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D’emblée, on peut se poser la question de savoir quel pourrait être le lien entre la santé mentale et les droits de l’Homme. Cependant, une relation avérée est bien établie de par le cadre des attributions du CNDH telles que stipulées par le Dahir n° 1-11-19 du 1er mars 2011 et qui l’autorisent à effectuer des visites dans les établissements hospitaliers spécialisés dans le traitement des maladies mentales et établir des rapports. Et puis, ces malades, une fois internés contre leur gré se trouvent ainsi privés de leur liberté et nécessitent une protection.
Le rapport a levé le voile avec beaucoup d’audace sur une réalité longtemps occultée. Celle d’une frange de la population stigmatisée et condamnée sans avoir pour autant commis le moindre crime. Un seul fil conducteur au travers du rapport : l’urgence d’une reprise en main de la santé mentale.
Côté légal, le Dahir du 30 avril 1959 a fait ses preuves et est tombé de ce fait en désuétude. Une nouvelle réglementation devrait être régie en conformité avec les dispositions de la nouvelle Constitution.
Par ailleurs, il faudra redoubler d’efforts pour que la santé mentale au Maroc puisse bénéficier de moyens nécessaires. L’infrastructure psychiatrique nationale actuelle est insuffisante. La majorité des structures archaïques et inadaptées du reste, demeurent insuffisantes. La capacité litière de l’ensemble de ces structures, est selon les données fournies par le ministère de la Santé, de 1725, lits et elle est en baisse continue.
Un chiffre alarmant quand on apprend également que le nombre de psychiatres ne dépasse pas 303 médecins, secteurs public et privé confondus. Ils sont assistés par 740 infirmiers spécialisés. « L’effectif médical et paramédical disponible en psychiatrie est loin de répondre aux normes universellement établies et reconnues en la matière », comme l’a souligné le rapport. Pire encore, on déplore une disparité géographique. Ainsi, 54 % des psychiatres se trouvent dans l’axe Casablanca-Rabat. Bon nombre d’établissements ne disposent que d’un seul psychiatre.
Vu l’état de lieux, les prestations de services souffrent d’une grande carence. Ainsi les dysfonctionnements relevés en matière d’hygiène sont nombreux et portent même atteinte à la dignité des malades. Quant aux nouveaux médicaments, ils ne sont pas disponibles. En outre, les passerelles de réinsertion sont quasi-inexistantes, ce qui parfois condamne à l’échec le processus thérapeutique.
Autre sujet qui fâche, c’est l’absence de prise en charge et de protection. En effet, d’après les données du rapport, les établissements dans leur majorité, n’intègrent pas l’approche genre dans leurs plans et n’accordent pas aux femmes l’intérêt qui leur est dû. Les enfants, les personnes âgées et les toxicomanes ne sont pas en reste.
Le CNDH appelle à revoir le cadre légal en vigueur, à concevoir et mettre en œuvre une politique de santé mentale. Cela pourrait se faire à travers la sensibilisation du grand public et la lutte contre la stigmatisation des personnes atteintes de troubles mentaux. Le secteur gagnerait davantage par le soutien à la recherche scientifique et la consolidation de la relation étroite entre la santé mentale et les droits humains.