n’anticipons pas de blocage au niveau des autorités. De manière générale, UBER est pro-régulation et s’est engagé à travailler avec les villes qui le souhaitent pour améliorer la mobilité de leurs citoyens via l’utilisation des nouvelles technologies et du “big data”. »
Ainsi les autorités locales casablancaises et les responsables de ladite société semblent avoir tranché avant l’heure une question qui divise encore les pays européens et qui a même atterri devant la Cour de justice de l’UE. En fait, les avis divergent : UBER est-elle une entreprise de transport ou un fournisseur de services ? Suite à une demande du tribunal de Barcelone concernant l’interdiction en Espagne des services de cette société, la Cour devra déterminer prochainement si UBER doit ou non bénéficier de la libéralisation du marché des services au sein de l’Union européenne. La Cour devra aussi dire si la loi espagnole invoquée pour interdire UBER est conforme aux normes européennes.
Mais au-delà de ce débat juridique et réglementaire, l’arrivée de la société américaine sera-t-elle bénéfique aux usagers casablancais ou pas ? Difficile de trancher puisqu’il s’agit d’un service qui s’adresse d’abord aux jeunes actifs qui disposent de smartphones et de cartes bancaires pour le paiement en ligne. Ceci d’autant plus que les prix sont chers puisqu’il faut compter un tarif de base de 20 dirhams, majoré de plus de 5 dirhams par kilomètre. Le prix minimum d'une course est de 30 dirhams. Pour annuler une commande, il faudra débourser une somme similaire. Des contraintes dont les chauffeurs des grands et petits taxis qui dictent leur loi et n’en font qu’à leur tête ne manqueront pas de profiter.
Alors UBER ou pas UBER ?