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La présence des ressortissants marocains en France revêt une importance particulière

Les chiffres du rapport du ministère de l'Intérieur en disent long


Hassan Bentaleb
Vendredi 9 Décembre 2022

Pourquoi donc chercher à ramer à contre-courant ?

La présence des ressortissants marocains en France revêt une importance particulière
«Ils font partie des trois origines les plus représentées parmi les immigrés en France métropolitaine ; ils restent les plus nombreux à avoir le titre de séjour ; ils sont les plus représentés dans l’immigration professionnelle  et sont de loin les plus nombreux à bénéficier des titres au motif «familial», délivrés aux ressortissants de pays tiers, membres de familles des citoyens de l’UE, des autres pays de l’EEE ou de Suisse», tels sont les grands traits de la population marocaine immigrante en France selon le document «Les chiffres clés de l'immigration 2021» publié par le ministère de l’Intérieur français.

Plus d’un nouveau Français sur trois est originaire du Maghreb

D’après ce document, les trois origines les plus représentées parmi les immigrés en France métropolitaine sont l’Algérie, le Maroc et le Portugal. Une situation des plus normales puisque l’immigration algérienne est historique, liée au passé colonial puis post-colonial. Alors que les années soixante-dix ont connu une immigration marocaine économique d’ampleur jusqu’aux années de crise et  la décision du gouvernement français d’arrêter l’immigration, sauf dans le cas du regroupement familial.

Concernant l’immigration portugaise vers la France, elle a été importante dès les années 60 et 70, pour fuir la dictature et la misère économique. Elle est aujourd’hui très ralentie, mais le document précise que «ces résultats sont identiques à ceux de l’année précédente, les variations ne se font que très lentement dans le temps». La même source indique aussi que le Maroc fait partie des pays d’origine les plus concernés par l’acquisition de la nationalité française comme en 2020. Les pays du Maghreb représentent 36% de l’ensemble. En effet, plus d’un nouveau Français sur trois est originaire du Maghreb.

A préciser, cependant, que les nouveaux Français de 2020 ne représentent que 0,13% de la population totale. «Les comparaisons européennes ne placent pas la France dans la même position selon l’indicateur examiné: Au regard de sa population étrangère en 2020 (dernière année disponible pour les comparaisons internationales), la France dispose d’un taux de naturalisation (1,7%) légèrement inférieur à la moyenne européenne (2,0%). Cinq des autres pays sous analyse ont un taux plus élevé : la Belgique, l’Espagne, l’Italie, les Pays-Bas et surtout la Suède (8,8%).

La France naturalise plus que les pays de tradition de droit du sang (l’Allemagne 1,1% et surtout l’Autriche 0,6%). Au regard de sa population totale, la France (0,13%), comme l’Allemagne, est proche de la moyenne des pays européens (0,16%). La Belgique, l’Espagne et l’Italie sont légèrement au-dessus. La Suède naturalise nettement plus (0,78%) tandis que l’Autriche naturalise peu (0,10%) », souligne le document.
 
Les Marocains, les plus représentés au niveau de l’immigration familiale

Sur un autre registre, ledit document explique que les ressortissants marocains restent les plus nombreux à bénéficier des titres de séjour et retrouvent leur niveau de 2019 tandis que la hausse pour les Algériens et Tunisiens, en 2e et 3e positions, ne suffit pas à effacer le recul de 2020.

Les Marocains sont également recensés parmi les nationalités les plus représentées au niveau de l’immigration familiale (13.735 cas). Ils sont devancés par les Algériens (15.127) et sont suivis par les Tunisiens (8325). Ce classement reste identique d’une année sur l’autre. En effet, l’immigration familiale constitue historiquement le plus important volume de flux migratoires. Elle représente 31,7% de l’immigration totale en 2021. En 2021, on dénombre 85.844 titres délivrés sur ce motif, soit une augmentation annuelle plus modérée que pour les autres motifs (+12,9%).

