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La pandémie menace d’ aggraver l’ extrême pauvreté dans la région MENA

La crise pourrait précipiter au moins 3 millions de personnes de plus dans ce fléau

Dimanche 11 Octobre 2020

Les pays de la région Moyen Orient et Afrique du Nord (MENA) doivent agir sans délai pour inverser la tendance à l’aggravation de l’extrême pauvreté, a insisté la Banque mondiale dans un nouveau rapport sur«La pauvreté et la prospérité partagée ».

Selon le rapport rendu public récemment, « le taux d’extrême pauvreté dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord a connu une nouvelle hausse, pour presque doubler entre 2015 et 2018 ».Il est passé de 3,8% en 2015 à 7,2% en 2018, a affirmé l’institution internationale rappelant que cette hausse s’ajoute à une première augmentation de 2,3% enregistrée avant 2015.

Plus grave encore, « le taux actuel de pauvreté dans la région MENA pourrait atteindre 7,9%, dans un contexte où les conséquences de la pandémie de Covid-19 viennent aggraver les effets des conflits et des dérèglements climatiques », a estimé la Banque mondiale faisant savoir que la pandémie menace de précipiter au moins 3 millions de personnes de plus dans l’extrême pauvreté.

L’institution de Washington rappelle par ailleurs que des projections récentes montrent qu’à court terme, « l’aggravation de la pauvreté pourrait être encore bien pire, et même aller jusqu’à multiplier par deux le nombre de pauvres dans certains pays ».

A en croire la Banque mondiale, l’augmentation du taux d’extrême pauvreté dans cette partie du monde résulte principalement des répercussions des conflits qui perdurent en Syrie et au Yémen. Mais pas seulement.

Dans des propos cités dans un communiqué de l’institution financière, Ferid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord, note que «ces nouvelles données peu réjouissantes nous rappellent comment les conflits, le changement climatique et les problèmes de gouvernance - auxquels s’ajoute à présent la pandémie de Covid-19 - combinent leurs effets pour détruire des vies, les moyens de subsistance des populations et la prospérité de la région tout entière ».

Comme il l’a promis, l’institution continuera d’aider les pays de la région MENA à arrêter la propagation de la maladie et à protéger et prendre soin de leurs populations. Ace propos, Nadir Mohammed, directeur régional de la Banque mondiale pour la croissance équitable, les finances et les institutions au Moyen-Orient et Afrique du Nord, partage le constat que «la pandémie entraîne dans la pauvreté des groupes de personnes qui avaient jusqu’ici été relativement épargnées et qui sont aujourd’hui frappées de plein fouet, à savoir les habitants des zones urbaines et les petits entrepreneurs informels ».

Par ailleurs, « le chômage, déjà exceptionnellement élevé avant la pandémie de Covid-19, s’est encore aggravé, ce qui réduit d’autant plus les perspectives d’emploi déjà trèslimitées des jeunes et des femmes de la région », poursuit-il notant que les résultats d’enquêtes menées par téléphone montrent que les familles sont désormais contraintes de puiser dans leurs économies et que l’insécurité alimentaire progresse.

Mis à part l’effondrement des cours du pétrole, qui exacerbe aussi les problèmes structurels sous-jacents des pays de la région et touche tous les aspects de leurs économies, « la pandémie a creusé les inégalités déjà présentes dans la région ».

En effet, il a exposé « les vulnérabilités des systèmes sociaux, politiques et économiques, ce qui contribue à amplifier les effets de la pandémie elle-même », a fait savoir la Banque dans son communiqué tablant sur un coût pouvant se chiffrer à environ 3,7 % du PIB régional de 2019, soit quelque 100 milliards de dollars. Pour faire face au coronavirus, la Banque mondiale rappelle qu’elle a mis en place un plan de riposte en plusieurs phases dans la région MENA s’inscrivant dans le cadre plus général de sa riposte mondiale, mais aussi de sa stratégie régionale.

Il estsouligné qu’« au cours de la première phase, la Banque apporte son aide aux systèmes de santé publique et d’aide sociale d’urgence pourl’achat des produits nécessaires, l’amélioration de la surveillance et le renforcement des capacités sanitaires », a-t-elle expliqué sur son site web.

Dans ce cadre, l’institution de Washington a ainsi « débloqué près de 700 millions de dollars pour aider les pays à faire face à leurs besoins les plus urgents, notamment en mettant en place sept nouvelles opérations et en réorientant les financements de dix projets en cours », selon la même source.

Outre l’aide au renforcement des dispositifs de protection sociale des pays de la région, notamment par le biais de transferts monétaires aux plus vulnérables et de programmes d’appui aux petites entreprises, « la Banque mondiale aide les gouvernements à étendre la portée des programmes de transferts monétaires et les publics visés, en vue d’orienterles fonds vers les ménages les plus vulnérables et ceux qui risquent d’avoir perdu leur emploi ou leurs sources de revenus », a-t-on ajouté.

Au niveau mondial, pour la première fois depuis plus de vingt ans, les auteurs du rapport prévoient que le taux d’extrême pauvreté devrait augmenter en 2020. Selon la Banque mondiale, « la pandémie risque d’entraîner entre 88 et 115 millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté cette année et jusqu’à 150 millions d’ici à 2021, en fonction de la gravité de la récession économique ».

Elle précise que l’extrême pauvreté, dont le seuil est fixé à moins de 1,90 dollar par jour, devrait ainsi toucher entre 9,1 % et 9,4 % de la population mondiale en 2020, soit un retour en arrière de l’ordre du taux de 9,2 % enregistré en 2017, peut-on lire.

Alain Bouithy

Alain Bouithy

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