Ils ont été des centaines à descendre dans la rue dimanche dernier à Tanger, Rabat, Casablanca, Marrakech, entre autres, pour crier leur ras-le-bol face à l’obligation du pass vaccinal. Certains chiffres non officiels évoquent 15 manifestations qui ont pris la forme d’un sit-in ou d’une marche suite à des appels diffusés sur les réseaux sociaux. A l’instar des participants aux manifestions de mercredi dernier, les protestataires ont scandé des slogans appelant à l’annulation du pass vaccinal jugé inconstitutionnel et entravant certaines libertés garanties par la Loi suprême. D’autres ont profité de ces manifestations pour protester également contre la cherté des produits alimentaires de première nécessité et l’envol des prix des carburants. Des protestations qui en disent long sur l’action du nouveau gouvernement installé il y a quelques semaines et sur ses promesses d'améliorer la situation économique et sociale, de lutter contre l'évasion fiscale et la corruption, de maintenir la sécurité, la stabilité et la paix sociale et de réaliser la réforme souhaitée. En effet, et depuis son installation, la nouvelle équipe gouvernementale n’a cessé de multiplier les couacs. L’obligation du pass vaccinal en est la démonstration la plus éloquente puisque l’Exécutif s’est contenté d’un communiqué via la MAP indiquant l’obligation dudit pass pour accéder aux établissements publics et privés. Les initiateurs de cette décision n’ont pas jugé utile ni légitime de passer par l’institution parlementaire où ils disposent, pourtant, d’une majorité confortable ni de consulter l’opinion publique ou au moins de la prévenir quelques semaines auparavant. En fait, et loin d’un débat sur la constitutionnalité d’une telle décision (obligation du pass vaccinal), il y a eu une sousestimation de l’opinion publique nationale et une grande légèreté dans la prise d’une décision à forts enjeux qui risque aujourd’hui de menacer la stabilité et la paix sociale au Maroc. Procéder à entraver la liberté de circulation et d’accès des citoyens dans un contexte de morosité économique, de cherté des matières de première nécessité, d’envol des prix des carburants et de tensions avec certains de nos partenaires économiques et voisins, risque d’altérer davantage un climat social et économique tendu. D’autant plus que le nouvel Exécutif semble n’apporter rien qui vaille et son programme présenté dernièrement n’annonce pas des lendemains qui promettent. La preuve : le projet de loi de finances (PLF) 2022 présenté dernièrement au Parlement. Ce document, essentiel pour le fonctionnement de l’Etat, a été jugé par plusieurs économistes comme ordinaire, sans grandes ambitions et qu’il ne se démarque pas des lois de finances qui l’ont précédé. Pour d’autres, il s’agit bel et bien d’une loi qui s’inscrit dans la continuité puisqu’elle se base sur l’endettement, la fiscalité et les grands projets. Pour ces experts, ce projet ne donne pas à rêver et ne crée pas de nouvelles perspectives, notamment pour les jeunes diplômés. Et ce ne sont pas les 250.000 auto-emplois pour les jeunes et demandeurs d’emploi sans qualifications, en partenariat avec les associations et les coopératives, qui vont donner espoir à la jeunesse et aux familles. En résumé, l’année 2022 ne sera pas celle de rupture avec le gouvernement El Othmani ni celle de transition vers les grandes réformes comme celle fiscale, à titre d’exemple, encore moins celle d’une opérationnalisation effective du nouveau modèle de développement.