La nouvelle a suscité une grande émotion chez ses nombreux fans : Abdelhadi Belkhayat fait ses adieux à la scène lyrique

C’est avec les larmes aux yeux que ses fans ont appris la nouvelle. Abdelhadi Belkhayat ne chantera plus. Ce ténor de la chanson marocaine était visiblement ému ce mémorable vendredi à la Villa des arts de Rabat, où il a pris de court le public de Mawazine. «Je prends désormais ma retraite définitive du chant», a-t-il annoncé, à la grande surprise de l’assistance. Le concert qu’il a donné ce soir, à la veille de la clôture de la 9ème édition de Mawazine, marque la fin d’une carrière atypique. Plus de quarante ans de chant au compteur de cet artiste à la voix d’or, jalonnée de plusieurs dizaines de chansons immortelles qui ont enchanté ici et bien au-delà des frontières. De ce côté-ci, il n’est presque pas un seul foyer marocain où il n’y ait pas un album de Belkhayat. Ses fans se comptent par millions, toutes catégories d’âge et de tendances confondues : jeunes et moins jeunes, adultes et vieux. Un véritable culte est ici voué à cet interprète-compositeur, qui nous lègue un impressionnant répertoire lyrique. Ce vendredi soir, il a gratifié son public accouru à Hay Ennahda d’un florilège de chefs-d’œuvre tout aussi émouvants les uns que les autres : «Ya bent nass», «Ya dak al inssan», «Senara», «Kifiydir a sidi», «Aalmouk taadini», en plus de cette chanson au succès inoxydable «Kitar Al Hayat».
Autant de succès légués par cet artiste qui a fait avec Abdelouhab Doukkali, Mohamed El Hayani et Naïma Samih la grande histoire de la chanson marocaine moderne.
Autre consolation, c’est que le retrait annoncé d’Abdelhadi Belkhayat ne concerne que la scène lyrique. «Je vais me consacrer aux invocations et aux chants religieux», a tenu à préciser le grand Belkhayat. Un virage négocié avec brio par l’artiste, et que l’on pouvait deviner par sa présence remarquée et régulière au Festival des musiques sacrées de Fès. Côté production, A. Belkhayat s’est également distingué ces derniers temps par l’enregistrement de plusieurs chants à vocation religieuse, dont notamment «Al mounfarija».
Voilà, maintenant est-il besoin de présenter Abdelhadi Belkhayat?
Né en 1940 à Fès, Abdelhadi Belkhayat, de son vrai nom Zougari El Idrissi Abdelhadi, a quitté très tôt sa ville natale pour s’installer à Casablanca. Une audition à la Radio nationale le propulse rapidement au-devant de la scène alors dominée par Mohamed Fouiteh, Maâti Belkacem et Brahim Alami. Il a réussi à s’imposer grâce à sa voix chaleureuse et ses mélodies d’influence orientale. Sur ce registre, Abdelhadi a collaboré avec plusieurs compositeurs marocains et orientaux, dont Baligh Hamdi.  Côté cinéma, A. Belkhayat compte deux expériences aux côtés du réalisateur Abdellah Masbahi, la première en 1973 sous le titre “Silence, sens interdit” et la seconde en 1979 “Où cachez-vous le soleil?”.