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L’année dernière, quasiment à la même époque, le même scénario se répétait. Des chutes de pierres ont bloqué la circulation du tramway dans le centre-ville de la capitale économique. Une précaution somme toute logique, sachant qu’il y a une vingtaine d’années, « une partie de l’hôtel s’était effondrée, faisant plusieurs morts» alerte l’Association «Casamémoire» qui vise la promotion et la sauvegarde du patrimoine architectural du XX siècle.
Ainsi, l’un des seuls bâtiments du centre-ville casablancais à ne pas être construit en béton armé, tombe en ruine, jour après jour. D’année en année. Pourtant, le bâtiment labellisé patrimoine national aurait dû être rénové. En effet, en novembre 2018, le groupe français «Realites» avait remporté un appel d’offres émis par l’Agence urbaine de Casablanca (AUC) qui avait pris possession de l’édifice en 2009 suite à un processus d’expropriation entamé en 2005. Sur son site Internet, le groupe français se réjouit que « le mythique hôtel Lincoln de Casablanca s’apprête à vivre une seconde jeunesse.» Puis de préciser : «D’une surface de 13.500 m², la programmation projetée comprendra 2000 m² de commerces et bureaux, 7.500 m² d’un hôtel de très grand standing, ainsi qu’un restaurant, une piscine, le tout agrémenté d’un rooftop». Un projet de rénovation dont le montant des travaux est de l’ordre de 14 millions d’euros. Mais ça, c’est sur le papier.
Sur le terrain, deux ans après, le processus de rénovation est toujours au point mort. Et l’échafaudage visible à l’extérieur n’est qu’un leurre. En réalité, on le doit uniquement à l’entreprise en charge des travaux du tramway pour protéger les voies du tram, en cas d’effondrement, ni plus ni moins. D’après nos informations, les travaux devraient commencer en 2021, pour se terminer fin 2022. Mais cela n’explique pas le peu d’intérêt des décideurs pour le patrimoine historique de la ville, car, encore faut-il le rappeler, cela fait près de 30 ans que l’hôtel Lincoln s’effrite pierre par pierre. Il est même devenu le refuge de toxicomanes et autres délinquants, renvoyant ainsi une piètre image de la cité casablancaise.
A l’évidence, les autorités locales ne laissent que peu de place à l’histoire dans leurs visions du futur. La destruction en juin dernier de la villa Mauvillie, construite en 1932, en est le parfait exemple. En agissant ainsi, les décideurs confirment encore une fois qu’il leur est plus facile de détruite que de rénover comme en atteste la Casablancaise. Anciennement nommé Stade Lyautey, ce stade au cœur de la capitale économique aurait dû faire peau neuve depuis plusieurs mois. Les travaux de réhabilitation ont été lancés en septembre 2018 pour une livraison prévue 18 mois plus tard, soit début 2020. Or, au moment où l’on écrit ces lignes, la Casablancaise est toujours aussi délabrée. Et ce n’est pas demain la veille que cela risque de changer et la nostalgie de s’estomper. Quoi de plus normal, celle-ci refait toujours surface lorsque le présent n’est pas à la hauteur du passé.
Chady Chaabi