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La ligue féminine américaine de football mise sur l'effet Coupe du monde


Libé
Jeudi 1 Août 2019

D'un côté, une équipe nationale championne du monde, de l'autre, une petite ligue professionnelle qui surnage dans l'anonymat; après le nouveau sacre du 7 juillet, le football professionnel féminin aux Etats-Unis veut capitaliser sur l'effet Coupe du monde et prendre son envol économiquement.
Il y a déjà plus d'une demi-heure que le match est terminé et les joueuses du Sky Blue FC, l'un des clubs de la National Women's Soccer League (NWSL), continuent à signer calendriers, programmes et posters que leur tendent des centaines de jeunes fans alignés le long de la balustrade.
"Changer la vie des gens. Aller au contact, signer des autographes, prendre des selfies. Une enfant voit ça. Waow, je viens de faire un selfie avec Carli. Je veux revenir (voir un match). Le but, c'est ça", explique Carli Lloyd, championne du monde pour la deuxième fois il y a trois semaines.
Le petit Yurcak Field, dans le New Jersey, où évolue le Sky Blue FC à domicile, a affiché complet mercredi pour la première fois de la saison, à l'occasion du retour de Carli Lloyd dans l'effectif, soit 5.000 spectateurs.
A Portland, Seattle et Chicago, des records ont même été battus, la rencontre Portland-Houston du 24 juillet réunissant 22.329 spectateurs.
"Parfois, en NWSL, vous ne jouez pas devant de gros publics, donc c'est génial de vivre deux matches complets de suite", explique la milieu championne du monde Rose Lavelle, qui joue pour le Washington Spirit.
Beaucoup des personnes interrogées venaient voir le Sky Blue pour la première fois, comme PJ Petrow, qui entraîne des filles depuis 25 ans.
Ses joueuses étaient invitées à accompagner les joueuses professionnelles sur le terrain avant le match, mais "je serais venu de toute façon parce qu'après la Coupe du monde, tout le monde est enthousiaste", dit-il.
"Elles ont déjà gagné, mais..." l'élan est à chaque fois retombé, lâche Tracy Difilipantonio, habituée des matches du Sky Blue. L'équipe nationale compte, en effet, déjà quatre Coupes du monde.
"On ne peut pas présager de l'avenir", reconnaît Carli Lloyd. "La chose la plus importante, c'est de faire savoir aux gens que nous avons une ligue. (...) Le nouveau contrat télé ne peut qu'aider".
En pleine Coupe du monde, le réseau câblé ESPN a en effet annoncé qu'il retransmettrait 14 matches d'ici la fin de la saison.
Un gros coup pour la NWSL, qui avait vu le groupe A&E, diffuseur mais aussi actionnaire de la ligue à hauteur de 25%, se retirer brutalement en début d'année.
Lors de la diffusion du match Chicago-North Carolina, le 21 juillet, la NWSL a réuni 149.000 téléspectateurs en moyenne, sa meilleure audience depuis 2016.
Autre signe encourageant, le brasseur Budweiser a annoncé, le jour de la finale de la Coupe du monde, un partenariat pluriannuel avec la ligue féminine et dit vouloir soutenir le football féminin en continu.
"Il y a de l'intérêt autour de la ligue et les sponsors veulent en être", se félicite Theresa Ferguson, directrice de la marque NWSL au sein de la ligue.
"Ce qui est unique en 2019, c'est que nous vivons un changement culturel dans le sport féminin", estime Alyse LaHue, directrice générale du Sky Blue FC, évoquant la lutte pour l'égalité de représentation et de rémunérations avec le sport masculin.
Six ans après sa création, la NWSL est déjà la ligue professionnelle féminine de football à la plus grande longévité, après les échecs de la WUSA (2001-2003) et de la WPS (2009-2013), mais elle demeure fragile.
En 2017, deux équipes ont disparu, faute de moyens, dans une ligue qui n'en comptait déjà que dix (le Utah Royals FC a depuis été intégré).
Encore aujourd'hui le championnat connaît de très fortes disparités en termes d'affluence, et son salaire maximum n'est cette saison que de 46.200 dollars, quand Ada Hegerberg, la star norvégienne de l'Olympique Lyonnais, touche 400.000 euros.
Pour Alyse LaHue, l'élan de 2019 est supérieur aux précédents parce que "nous envisageons les choses collectivement. (...) Il y a beaucoup d'équipes et de propriétaires qui se réunissent avec l'idée que nous sommes à un moment vraiment important et se demandent ce que nous pouvons faire pour capitaliser là-dessus".


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