A quand la réforme des marchés de gros ? Dans tous les cas, ce n’est pas pour demain, laissent entendre plusieurs professionnels du secteur. Pour eux, une seule chose est sûre : la réforme semble renvoyée aux calendes grecques. Et en attendant, les consommateurs marocains vont continuer à payer cher leurs légumes et fruits avec des prix allant du simple au double.
Réunis dimanche dernier lors d’une rencontre organisée en marge du Salon international de l’agriculture à Meknès, les professionnels du secteur de production et de commercialisation des légumes et fruits sont unanimes à considerer que la réforme de ces marchés s’impose aujourd’hui avec acuité vu leur situation préoccupante. Mais qui bloque la réforme ?
«Il y a un lobby puissant qui lutte contre toute réforme. Il s’agit d’une alliance d’élus, de mandataires, d’intermédiaires et autres qui manigancent pour leurs propres intérêts qui se chiffrent à des millions de DH », nous a révélé Belkora Aboubakr, président de la Fédération interprofessionnelle de la filière de l'arboriculture fruitière (Fedam). Selon lui, ces marchés se sont transformés en haut lieu de rente et d’enrichissement illicite.
Notre source ne mâche pas ses mots. Il estime que l’existence d’un tel lobby n’épargne pas le gouvernement d’assumer ses responsabilités. Même évaluation du côté d’Omar Mounir, vice-président de la Fédération interprofessionnelle marocaine de production et d'exportation des fruits et légumes (FIFEL) qui estime que la responsabilité du blocage imcombe plutôt au ministère de l’Intérieur qui ne semble pas prêt à lever la main sur ce dossier. En effet, l’enjeu est de taille. Les marchés du gros génèrent chaque année un chiffre d'affaires établi à 7 milliards de dirhams et des recettes estimées à environ 300 millions pour les communes. Une manne financière qui aiguise les appétits. «Tout le monde sait que ces marchés connaissent la multiplication des intervenants institutionnels mais le département de l’Intérieur garde la primauté dans ce dossier », nous a-t-il précisé.
Une situation que ne semble pas rejetter le président de la Fedam. «On n’est pas contre les recettes générées au profit des communes et d’ailleurs aucune réforme ne peut toucher à ces recettes », nous a-t-il expliqué.
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