Un sit-in pour protester et sensibiliser à la gravité de la situation des enfants. C’est ce qu’a initié l’Association «Forum de la famille marocaine» en rassemblant ses membres face au Parlement. «Devant la recrudescence de la violence faite aux enfants à travers les viols, les séquestrations ou même les abandons dont ils sont victimes, nous avons décidé d’organiser cette manifestation sous le thème «La protection de l’enfance, une priorité nationale», a indiqué Khadija El Yemlahi, présidente de ladite association dans une déclaration à Libé. Une situation déplorable que traduisent les slogans, les pancartes et les banderoles portés par les manifestants : «Non, non et non au travail des enfants et au mariage des mineures !», «la justice sociale, une garantie pour les droits de l’enfant», «Stop child labour now».
Une façon de responsabiliser le gouvernement, à l’occasion de la Journée nationale de l’enfance. «Certes, il existe bel et bien une stratégie nationale relative à l’enfance 2006-2015, mais qu’en est-il en fait ?», s’interroge Mme El Yemlahi. Avant d’ajouter :«Cette stratégie s’achève bientôt et on est en droit de demander des comptes». Quel en est le bilan? «Dérisoire», déplore-t-elle. «Pas si pressé que cela, le gouvernement et depuis quelques mois déjà, s’apprête à adopter une politique publique intégrée pour la protection des enfants, et on attend toujours». Selon elle, l’Exécutif est appelé à adopter une politique familiale intégrée qui traduirait l’esprit de la Constitution à travers les droits économiques, sociaux et culturels.
Tout en respectant les différentes conventions internationales adoptées par le Maroc. Mme El Yemlahi n’a pas manqué de faire allusion également à une problématique intimement liée à celle de la situation des enfants, à savoir le Code la famille. «Perçue comme une véritable révolution lors de son adoption, la Moudawana n’a pas tardé à montrer ses faiblesses. Cela se vérifie notamment à travers l’absence de mécanismes performants d’application comme c’est le cas pour les assistantes sociales ou encore de la médiation. Ce qui explique la recrudescence des cas de divorce dont les impacts négatifs touchent en premier lieu les enfants», précise-t-elle. Et d’expliquer que «faute de foyer familial sécurisé, ils sont livrés à eux-mêmes et sont enclins à toutes sortes de dérives (drogue, violence, criminalité...). Ainsi, ils finissent par se retrouver dans les centres de protection de l’enfance où ils ne sont pas mieux lotis». Elle en veut pour preuve, le rapport accablant établi par le CNDH qui épingle vigoureusement les innombrables dysfonctionnements touchant ces établissements. En effet, il y a été indiqué, entre autres, que ces centres souffrent d’un sous-effectif et qu’un grand nombre d’enfants placés sont victimes de châtiments corporels, de brimades et d’insultes. Pire encore, leur droit d’accès à des mécanismes de recours garantissant leur protection, n’est pas respecté. Selon le rapport, les fugues et les tentatives de fugue reflètent le mal-être des enfants et l’inadéquation de la prise en charge de certains enfants, notamment ceux présentant des troubles comportementaux et des addictions, qui devraient bénéficier d’une prise en charge spécifique.