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Dans ce courrier, signé par son président Youssef Aidi, le Groupe socialiste exprime son étonnement, un terme qui, sous sa forme diplomatique, traduit en réalité une vive indignation. La décision gouvernementale d’accorder l’exclusivité de l’organisation du pèlerinage à seulement trois agences de voyages spécifiques est qualifiée d’injuste et de discriminatoire, tant sur la forme que sur le fond.
Dès les premières lignes de sa lettre, le Groupe socialiste expose le problème sous un angle juridique et éthique : en restreignant le nombre d’agences agréées, l’Etat fausse les règles du jeu et porte atteinte au principe fondamental de l’égalité des chances. L’un des points centraux soulevés est la rupture avec les pratiques des années précédentes, où plusieurs agences étaient habilitées à organiser le Hajj, permettant ainsi une concurrence plus saine et une diversité d’options pour les pèlerins.
Ce brusque changement de cap est perçu comme un déséquilibre manifeste qui pourrait profiter à certains acteurs au détriment des autres, soulevant ainsi des soupçons de collusion ou de corruption. Le Groupe socialiste ne se contente pas d’émettre une hypothèse; il suggère que l’opacité du processus de sélection alimente des doutes légitimes sur la probité de la décision.
Par ailleurs, la lettre insiste sur les répercussions économiques de cette restriction. Pour de nombreuses agences de voyages, le Hajj représente une part cruciale de leur chiffre d’affaires. En excluant arbitrairement certaines d’entre elles, on pourrait indirectement précipiter des faillites, affectant ainsi un secteur déjà fragilisé par des crises successives, notamment celle de la pandémie. Et puis, une telle configuration pose un autre problème: le risque de monopole au détriment de la diversité de l’offre. L’Etat peut, certes, encadrer certains secteurs pour garantir la sécurité et le bon déroulement d’événements d’envergure, mais jusqu’où cette intervention est-elle légitime ?
Conscient du poids institutionnel de la Chambre des conseillers, le Groupe socialiste ne se contente pas d’un simple constat d’injustice ; il appelle à une intervention immédiate afin de rétablir l’équilibre. L’objectif est clair : obtenir une révision de la décision et garantir un retour à des conditions de concurrence équitables entre les agences agréées.
La lettre du Groupe socialiste, bien que technique dans sa forme, est éminemment politique. En soulevant la question de la transparence et de l’égalité des chances, le Groupe socialiste ne se limite pas à une critique sectorielle : il interpelle le gouvernement sur sa conception même de la gestion des affaires publiques. La confiance des citoyens repose en grande partie sur la garantie que l’Etat ne favorise pas certains intérêts privés au détriment de l’intérêt général. De plus, l’enjeu dépasse largement les seules agences de voyages concernées. Le pèlerinage est un moment spirituel fondamental pour des millions de croyants qui, chaque année, investissent leurs économies pour accomplir ce devoir religieux. Toute atteinte à la liberté de choix dans l’organisation de ce voyage est perçue comme une entrave à un droit sacré.
En effet, les pèlerins eux-mêmes sont les premières victimes de cette mesure. Réduire leurs options, c’est potentiellement les soumettre à des prix plus élevés et à un service moins compétitif. En l’absence de diversité d’offre, la qualité pourrait en pâtir et les coûts augmenter de manière artificielle.
Face à cette polémique, une question essentielle demeure : comment garantir que de telles décisions soient prises dans l’intérêt général et non en faveur de quelques privilégiés ? La publication des critères de sélection et l’ouverture d’un appel d’offres transparent seraient des mesures essentielles pour dissiper les soupçons de collusion. Toute opacité alimente les doutes et affaiblit la confiance des citoyens envers leurs institutions.
Face à une interpellation aussi directe que celle du Groupe socialiste, la réaction du gouvernement sera déterminante. S’il persiste dans sa décision sans justification convaincante, il risque de voir la polémique s’enliser et de nourrir un climat de défiance grandissant. En revanche, s’il accepte d’ouvrir le dialogue et de revoir les modalités d’agrément des agences de voyages, il pourra désamorcer une crise naissante et affirmer son engagement en faveur de la transparence.
Ce que révèle cette lettre du Groupe socialiste, c’est avant tout une exigence citoyenne de clarté et d’équité dans la prise de décision publique. Et sur ce terrain, les enjeux ne se limitent pas au seul dossier du pèlerinage : c’est une question de principe qui touche au cœur même du fonctionnement démocratique.
Mehdi Ouassat