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La mort ne guette pas les migrants qu’en Méditerranée

Froid fatal aux frontières maroco-algériennes


Hassan Bentaleb
Mercredi 6 Février 2019

Les frontières continuent à tuer. La semaine dernière, cinq migrants irréguliers ont trouvé la mort à la frontière maroco-algérienne. D’autres décès ont été enregistrés également au niveau de la Méditerranée. Alarme Phone en a recensé 54 et près de 100 portés disparus.   
«A la morgue d’Oujda, nous avons identifié les cadavres de deux migrants irréguliers issus de la Guinée Conakry, morts de froid après être tombés dans le  fossé frontalier qui sépare le Maroc de l’Algérie. 48 heures plus tard, nous avons également identifié le cadavre d’un autre Guinéen âgé de 17 ans qui était en route vers l’Algérie afin d’y chercher du travail et on n’a pas encore réussi à localiser le cadavre d’un Camerounais», nous a indiqué    Hassan Ammari, militant d'Alarme Phone. Et de poursuivre : «Ce genre d’incidents est récurrent à la frontière entre le Maroc et l’Algérie. Notamment en cette période de l’année souvent marquée par des pluies qui rendent très difficile la traversée des fossés.  
En effet, ces fossés de 4 mètres de hauteur et longs de  71 km sont souvent remplis d’eau et de boue. Ce qui rend tout mouvement ardu voire impossible».      
Notre source nous a cependant précisé que le nombre de morts sur cette frontière a augmenté lors des trois dernières années. Particulièrement durant la période s’étalant entre décembre et la mi-février et marquée par la dégradation des conditions météorologiques.   
Les frontières maritimes ont eu également leur lot de victimes de la migration irrégulière. «Nombreux sont les cadavres qui ont été recensés ces derniers jours en  Méditerranée. Il s’agit, en grande partie, de candidats à la migration qui sont partis du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie», nous a indiqué notre source tout en précisant que le nombre de morts et de portés disparus n’est pas communiqué par l’Algérie. «Il y a un silence assourdissant de la part des autorités algériennes concernant ce sujet. La seule source d’information demeurent les médias qui publient, de temps à autre, des entrefilets ou des images de cadavres échoués sur les côtes», nous a-t-elle déclaré.
Même évaluation de la part de Saïd Boudour, journaliste algérien spécialiste des questions migratoires. Selon lui, ce silence des officiels trouve son explication dans le contexte des préparatifs de   l’élection présidentielle. «La situation est tendue dans le pays et le pouvoir tente de traiter la question de la migration des jeunes Algériens loin des caméras afin d’éviter de susciter la colère de la rue vu que certaines sorties médiatiques des hommes politiques algériens y ont contribué», nous a-t-il expliqué. Et de poursuivre : «A ce propos, et pour calmer l’opinion publique, un colloque national a été organisé dernièrement sur le sujet en réaction aux manifestations des jeunes et de leurs familles à Alger et Oran afin de demander aux autorités de rechercher les candidats algériens à la migration irrégulière qui sont portés disparus depuis quelque temps».
Peut-on, tout de même, évaluer le nombre de morts et de disparus algériens ? Noureddine Bedoui, ministre de l’Intérieur, a indiqué, selon le site algérien Interlignes, que 4.000 migrants ont été sauvés, 96 personnes sont portées disparues et 179 corps ont été rejetés par la mer. Frontex a, pour sa part, indiqué qu’en 2017, le nombre de migrants algériens s’est élevé à 25.000 avec un pic de 500 personnes par mois. 5.000 d’entre eux ont été renvoyés en Algérie.
Saïd Boudour reste sceptique face à ces chiffres et estime qu’il est difficile d’avoir des statistiques fiables sur le nombre de morts et de portés disparus dans le contexte actuel du pays.


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