En attendant, les appels à la participation se multiplient. La semaine passée, la Koutla démocratique a appelé les citoyens en âge de voter à suivre le chemin des urnes pour exprimer leur choix. « La participation électorale est la seule manière de renforcer la démocratie », ont expliqué en substance les leaders des trois partis qui composent le Bloc démocratique. Voteront, voteront pas ? C'est la grande inconnue de ces législatives anticipées qui se tiennent 11mois avant la date prévue pour cause d'une réforme de la Constitution réclamée autant par les partis démocratiques que par les protestations de la rue depuis le 20 février dernier. Dans les états-majors partisans, c'est la fièvre des grands jours électoraux. Les militants ont sonné le tocsin de la mobilisation. Le moral gonflé à bloc, les troupes partisanes s'organisent, les yeux rivés vers la victoire.
Les thématiques de campagne défilent, les slogans sont énoncés, les devises brandies. D'une conférence de presse à l'autre, les formations politiques vendent leurs programmes à l'opinion publique. Pour certains, ils sont détaillés, chiffrés, réalistes. Pour d'autres, ils sont aussi vagues, irréalisables, démagogiques. « Pour la construction du Maroc de la citoyenneté », « la dignité maintenant », « la patrie, toujours », etc, les mots d'ordre surgissent pour interpeller l'électeur à qui l'on promet plus d'emploi, plus de croissance, plus de dignité, moins de pauvreté, moins d'analphabétisme, un meilleur climat pour les affaires…
« And the winner is… ». En l'absence de sondages, strictement interdits par la loi -on se demande bien pourquoi, mais ceci est une autre histoire- personne n'est aujourd'hui en mesure d'annoncer, sans trop de risque d'erreur, celui parmi les partis lancés dans la bataille électorale qui se placera sur la première marche du podium. Un site d'information s'y est essayé, il y a quelques jours, en mettant en ligne ses pronostics quant aux vainqueurs de ces législatives. Mal lui en a pris. Le parquet du tribunal de première instance de Casablanca a ordonné l'ouverture d'une enquête…
Mais ce que tout le monde sait par contre -et sans nul besoin d'être grand clerc- c'est qu'aucun parti ne pourra remporter à lui seul les élections.
L'après-25 novembre,
dans toutes les têtes politiques
Chez nous, le mode de scrutin ne favorise pas exactement la rationalisation du champ politique. Un peu comme si la balkanisation était encore un mal nécessaire. Alors pour constituer une majorité, il faut être plusieurs et pas forcément à voir dans la même direction…
Résultat, l'après- 25 novembre est dans toutes les têtes politiques. Il s'est même organisé, des semaines avant le lancement de la campagne législative. Des majorités à venir se forment et déforment. Des coalitions nouvelles apparaissent à grand bruit. D'autres se renforcent et renouvellent leur pacte pour l'avenir. Les uns et les autres sont en ordre de bataille. Les petites phrases font enfin leur apparition. Le leader de l'Istiqlal qui est aussi le chef du gouvernement sortant prévient : il faut que la prochaine majorité soit cohérente et formée de partis politiques indépendants dans leur prise de décision. Dans son programme électoral, l'USFP renchérit : le prochain gouvernement doit être politique pour être fort et homogène.
Dans les médias publics, la campagne électorale, elle, a déjà commencé. Les temps de parole ont été réglementés. Et sur les plateaux de télévision, les débats se suivent et se ressemblent beaucoup. La Haute autorité de la communication audiovisuelle a appelé cela le temps d'antenne -pré-électoral auquel viendront s'ajouter aujourd'hui les capsules des partis. Une communication partisane qui n'arrive pas vraiment ni à se professionnaliser ni à faire preuve de créativité…