L’info, parce que c’en est une : le film marocain de Mohamed Mouftakir «L’orchestre des aveugles» s’est vu récompenser du Tanit d’or au Festival de Carthage.
L’autre info, parce que là aussi, c’en est une : le film tout aussi marocain de Nabil Ayouch, «Much Loved» a été désigné comme meilleur film par le jury du même Festival de Carthage.
Une différence cependant. La première info est relatée sur un ton quasi-triomphaliste par les médias publics alors que la seconde est bizarrement passée sous silence.
Nos télés et radios sont de ce fait bien parties pour avoir la conscience tranquille. Tant pis pour notre gueule, nous autres, chers auditeurs et autres chers téléspectateurs doublés de pourvoyeurs de fonds à l’insu de notre plein gré de ces médias dits publics.
Et alors ? L’essentiel n’est-il pas de trouver grâce auprès du chef Khalfi et du super chef Benkirane ?
C’est cette même tribu qui, faisant fi de tout bon sens et se moquant royalement des règles les plus élémentaires d’une démocratie qui se respecte et par là de la procédure qui s’impose de facto en pareille situation.
Avec ces gens-là, on a de plus en plus du mal à nous comparer à ces pays suffisamment mâtures pour laisser au seul public le soin de se faire une idée bien à lui de toute production.
Toutefois, la gifle la plus retentissante nous est venue de la Tunisie. Ce pays qui avait toujours et depuis feu Bourguiba, une belle longueur d’avance, ne serait-ce que pour ce qui est de la polygamie, entre autres ; malgré une conjoncture des plus difficiles, la Tunisie, dans ses inestimables efforts de chercher à s’extirper des affres obscurantistes léguées par ce que certains, allant vite en besogne, ont cru qualifier de printemps arabe, vient de nous servir un bel exemple de tolérance.
Si nous sommes de tout cœur avec la Tunisie pour que cette page noire de son histoire soit vite tournée, on ne peut pas ne pas nourrir inquiétudes et appréhensions, avec ces gens de chez nous qui ont une conception bien à eux de la culture. Libre à eux qu’un film les effarouche ou que les jambes d’une artiste les excitent outre mesure ou qu’un feuilleton mexicain (et surtout pas turc !!!) les choque … mais qu’ils n’imposent pas toutes ces incongruités, ces absurdités et ces inepties.
Pas évident. Absolument pas ! Y a qu’à voir cette apprentie censeur de la même tribu qui, dans son ardent désir de faire mieux que ses mentors, s’est servie d’un bulldozer pour broyer la culture.