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La stigmatisation, principal obstacle au traitement des maladies psychiatriques

L’Association “Ruban d’espoir” ambitionne de combattre les préjugés et changer le regard de la société


Chady Chaabi
Mardi 27 Août 2019

Au Maroc comme partout ailleurs dans le monde, les personnes souffrant de troubles psychiatriques n’ont aucun répit, cernées malgré elles entre le mal qui les range de l’intérieur et celui qui les dénigre de l’extérieur. C’est un secret de Polichinelle, les préjugés et caricatures sur les maladies psychiatriques, le plus souvent considérées comme «possédées», sont bien réels. Un vieux serpent de mer chassé depuis peu par une association récemment créée.
Pour changer le regard porté par la société marocaine sur la maladie psychiatrique, diminuer le sentiment de persécution, ou du moins l’atténuer, et donc mieux prendre en charge ces troubles beaucoup plus répandus qu’on ne le pense, « Ruban d’espoir », l’association cofondée par sept jeunes femmes psychologues, ne lésine pas sur les efforts. Une implication qui a pris forme dans la réalisation d’une vidéo de sensibilisation.
A les entendre, «la lutte contre la stigmatisation est l’affaire de tout citoyen ». Difficile de les contredire. Et c’est justement le sens du court métrage réalisé par l’association. Bref et percutant, il s’attache à déconstruire les idées reçues et à sensibiliser les citoyennes et citoyens. Les mettre face à leurs responsabilités et préjugés à l’encontre des malades psychiatriques. Une attitude affligeante qui confine ces derniers à un isolement, alimenté dans le meilleur des cas par l’évitement et dans le pire par la discrimination. Une dangereuse stigmatisation qui représente un frein redoutable à l’accès aux soins, en particulier chez les jeunes.
«La maladie mentale est un trouble de l’état de santé, ce n’est pas un choix », argue l’association sur sa page Facebook. Puis de rappeler : « Nous pouvons combattre la stigmatisation et rompre avec les préjugés. Les corriger. Pour cela, parlons ouvertement de la maladie mentale et contribuons à faire évoluer l’attitude et les comportements des gens face à celle-ci. Brisons le silence »
Rim Akrache, psychologue et cofondatrice de « Ruban d’espoir », nous a expliqué qu’en plus de s’être fixé comme objectifs « de lutter contre la stigmatisation des maladies psychiques et psychiatriques à cause du poids de la société marocaine », les membres de l’association ambitionnent d’œuvrer pour « une meilleure réinsertion socio-professionnelle des patients en unité psychiatrique ». Des hommes et des femmes, certes malades mais stabilisés. Un état qui devrait en toute logique leur permettre de quitter les murs de l’hôpital psychiatrique. Mais c’est sans compter sur les familles qui les en empêchent, de peur que le contact avec l’extérieur ne vire au cauchemar.
Mais est-ce une raison suffisante ? Rien n’est moins sûr, d’autant plus que la plupart de ses familles manquent clairement de compréhension sur le sujet. Justement, pallier ce manque fait aussi partie des objectifs de «Ruban d’espoir». Cela passe par un espace d’écoute et d’expression où la parole des patients ainsi que celle des familles ont une place prépondérante. Autrement dit, un espace dédié à l’éclaircissement de zones d’ombre encore trop nombreuses au Maroc. Ombrageuses tout comme celles qui définissent les conditions des patients dans les hôpitaux psychiatriques.  
Une triste réalité qui a agi comme un fort stimulus à la création de l’association, dont les membres y ont été confrontés lors de l’inauguration des travaux réalisés à l’hôpital psychiatrique Errazzi. Ainsi donc, l’Association «Ruban d’espoir» a fait de la lutte pour l'essor de la santé mentale au Maroc son credo. Et quand on sait que 40% de la population marocaine âgée de 15 ans et plus souffre, ou a souffert, d'un trouble mental, le moins que l’on puisse dire est qu’il y a du travail sur la planche. Un chantier colossal qui est loin de dissuader les sept jeunes femmes.


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