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Les deux ministres entrent en scène, prennent la parole, l’un après l’autre. Le discours est d’abord religieux. Ce ne sont pas des responsables gouvernementaux qui parlent devant un public composé majoritairement de femmes mais des théologiens, des fqihs qui font de la dawa’a et du prosélytisme et prêchent en utilisant outrageusement leurs responsabilités gouvernementales, Les références sont d’abord religieuses. Les deux dirigeants du PJD évoquent les portes du paradis, le statut de l’orphelin dans le Coran et la tradition du Prophète, la solidarité en Islam. Les deux ministres citent des versets du Livre saint pour renforcer leurs propos, un peu comme s’ils tenaient leur légitimité de l’Islam et non pas des urnes, de la méthodologie démocratique, des dispositions de la nouvelle Constitution.
Les deux ministres promettent en plus du paradis à ces femmes et hommes de bien, bénévoles de cette association dédiée au social, les prochains fruits de l’action du gouvernement Benkirane. « Nous sommes là pour régler les problèmes, redistribuer de manière plus juste, lutter contre la pauvreté, rendre justice aux Marocains ! Nous sommes là pour soutenir une association comme la vôtre», affirme un Choubani en campagne. « Nous sommes là pour aider les orphelins qui sont proches du Prophète », renchérit le ministre délégué au Budget, décidément loin, très loin des contraintes et du déficit budgétaire, des lignes de crédit, des inquiétudes du FMI. La machine de la récupération politique était soudain en marche. Plus rien ne pouvait l’arrêter, sinon l’appel à la prière d’Al Maghrib que les deux hommes se sont empressés d’aller accomplir sitôt leurs discours terminés. Ce vendredi soir, ces deux figures du parti des islamistes au pouvoir ont donné à voir l’étendue de leur savoir-faire en matière d’entrisme, de phagocytage, d’instrumentalisation de la religion. La présentation du bilan des actions de l’association dont les deux ministres étaient les convives a été reléguée loin derrière. L’événement, c’était eux, leur présence, leurs discours truffés de références religieuses. Modestes, ils resteront jusqu’au dîner pour goûter aux plats préparés par ces veuves sorties de la détresse. L’on en saura un peu plus, ce soir-là, sur les méthodes du PJD et de ses ouailles qui a fait du réseautage sa spécialité. A l’évidence, ils avaient réussi à se faire des adeptes dans le réseau de cette association. A cette rencontre organisée par cette association qui a pignon sur rue à Rabat, MM. Choubani et Azami El Idrissi ne se sont pas comportés en responsables gouvernementaux et encore moins en hommes politiques. Ils se sont faits aussi et surtout prêcheurs. Dans leur quête du paradis, ils étaient à l’évidence à la pêche aux voix. Et il faut sérieusement s’en inquiéter.