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Contredit
En effet, le classement « Orchestra / Les Entreprises du voyage » révèle une baisse marquée de 25,3% des voyageurs français vers le Maroc en juillet 2025 par rapport à la même période en 2024. Cette baisse est plus prononcée que chez des concurrents méditerranéens tels que l'Espagne (-12,3%) ou la Grèce (-14,6%), tandis que certaines destinations comme l'Egypte ou des pays hors Méditerranée gagnent en attractivité. Cependant, l'Observatoire des entreprises du voyage (EDV) classe le Maroc comme la première destination estivale préférée des Français en 2025, avec 38% des agences de voyages le déclarant en tête, devant la Tunisie et l'Espagne. Le baromètre Orchestra note également une progression de 9,7% du volume des affaires touristiques liées au Maroc, soulignant une attractivité continue, notamment pour des villes plus authentiques et culturelles comme Fès. Qui croire donc ?
Complexité
Pour les professionnels du secteur, « les différents chiffres publiés sur la fréquentation touristique française au Maroc en 2025 semblent à première vue contradictoires, mais ils reflètent en réalité la complexité des dynamiques du marché touristique et la diversité des indicateurs utilisés ».
Ils estiment que « cette double réalité traduit surtout la variété des méthodologies statistiques : alors que les données sur les touristes voyageurs concernent souvent un instantané des réservations sur un mois spécifique, les enquêtes auprès des agences et les volumes d'affaires intègrent une perspective plus globale, incluant différents segments de clientèle, des régions variées au Maroc et des modes de consommation touristique variés ».
Dynamisme
Ainsi, expliquent-ils, comparé à ses principaux concurrents méditerranéens — Espagne, Grèce, Tunisie — le Maroc affiche une dynamique favorable. L'Espagne reste leader en nombre mondial de touristes, approchant les 94 millions en 2024, mais subit des baisses ponctuelles dans certains marchés comme la clientèle française, affectée par des phénomènes de sur tourisme et une modification des comportements de dépense. La Tunisie bénéficie cette année d'une forte progression (+22,6% de volume d'affaires en début 2025) grâce à une politique de promotion dynamique et une stabilité retrouvée. Quant à la Grèce, elle enregistre également des baisses dans certains segments, tout en maintenant un niveau élevé d'attractivité grâce à son riche patrimoine.
Le Maroc, quant à lui, capitalise sur sa réputation d'accueil chaleureux, sa connectivité aérienne et la diversité de ses offres — plages, montagnes, patrimoine culturel, villes impériales. Ses efforts pour monter en gamme hôtelière et son positionnement comme carrefour entre tradition et modernité séduisent particulièrement une clientèle française en quête d'exotisme maîtrisé dans un cadre sécurisé. De plus, les Marocains résidant à l'étranger (MRE) et le tourisme intérieur compensent parfois la baisse relative des touristes européens classiques, contribuant à stabiliser et accroître les flux.
Segmentation
Enfin, ajoutent les professionnels, la montée en puissance d'autres destinations, notamment l'Egypte ou certains pays d'Amérique du Nord, traduit une segmentation plus marquée des choix des voyageurs français, qui explorent des expériences variées, plus thématiques ou personnalisées. « Ce contexte invite le Maroc à renforcer sa stratégie d'innovation, de diversification des produits touristiques, et à approfondir sa diplomatie culturelle pour conserver son attractivité face à une concurrence intense et évolutive », suggère l’un des experts du secteur. Notamment dans un contexte marqué par des défis structurels importants : une gouvernance à moderniser, un besoin de formation professionnelle accumulé, des déséquilibres territoriaux avec une concentration trop forte vers quelques villes phares, ainsi qu'une nécessité d'améliorer continuellement l'expérience client et d'intégrer les technologies numériques. Le Maroc doit dépasser les approches quantitatives pour privilégier une croissance qualitative, afin d'assurer la pérennité et la compétitivité de son offre sur le marché européen.
A ajouter l'accueil de la Coupe du monde 2030, co-organisée par le Maroc, qui est perçue comme une échéance majeure, offrant un levier stratégique pour accélérer ces mutations et renforcer la visibilité internationale. La période 2025-2030 s'annonce déterminante pour le positionnement du Maroc comme leader touristique en Afrique et en Méditerranée, sur un segment de clientèle exigeante comme celle des Français.
« Le Maroc demeure une destination majeure de la Méditerranée et l'un des favoris des touristes français, mais face à un marché mouvant, il doit constamment s'adapter aux nouveaux comportements et attentes pour pérenniser sa croissance dans un environnement concurrentiel multiple et segmenté », conclut l’un des professionnels du secteur.
Hassan Bentaleb