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La participation du Maroc aux Jeux paralympiques en suspens

Après plusieurs sit-in infructueux, les athlètes paralympiques envisagent de déclarer forfait


Libé
Dimanche 15 Août 2021

A en croire les instances dirigeantes, les 38 athlètes paralympiques qualifiés seraient fin prêts et déterminés à tout casser à Tokyo (du 24 août au 5 septembre). Mais ces derniers ne voient pas du tout les choses de la même manière. En réalité, la participation de l’équipe nationale à la 16ème édition des Jeux paralympiques est en passe de virer à la catastrophe. Pis, à l’heure où l’on écrit ces lignes, le Maroc a plus de chances de déclarer forfait que d’empiler les médailles.

Avec un palmarès de 19 breloques (9 or, 5 argent, 5 bronze) aux J.P d’été, les athlètes paralympiques n’ont plus rien à prouver. Encore moins leur capacité à faire rayonner le sport paralympique national aux quatre coins de la planète. Et ils ne comptaient pas s’arrêter en si bon chemin. Mais l’affaire s’annonce mal. «Nous avons contacté le ministère de la Jeunesse et des Sports pour connaître les primes envisagées en cas de médailles, comme pour les athlètes valides qui ont eu des garanties à ce sujet. Mais nos demandes sont restées lettre morte», nous explique Azeddine Nouiri, lanceur de poids, doublement paré d’or à Londres et à Rio. «Le ministère a préféré communiquer avec les fédérations. Il leur a assuré que notre dossier était en cours de traitement. Mais c’est une réponse très vague et insatisfaisante. Nous ne méritons pas cette indifférence. Nous voulons plus de transparence. Il est inconcevable que nos demandes soient étudiées aux derniers moments», s’agace-t-il.

En mal d’appui médiatique massif, les athlètes paralympiques n’avaient d’autre choix que d’organiser des sit-in devant les portes du ministère de la Jeunesse et des Sports. «Aujourd’hui, la majorité, si ce n’est la totalité des athlètes paralympiques quitteront leurs stages pour revendiquer leurs droits», nous explique Azeddine Nouiri. Dans le meilleur des cas, le ministère de tutelle accédera aux demandes des athlètes, et ils n’auront plus que les Jeux en tête. Autrement, «nous boycotterons les tests PCR nécessaires avant de prendre l’avion en direction de Tokyo», avertit le double champion olympique.

D’après le calendrier du ministère de la Jeunesse et des Sports, la délégation paralympique nationale sera répartie en trois groupes. Le premier décollera vers Tokyo le 18 août, le deuxième, trois jours plus tard, et le troisième, le 25 août. Les organisateurs nippons imposent des tests PCR 48 heures avant le décollage. Sans quoi, les athlètes ne pourront pas prendre l’avion. Un tel scénario serait un véritable désastre. Qui plus est après la débâcle de l’équipe nationale aux Jeux olympiques. Pourtant, une issue était toute proche d’être trouvée. «En fin de semaine dernière, nous aurions dû être reçus par le directeur des sports au sein du ministère. Mais au dernier moment, il a refusé de nous accueillir car nous étions trois représentants et, à son sens, il y en avait un de trop», a-t-il ajouté.

Pour Azzedine Nouiri, cet imbroglio sur fond de prime est une énième preuve du manque de considération dont souffrent les athlètes paralympiques marocains. Difficile de le contredire, eu égard à la préparation tronquée à laquelle ils ont eu droit. Certes, la pandémie de Covid-19 y est pour beaucoup. Mais pas seulement. «Notre préparation n’a pas été optimale. Nous n’avons eu droit ni aux stages ni aux compétitions à l’international, comme c’est le cas d’habitude. En plus, les budgets pour la préparation des athlètes n’auraient pas été versés aux fédérations. Notre préparation s’en est retrouvée perturbée par des difficultés et des obstacles d’ordre  financier», s’insurge Nouiri, qui n’en reste pas moins un compétiteur dans l’âme. Une âme toutefois écornée.  «Je trouve qu’il est inconcevable qu’une si belle occasion, qui ne se présente qu’une fois tous les quatre ans, cinq pour cette édition, soit ternie par un manque de considération du ministère envers les athlètes paralympiques. Comme si nous n’existions pas. Comme si nous étions des parias», conclut l’un des leaders d’une délégation en mal de reconnaissance, et qui s’apprête à rejoindre Tokyo le moral dans les chaussettes . Ou pas.
 
Chady Chaabi


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