«Ceci est lié au fait que le recul de l’immigration familiale en 2020 avait été relativement limité, une partie des titres familiaux étant attribuée à des personnes séjournant déjà sur le territoire lors de leur demande de titre. L’impact de la fermeture des frontières liée à la crise sanitaire a donc été moins important que pour les autres titres», indique ledit document. Et de faire savoir que «les données d’Eurostat montrent que tous les pays sont concernés, à des degrés divers, par la reprise de la délivrance de titres de séjour en 2021.

Pour l’ensemble des principaux pays (hors Allemagne dont les résultats ne sont pas encore diffusés), elle atteint +41,7%. En Pologne surtout, mais aussi en Espagne et en Italie, les niveaux de 2019 sont largement dépassés en 2021. Ils sont tout juste rattrapés pour la France et les Pays-Bas tandis que le Portugal, la Suède et la République tchèque délivrent nettement moins de titres de séjour en 2021 qu’en 2019. En 2021, la France délivre moins de titres que l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie ou la Pologne. Le motif familial est prépondérant dans la plupart des pays de l’Union européenne sauf en Pologne où l’immigration économique domine de très loin, en République tchèque et au Portugal. La France se distingue par une part des motifs liés à l’éducation nettement plus importante que dans les autres grands pays de l’Union ».

Les Marocains sont également et de loin les plus nombreux à bénéficier des titres au motif « familial », délivrés aux ressortissants de pays tiers, membres de familles des citoyens de l’UE, des autres pays de l’EEE ou de Suisse, avec 38% de l’ensemble, aucune autre nationalité ne dépassant les 7%. Ces titres s’adressent aux ressortissants de l’UE, des autres pays de l’EEE ou de Suisse qui en font la demande et aux membres de leurs familles, y compris lorsque ces derniers sont ressortissants de pays tiers. Ces personnes peuvent donc bénéficier de titres spécifiques dont la mention varie selon le profil du demandeur et dont la durée de validité ne peut excéder 5 ans, sauf dans le cas d’un titre permanent. Les membres de famille ressortissants des pays tiers sont soumis à l’obligation d’être munis d’une carte de séjour. Par contre, les citoyens de l’UE, des autres pays de l’EEE ou de Suisse sont dispensés d’une telle obligation. Ils ont cependant la faculté d’en demander la délivrance, qui est de droit lorsque les conditions de séjour régulier sont satisfaites.

Forte présence au niveau de l’immigration professionnelle

Comme les années précédentes, le Maroc (7.219) et la Tunisie (4.068) demeurent les deux pays les plus représentés au niveau de l’immigration professionnelle. Un nouveau titre sur 5 délivrés sur ce motif concerne un ressortissant marocain et un sur dix un ressortissant tunisien. Le document note que parmi les principaux pays d’immigration économique, l’Algérie est le seul à connaître un nouveau recul (- 4,5%) en 2021. 

A noter que cette forme de migration a souffert pendant la crise de  Covid-19 avec un recul brutal de 32% en 2020. « Cela fait vraisemblablement suite au probable report, voire abandon, de projets migratoires liés au travail que ce soit pour rester auprès de proches ou à cause du ralentissement de l’activité économique en France. Cet effet est presque gommé par la forte reprise en 2021 (+36,4%) qui replace l’immigration économique à un niveau comparable à celui d’avant-pandémie.

Au total ce sont 36.095 premiers titres pour motifs économiques qui ont été délivrés en 2021, soit 13,3% des flux migratoires en provenance de pays tiers (hors Britanniques)», indique le rapport. Et d’ajouter que «l’immigration économique concerne surtout des salariés et que le motif salarié, avec 25.703 titres, correspondant à des emplois en CDI, représente 71% des titres économiques délivrés, avec une hausse de 25,9% par rapport à l’année précédente. On y trouve en particulier les passeports talents délivrés aux salariés qualifiés dont la hausse est encore plus marquée (+ 34,5%). C’est le motif «saisonnier ou temporaire» qui connaît la plus forte dynamique en 2021 (+160%), ces titres représentant 15% des délivrances.

