Le juge a également ordonné l’envoi d’une commission rogatoire aux autorités marocaines afin d’identifier les éléments des Forces auxiliaires qui auraient commis ces exactions.
Une mesure qui a va toucher également la Guardia civil dont le commandement a été sollicité pour identifier ses agents en fonction durant la nuit de l’incident, ainsi que d’établir un rapport sur le protocole d’action suivi ce jour-là et les consignes concernant la manière de contenir les migrants irréguliers.
L’ouverture de ces procédures préliminaires d’enquête a été initiée suite à une plainte déposée le jeudi 7 août par l’Association Andalucia Acoge, la Fédération SOS Racisme et Prodein Melilla. Ces ONG se sont basées sur une vidéo filmée le 18 juin et diffusée par une association espagnole, montrant les Forces auxiliaires marocaines en train de tabasser un migrant sous le regard complice des éléments de la Guardia civil qui suivaient la situation depuis leur voiture sans pour autant intervenir.
Pour l’avocat des trois ONG espagnoles, cette décision du tribunal de première instance et d’instruction du préside occupé de Mellilia va conforter les accusations maintes fois réitérées par les défenseurs des droits de l’Homme, les avocats et les associations œuvrant dans le domaine de la défense des droits des migrants. Pour eux, les forces de l’ordre marocaines et espagnoles s’estiment au-dessus de toutes les procédures juridiques et commettent des violations systématiques des droits fondamentaux sans respect des législations et réglementations nationales et internationales.
Pourtant, l’Association Andalucia Acoge reste sceptique face à une éventuelle collaboration des autorités marocaines notamment au niveau de l’identification des personnes présumées coupables. Des doutes qui sont légitimes au regard du fait que l’instruction est menée par un juge du tribunal de Mellilia. Un point de vue que ne partage pas Maître Allal Bassraoui, avocat au barreau de Khouribga, qui nous a indiqué que le Maroc est signataire de plusieurs accords de collaboration judiciaire avec l’Espagne et que ces accords engagent notamment les présides de Sebta et Mellilia.
Concernant l’enquête en cours, notre source nous a déclaré qu’elle risquerait d’être un peu longue puisqu’il s’agit d’une procédure préliminaire concernant des forces de l’ordre, ce qui exige des procédures spéciales. « Le Maroc est obligé de collaborer mais dans le cadre de la loi et les limites des accords signés en matière de coopération juridique », nous a-t-elle précisé.
Les ONG espagnoles attendent beaucoup de la décision du tribunal de Mellilia puisqu’elle permettra à la société civile d’avancer davantage sur le terrain de la défense des droits humains. Mieux, en cas de victoire, elle servira de jurisprudence en matière d’encadrement de l’action des forces de l’ordre en poste aux frontières.