C’est un truc vieux comme le temps.
Le problème, c’est qu’il reste toujours d’actualité dans les pays où la démocratie n’est pas plus qu’une (douce) chimère. Le plus grave dans l’histoire, c’est quand ce qui a tout l’air d’être une triste fatalité colle à un pays dont le peuple, forces vives en tête, a consenti, au prix d’inestimables efforts, de très lourds sacrifices.
Certes, dans les pays authentiquement démocratiques, les médias publics comme privés sont régis par des règles préalablement définies et par des textes clairs ne prêtant à aucune équivoque. Même pour la première catégorie, l’Etat qui s’en trouve être le propriétaire ne peut tout se permettre et encore moins s’en servir pour régler quelques comptes politiques ou autres.
Force est de constater que le Maroc a fait du chemin dans ce sens sans toutefois avoir atteint le but escompté. Le malheur c’est qu’il s’en trouve aujourd’hui qui cherchent à tout remettre en cause. On croyait l’ère Basri, le puissantissime ministre de l’Intérieur qui s’est également approprié le ministère de la Communication pour faire des médias publics, à commencer par la télévision, des instruments devant servir ses seules visées, ses seuls intérêts qu’il cherchait sciemment à confondre avec ceux du système, on la croyait irrémédiablement révolue.
Une nostalgie tenace semble s’être emparée du parti menant le gouvernement actuel. Avec les agissements et autres turpitudes commis par le chef du gouvernement et ses ministres PJD, (les autres se faisant trop effacés), on a tout loisir de penser que ce parti se confond avec l’Etat. « L’Etat c’est moi », serait le leitmotiv de Benkirane et ses acolytes.
Impensable pour eux, par exemple, qu’une chaîne comme 2M s’accorde une certaine marge de liberté pour tenter de faire de la télévision comme c’est le cas sous d’autres cieux.
Et pour l’en dissuader, on fait feu de tout bois. On recourt aux meetings, aux manifs, aux menaces … On rouspète, on s’exerce à l’opposition, tout gouvernement que l’on est, on exige des démissions et on lance des ultimatums.
Le PJD nous a donné un « bel » aperçu de la conception qu’il fait des médias dès le tout premier passage de Benkirane en tant que chef du gouvernement. Il avait exigé et obtenu la mobilisation de 2M et d’Al Oula pour se comporter avec les deux journalistes de service en chef suprême, en maître absolu, en donneur d’ordres. Il s’est laissé aller dans des discours interminables au lieu de permettre à ses interlocuteurs de lui poser des questions et de se contenter d’y répondre.
Le PJD est, par ailleurs, entré dans une course contre la montre. Après avoir placé les siens dans de nombreux ministères, départements et autres services, après le remplacement à la tête du Centre cinématographique marocain de Saïl, cap sur la télé.
C’est trop flagrant. Trop nul surtout.