Le ministère de l’Intérieur français précise, cependant, que les «passeports talents» ne retrouvent pas leur niveau d’avant-pandémie. Il explique qu’en 2021, 11.801 nouveaux passeports talents ont été délivrés, soit +25,4% en un an. Une hausse qui reste plus modérée pour ceux qui ont un motif économique que pour ceux qui concernent les « membres de famille». «Ainsi, les créations de passeports talents sur des motifs économiques, scientifiques en particulier, ne retrouvent pas encore leur niveau de 2019», indique-t-il.
 
Des étudiants marocains en hausse

Les nouveaux étudiants marocains sont également à leur plus haut niveau: 15% des nouveaux titres étudiants leur sont attribués. En 2021, le nombre de titres délivrés pour motif «étudiant» est en hausse de 20,1% par rapport à l’année précédente, pour s’établir à 87.694, ce qui en fait, pour la première fois, le motif de délivrance de titres de séjour le plus nombreux. Au même niveau que l’immigration familiale en 2019, les étudiants représentent 32,4% des primo-délivrances de titres en 2021, contre 31,7 % pour le motif familial.

Le document du ministère de l’Intérieur souligne, en outre, que les étudiants chinois, s’ils reviennent en France en 2021, restent beaucoup moins nombreux qu’avant le Covid. On en compte à peine plus de 6.000, alors qu’environ 10.000 nouveaux titres leur étaient attribués chaque année avant la pandémie. Il en est de même pour les étudiants indiens, nettement moins nombreux, mais qui ne retrouvent pas non plus leur niveau de 2019 (3.714 nouveaux titres, 20% de moins qu’en 2019). La plupart des autres principales nationalités concernées par les titres étudiants retrouvent ou dépassent leur niveau d’avant-crise. « Le dynamisme ininterrompu de l’entrée des étudiants étrangers en France de 2013 à 2019 s’expliquait par des efforts croissants d’attractivité des campus français envers les étudiants étrangers, et des mesures de facilitation de leurs démarches, portées en particulier par l’opérateur Campus France et en application du plan Bienvenue en France mis en place à l’automne 2018. Le mouvement observé en 2020 est conjoncturel. L’Etat développe ainsi des guichets uniques mais aussi et surtout la mise en place des demandes de titres en ligne depuis septembre 2020 au profit du public étudiants», explique ledit document. Et de préciser: «Année après année, le primo-détenteur d’un titre étudiant en 2015 conserve un titre au même motif ou obtient un titre pour un autre motif. Il peut aussi sortir du champ de l’analyse, ayant quitté le territoire français ou ayant acquis la nationalité française.

Ainsi, si un an après la délivrance de leur premier titre ce sont près de 37% des étudiants qui ont quitté le territoire, les départs ralentissent ensuite. Au bout de 6 ans, cela concerne plus de 62% des étudiants. A l’issue de cette période, une partie des titres étudiants est transformée en titres «économiques» (environ 21%) ou en titres «familiaux» (environ 8%).

Visas de long séjour, le bémol

Toutefois, si les Marocains et les Maghrébins sont bien placés au niveau des chiffres de migration en France, cela n’empêche pas qu’ils sont les moins bénéficiaires des titres de visa de long séjour. En effet, si l’Arabie Saoudite, le Maroc, l’Algérie et la Tunisie assurent un tiers de l’activité de délivrance de visas de réseau français, les trois pays du Maghreb sont en recul en 2021, notamment le Maroc (-30,8%) et c’est en Arabie Saoudite que le plus grand nombre de visas sont délivrés en 2021. On en compte dans ce pays presque 4 fois plus qu’en 2020.
Ledit document sur les chiffres clés de la migration en France indique qu’en 2021, 229.095 visas de long séjour ont été délivrés, soit un niveau de l’ordre de ceux de 2018 et 2019. La hausse (+54,2%) efface presque entièrement la chute de l’année 2020. L’ensemble des motifs de délivrance est concerné par cette évolution. Les quinze premiers pays de délivrance des visas représentent un total de 498.197 visas délivrés en 2021, soit presque 7 visas délivrés sur 10 par les ambassades et consulats de France sur l’ensemble du réseau. La Russie, à la deuxième place en 2020, ne figure plus dans les quinze premiers pays de délivrance en 2021. La Chine connaît une très forte baisse pour la seconde année consécutive (- 76,6%).

Hassan Bentaleb


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